Cinq ans après leur dernier concert parisien, les pionniers de la synthpop Orchestral Manoeuvres In The Dark étaient de retour dans la capitale pour défendre leur treizième album, “The Punishment Of Luxury” (2017) et faire danser les nostalgiques sur leurs tubes terriblement 80’s.
À l’heure où la très rétro “Stranger Things” règne en maître sur l’univers des séries, où les synthés squattent aussi bien les tubes rock que les instrus rap et où tout le monde se sape en jean délavé taille haute, OMD semble bénéficier de ce revival 80’s. Parmi les quadras/quinquas et au delà qui composent majoritairement la foule, se pressent également des dizaines de vingtenaires. C’est donc face à un public majoritairement grisonnant mais plutôt éclectique qu’ouvre le duo français 2048. Au chant, Hervé Maillot susurrant de sa voix grave et profonde. À ses côtés, Lionel Croissant à la guitare, habillant les instrus électro-pop planantes de grattements de cordes grinçants. Les deux hommes plutôt discrets, instaurent une atmosphère toute en dualité, à la fois aérienne et pesante, entre lumière et obscurité. Une très classieuse entrée en matière.
20h45 n’a pas encore sonné quand la salle est plongée dans la pénombre. Le ton est immédiatement donné alors que s’élèvent les sons de synthés du très Kraftwerkien “Art Eats Art”, se transformant progressivement en “La Mitrailleuse”, tout deux extraits du dernier album de ORCHESTRAL MANOEUVRES IN THE DARK. Et quand Andy McCluskey et Paul Humphreys débarquent finalement sur scène, c’est toujours en faisant la part belle à “The Punishment Of Luxury”. Venus sans le reste du groupe, les deux fondateurs imposent leur patte avec les très atmosphériques et expérimentales “Ghost Star” et “Isotype”, Paul Humphreys derrière son clavier et Andy McCluskey, arpentant le devant de la scène. Mais vite, le groupe remonte dans le temps. “Vous avez mis vos chaussures de danse ?”, demande le chanteur alors que l’assemblée ondule tranquillement sur les rythmes enjoués de “Tesla Girls”, “Messages” et “Forever (Live & Die)”. Plus sombre sur les morceaux récents, l’éclairage explose de milles couleurs fluo sur les tubes old school, donnant au tout un air de soirée rétro. Retraçant près de quarante ans de carrière, le duo distille sa dernière fournée de morceaux parmi ceux de ses douze autres albums. La soixantaine a beau guetter les deux compères, ils ont toujours l’air de prendre du plaisir à jouer ensemble et à échanger des blagues. Quand il n’est pas à la basse, Andy McCluskey balance ses bras dans tous les sens et va au contact des premiers rangs. Paul Humphreys, un poil moins charismatique que son bandmate mais avec une voix toute aussi impeccable, laisse parfois son clavier aux mains du vocaliste pour prendre le micro et le devant de la scène. “Il y a longtemps, nous étions un groupe électro super cool. Puis on a vendu notre âme à Hollywood et tous les fans européens nous ont détestés. Mais on s’est fait plein d’argent !”, plaisante le chanteur avant d’embrayer sur “If You Leave”.
Après s’être attardé sur “Architecture & Morality” (1881) avec le tryptique éthéré particulièrement réussi “Secret”, “Joan Of Arc” et “Maid Of Orleans”, OMD redonne à tout le monde une excuse pour se dandiner sur “So In Love” et “Locomotion”. “Les morceaux intelligents, c’est fini. Maintenant, ce n’est plus que de la pop pour danser !”, s’exclame Andy McCluskey après la très actuelle “Punishment Of Luxury”. Les premières notes de l’indémodable “Enola Gay” font surgir smartphones et pas de danse douteux, faisant finalement danser la salle entière, malgré un léger raté de Paul Humphreys.
Pas question de laisser sur sa faim un auditoire décidé à danser, c’est donc en tapant dans les tubes que OMD décide de finir la soirée après un rapide passage en coulisses.” Pandora’s Box” déclenche trémoussements et chants insouciants, tout comme “Secret”, ajouté au dernier moment à la setlist à la demande d’un fan lors des soundchecks. L’hyperactif tube “Electricity” donne une dernière occasion à tout le monde de s’agiter convulsivement et c’est en promettant de revenir vite à Paris, accompagné du reste de la formation cette fois, que le chanteur referme cette faille temporelle dansante et colorée.
OMD s’est donné pour mission de faire danser le Bataclan pendant plus d’une heure trente et c’est plutôt réussi. Certains morceaux de la bande mériteraient un dépoussiérage, mais ce doux mélange d’électro planante et de tubes pop ultras dansants a offert une jolie parenthèse d’insouciance et de nostalgie, et ça ne peut que faire du bien.
Setlist :
Intro (Art Eats Art/La Mitrailleuse)
Ghost Star
Isotype
Messages
Tesla Girls
History Of Modern
One More Time
Forever (Live & Die)
If You Leave
Souvenir
Joan Of Arc
Maid Of Orleans
Talking Loud And Clear
What Have You Done
So In Love
Locomotion
Punishment Of Luxury
Sailing On The Seven Seas
Enola Gay
—-
Pandora’s Box
Secret
Electricity