La coquette salle, un brin pompeuse, du boulevard Rochechouart accueille ce soir Orchestral Manoeuvres In The Dark, aka OMD, créateurs d’hymnes électriques universels tels que “Enola Gay”, “Electricity” ou “Souvenir”. Comme en 2010 où ils étaient passés par Paris pour promouvoir “History Of Modern”, les britanniques reviennent à l’occasion de la sortie de leur nouvel album “English Electric”.
Alors que l’ambiance musicale de la salle est à l’heure de l’électro rétro, un premier rang déjà serré de quinquas et quadras s’est déjà constitué. Ils ont fait des achats et arborent fidèlement T-shirts, sacs et programmes aux couleurs du dernier disque d’OMD. Parmi eux, un groupe d’enfants d’une dizaine d’années semblent aussi impatients d’applaudir les anglais. Ponctuels, à 20h pile, le trio WAITING FOR WORDS s’installe derrière ses synthés. Goths mais souriants, ils semblent avalés par le grand rideau noir qui se gonfle comme une voile derrière eux. Timidement, les deux musiciens font des chœurs tandis que le chanteur se démène sur une sombre électro pop. Bienveillant, le public participe et les claps fonctionnent dès le départ, comme lorsque se glisse parmi leur set une plaisante et appropriée reprise de “Let Me Go”, un classique d’Heaven 17. A l’issue de cette performance un peu maladroite mais plutôt sympathique, ils lancent quelques disques avant de quitter la scène.
“Your attention please!” : il est 21h lorsque notre attente est interrompue par la voix moelleuse d’une hôtesse de l’air. C’est l’intro de “Please Remain Seated” qui ouvre aussi le dernier album de ORCHESTRAL MANOEUVRES IN THE DARK (OMD). La scène est structurée de bandes obliques bicolores, façon chantier urbain et des panneaux de tissu de différentes longueurs descendent du plafond : un côté rayé noir et argenté et une face blanche pour recevoir des projections vidéos, notamment des images de barreaux, lignes, ou rayons dans le ton du style visuel très graphique du groupe. Et ils sont là, très chic : Malcolm Holmes à la batterie, Martin Cooper derrière son clavier en hauteur et à gauche, Paul Humphreys derrière le sien à droite, et enfin Andy McCluskey au micro. Les deux premiers titres sont extraits, dans l’ordre, de “English Electric” puis ils envoient le gimmick entêtant de “Messages”. La salle, qui n’est pas totalement remplie, et c‘est dommage, répond à l’enthousiasme communicatif du dynamique Andy en chantant et dansant. “Monsieur Humphreys, ici s’il vous plait !”. Costume sombre et cravate grenat, c’est au tour du doux et un peu précieux Paul d’aller sur le devant de la scène pour revenir au vintage après quelques titres récents. Il interpréte de sa particulière, et légèrement nasillarde, voix “Forever Live And Die”, comme il le fera un peu plus loin pour le beau et mélancolique “Souvenir”. Parfois, Martin Cooper prend un saxo pour un solo comme sur “If You Leave”, car les gars n’ont pas peur d’affirmer leur style très eighties. Andy annonce en français une chanson pour le peintre Edward Hopper et c’est “Night Café”, encore un nouveau morceau qui s’inscrit parfaitement dans le son historique d’OMD. En nage, McCluskey y joue de la basse, ce qui l’oblige à faire une relative petite pause dans les mouvements de danse très physiques avec lesquels il arpente la scène de long en large depuis le départ : il balance ses membres dans tous les sens avec une énergie incroyable. Voilà les sons magnétiques de Jupiter pour introduire “Our System”, les voix robotiques qui égrènent les mots “I want a house and car and a robot wife” pour “Kissing The Machine”, ou le son de steel drum pour “Sailing On The Seven Seas”. La soirée est au beau fixe contrairement à la météo, ce qui nous vaudra une clin d’œil d’Andy qui annonce, assis devant le bord de la scène, “A song for the beautiful summer we’re having” juste avant d’entonner “Talking Loud And Clear”. Ils ont une pêche incroyable, sourient et plaisantent comme des gamins comme lorsque Andy fait le baise-main à une dame du premier rang ou bien se moque de ceux qui ont installé leurs pieds sur le rebord du balcon; car il faut se réveiller pour danser avec eux sur leur tube de 1985 “So In Love” ! Ils ont gardé “Enola Gay” pour la fin, le thème tourne et Andy remercie tout le monde puis y plaque ses notes de basse et la version est vivante et hyper tonique. Après une brève sortie de scène, retour des quatre pour deux titres en rappel jetés en pâture aux aficionados de la new wave que nous sommes : “Secret” et l’ultra efficace “Electricity”.
Une heure quarante de spectacle et une setlist comparable, mais très différente d’il y a deux ans et demi. Ils ont le bon goût d’éviter de ne jouer leurs succès qu’au rappel, mais de toute façon, ils en ont tellement, qu’ils peuvent les égrener tranquillement de bout en bout. Vingt deux morceaux en tout, dont huit tout de même sont extraits des deux derniers albums, avec des voix qui sont toujours si impeccables, suaves et claires, sur les notes un peu acides des synthétiseurs. OMD est un groupe qui ne renie pas son passé et prouve qu’on peut continuer à avancer sans chercher à coller aux modes d’une époque qui, de toute façon, seront chassées pour une autre. Ces types ont inventé leur propre son et ont créé des thèmes mythiques qu’ils nous ont joués ce soir avec plein de bonne humeur et pour notre plus grand plaisir. Synthpop forever!
Setlist :
Please Remain Seated
Metroland
Messages
Tesla Girls
Dresden
History Of Modern (Part 1)
(Forever) Live And Die
If You Leave
Night Café
Souvenir
Joan Of Arc
Maid Of Orleans
Our System
Talking Loud And Clear
Kissing The Machine
So In Love
Sister Marie
Locomotion
Sailing On The Seven Seas
Enola Gay
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Secret
Electricity
Crédit photos : Virginie Schmidt