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OF MONSTERS AND MEN @ Casino De Paris (05/11/15)

Un vent d’Islande soufflait sur la capitale en ce jeudi soir plutôt doux. Alors que Sólstafir prenait place au Trabendo, les Of Monsters And Men investissaient le joli Casino De Paris, accompagnés de leurs compatriotes de Mammút. C’est donc après un concert remarqué, mais un peu timide, au Trianon en juin dernier, que nous retrouvons la joyeuse bande afin de voir ce que donne cette dernière, plusieurs mois après la sortie du deuxième album “Beneath The Skin” et le début de tournée.

En ouverture ce soir, nous avons donc droit au groupe MAMMUT dont le style est assez particulier et ne plait visiblement pas à une bonne partie d’un public semblant étonnamment fermé. La bande évolue dans une espèce de pop déconstruite avec une chanteuse plutôt excentrique dans ses déhanchements et ses cris perçants ponctuant certains passages. Mais en étant un minimum ouvert d’esprit, on est progressivement entraîné dans l’univers des musiciens, et on finit par prendre un plaisir non feint devant une prestation envoûtante et surprenante. La voix de la frontwoman pourra souvent rappeler celle d’une certaine Björk, et la bassiste fera preuve d’un groove entraînant. Mammút aura encore prouvé que les Islandais disposent d’un potentiel artistique unique et plein de poésie, pour le peu qu’on soit disposé à la découverte et qu’on accepte de se laisser emporter.

 

 

C’est devant une salle pleine qu’OF MONSTERS AND MEN prend possession de la scène. Et c’est peu dire puisque les musiciens débarquent en effet à neuf sur les planches au son des premières notes de l’envoûtant “Thousand Eyes”. Ce morceau est une parfaite introduction et permet à la fois à l’assemblée et au groupe (comme le dit la chanteuse Nanna en interview) de rentrer dans le show. La montée en puissance garantit les frissons jusqu’au final qui lance définitivement le spectacle. Les jeux de lumière sont magnifiques, et le fond de scène, qui consiste en une espèce d’écran LED formant des lettres M, est simple mais joli et efficace. La bande est ravie d’être là et dégage une franche camaraderie et une positivité qui fait plaisir, et l’audience ne s’y trompe pas et la lui rend bien. De plus, une réelle sincérité émane des musiciens, chose assez rare pour être soulignée dans une industrie musicale donnant parfois trop d’importance à l’apparence. La troupe, dont la discographie se compose de seulement deux albums, jouera pas moins de dix-sept titres pour un total d’une heure et demie. Là encore, une chose appréciable quand on voit de plus en plus de groupes établis se contentant d’à peine plus d’une heure de jeu. Tous les tubes seront donc joués, pour le plus grand plaisir des fans (et de ceux ne connaissant visiblement que ces morceaux les plus connus).

 

 

La setlist est parfaitement équilibrée, entre compositions joyeuses et entraînantes, et autres titres plus calmes et touchants. D’ailleurs, les morceaux du premier opus et ceux du deuxième se mélangent très bien dans le set, tout comme les voix des deux chanteurs guitaristes, Nanna Bryndís Hilmarsdóttir et Ragnar Þórhallsson, se marient et se complètent à la perfection. Quant aux cuivres, ils apportent un réel plus, et la présence de ces musiciens supplémentaires est totalement justifiée. Il s’en dégage en effet une belle puissance, mais aussi une certaine sensibilité. On pourrait d’ailleurs résumer la prestation du combo en ces termes : fragilité touchante mais puissance maîtrisée. On voit clairement le professionnalisme et la maîtrise du show, mais on sent également une certaine timidité et un côté très humain, comme sur ces moments où le tempo de certains morceaux est légèrement accéléré, la faute sûrement à un réel enthousiasme. Enthousiasme qui aura été palpable tout au long du set, et dont le batteur, debout et motivant la foule à taper dans les mains très régulièrement, en fut une belle représentation.

 

 

Quand vient le temps du rappel, ce dernier débute sur le touchant “Organs”, avant qu’Of Monsters And Men n’enchaîne sur le tube “Dirty Paws” qui voit le public donner de la voix pour les dernières minutes d’un beau concert se terminant définitivement sur le sublime “We Sink”. Une parfaite conclusion, à la montée en puissance et aux frissons garantis, comme un écho à l’introduction.

Malgré les quelques légères imprécisions rythmiques, les jeunes Islandais ont encore prouvé que l’île de glace et de feu recelait de trésors artistiques. Avec seulement deux essais au compteur, et une moyenne d’âge d’à peine vingt-sept ans, OMAM nous a montré ce soir tout son talent et son humilité, se targuant de pouvoir donner la leçon à bon nombre d’artistes bien (trop) installés. Pourvu qu’ils continuent sur leur lancée et dans le même état d’esprit, mais c’est à n’en pas douter. Ils auront en tout cas permis à mille cinq-cent personnes de passer une belle soirée musicale pleine de positivité et de sensibilité, et c’est peu dire que cela fait un bien fou par les temps qui courent.

Setlist :

Thousand Eyes
Empire
King And Lionheart
Black Water
Mountain Sound
Human
I Of The Storm
Backyard
Crystals
Hunger
Wolves Without Teeth
Lakehouse
Little Talks
Six Weeks
—-
Organs
Dirty Paws
We Sink