Le Spirits European Tour 2024 a débarqué à Paris, et il a tout emporté sur son chemin. Un an et demi après la sortie du dernier album SPIRITS, le quatuor de metal alternatif Nothing More était de passage au Trabendo. On vous raconte.
Siamese
La salle a tout juste ouvert ses portes que SIAMESE, groupe de metal venu de Copenhague, ouvre le bal avec un set très bien ficelé. Les cinq Danois imposent dès la chanson d’ouverture (“The Shape Of Water”) une énergie qu’ils vont maintenir de A à Z. À première vue et à l’écoute, Siamese semble cocher toutes les cases de la scène metal progressif : riffs de guitare écrasants et massifs avec très peu de notes, batterie prédominante, alternance entre un chant scream et clean, nappes d’ambiance, tonalité épique… mais la formation parvient à nous surprendre avec ses parties de violon électrique (dont un solo) et ses couplets de house sur “On Fire”, single de l’album à venir en 2024. Si le frontman a plaisanté en remerciant les “six personnes” du public qui semblaient connaître le groupe avant, il pourra dormir tranquille : avec une performance aussi convaincante, la fanbase française risque de grimper très vite. Ce ne sont pas les plus aventureux de la fosse, qui ont ouvert un (petit) pogo dès la deuxième chanson, qui diront le contraire.
Vukovi
Siamese n’est pas le seul à ouvrir pour Nothing More ce soir. Un peu après 20h, le trio de metalcore écossais VUKOVI vient à son tour tenter de convaincre un auditoire déjà échauffé. Si la performance est à saluer et la prestance scénique de la chanteuse Janine Shilstone au rendez-vous, le groupe semble avoir pâti d’une qualité sonore radicalement altérée. Le son est à la fois trop fort et brouillon, nous empêchant parfois de distinguer les mélodies vocales ou nous surprenant désagréablement avec des variations brusques de volume (surtout de la voix). Certes, le chant est truffé d’effets, d’onomatopées et de rires théâtraux, mais il peine à trouver sa place aux côtés des autres instruments. L’assemblée, moins emballée, lance quand même un pogo sur la toute dernière chanson du set, “La Di Da”, sur demande de la chanteuse.
Nothing More, rouleau compresseur
À 21h10, les lumières s’éteignent, et à la surprise générale, une bande son de “Take Me Home, Country Roads” (John Denver) annonce la couleur… ou pas. La chanson se coupe soudainement pour laisser place aux quatre Américains de NOTHING MORE, sous les applaudissements d’un public enthousiasmé. Et c’est parti pour 1h15 de bangers, de pogos, de cris et de sueur. Du haut de son estrade, enduit de peinture noire, Jonny Hawkins impressionne quel que soit son registre vocal : screams gutturaux, aigus puissants sur presque tous les refrains de la soirée, et même falsetto a capella, comme sur “SPIRITS”. Ses compagnons de scène ne sont pas en reste, et l’énergie qui se dégage de la prestation est contagieuse. Si bien que dès les premières secondes, la fosse saute, se pousse, se rentre dedans. Et l’ambiance ne va jamais redescendre. La multitude de breakdowns ne fatigue pas les fans, qui les voit venir et jubile lorsqu’explosent les excellents riffs de “Don’t Stop”, de “TIRED OF WINNING”, ou encore de “FACE IT”.
L’une des principales caractéristiques et qualités de la musique de Nothing More est sans doute sa capacité à marier avec perfection lourdeur instrumentale et mélodies pop. L’audience n’hésite pas à entonner les refrains de “Go To War” et de “Jenny”, à hurler les “FACE IT” de la chanson du même titre, à aider Jonny Hawkins dès qu’il leur tend le micro. Au milieu de toute cette effervescence électrique, le groupe a quand même prévu quelques moments de répit, avec “I’ll Be OK” et “Fade In / Fade Out”, que le guitariste Mark Vollelunga dédicace à son père et à son fils.
Sans en faire trop, Nothing More sait se connecter à son public. Jonny ne prend que rarement la parole, si ce n’est pour faire la promotion du nouvel album prévu pour septembre dont est extrait “IF IT DOESN’T HURT”. L’équilibre de la setlist est plutôt bien trouvé, même si les fans de première heure regretteront l’absence du premier album, The Few Not Fleeting. Le concert se termine en apothéose avec “This Is The Time (Ballast)”, à la fin de laquelle le chanteur se rapproche au plus près de la fosse et installe deux toms pour une partie percussive courte, mais complètement folle. Le groupe l’avait annoncé, il ne fait pas de rappel, et le choix semble juste pour conserver jusqu’à la fin la dynamique enclenchée dès le premier morceau.
Nothing More au Trabendo, c’est un rouleau compresseur. On en sort lessivés et assaillis d’acouphènes, mais avec la satisfaction d’avoir eu ce pour quoi on est venus.