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ORCHESTER @ Nouveau Casino (13/06/11)

Aux pays des révélations les plus stimulantes des trois dernières années, ZeM et Orchester sont rois. Nos deux poulains paraissent s’opposer à tout point de vue : ZeM est un auteur- compositeur-interprète qui, accompagné de son groupe, partage un rock fédérateur entre sensibilité folk et sensualité funk, tandis que les membres d’Orchester produisent de la musique à la frontière entre trip hop, rock et hip hop. Deux identités distinctes, et pourtant un point commun : ils défendent leurs deuxièmes albums respectifs avec la même générosité et la même rage. Le 13 juin, ils ont offert au public du Nouveau Casino des performances live très attendues. Nous nous sommes rendus à cette rencontre entre un public en quête d’une certaine fraîcheur et des artistes prêts à leur transmettre leur énergie.

 

C’est face à un public timide et peu enthousiaste que ZeM présente “Freedom Machine”. A 20h, la salle se remplit encore lentement, alors que l’artiste et ses musiciens font leur entrée sur scène. Le concert commence par une introduction originale : chaque membre au look hippie- le claviériste, le bassiste, le guitariste et le batteur- entre et joue de son instrument, le tout formant une étrange musique de fête foraine. Peu de temps après que le dernier musicien soit installé sur scène, ZeM arrive, souriant, en marcel jaune et bretelles. En bon pilote d’avion, ou en tant que Monsieur Loyal, il nous invite à un voyage au sein de la “Freedom Machine”. Une fois que le cadre posé, le concert débuta avec “Crazy”. Groovy, funky, sexy, mais toujours jouées avec classe et énergie, les chansons du premier et du deuxième opus s’enchaînent, tandis que ZEM tente de motiver un public peu réceptif. Sur “Make Me Pay”, l’Homme au déroutant franglais fait beaucoup d’efforts pour interagir avec les spectateurs. ZeM nous demande même si “Ca vous dérange si je me calme un peu et joue une petite chanson d’amour ?” (en français) afin d’introduire “Can’t Stand”. Au moment où commence l’engageant “Watch Your Step”, le public se tient toujours à un mètre et demie de la scène. La musculature très développée du chanteur impressionne-elle la foule ? Lui-même, hors de contrôle, s’agite, se trémousse, alors que son guitariste électrifiant et possédé enclenche sa pédale wawa et joue le solo final de la chanson. Cela dit, le sieur Zemmour est un sentimental. C’est avec émotion qu’il rappelle qu’il était venu présenter son premier album, “Heavy Duty Burdens”, en ce même lieu, avant d’enchaîner “How Come”, passionnément. Plus tôt, il avait même dédicacé “Drag’n Me Down” à son groupe. Enfin, après “Sixteen Lovers”, (ZeM : “soyons sexy”), “Freedom Machine” et “Save Me”, sur la même musique foraine que celle qui a servi d’introduction, ZeM annonçe la fin du voyage et sort en premier, suivi par ses musiciens.

 

 

Si le set de ZeM a des allures de première partie, les choses sont tout autres en ce qui concerne Orchester. Dès son entrée dans une atmosphère inquiétante, la formation trip hop est ovationnée. Après quelques “Orchesteeeeeer !” lancés çà et là, départ avec “Le Jeu De l’Oie”, premier morceau du deuxième album d’Orchester, “The Craftsmen”. Enveloppantes, baignant dans une lumière diffuse, Faustine (chanteuse) et Anne-Laure (au violon) portent d’intrigantes capuches noires, entourées de quatre musiciens prêts à en découdre. Cette introduction portée par une chanteuse charismatique lia pour une heure de partage le groupe au public. Celui-ci, en transe particulièrement pendant l’interprétation de “Pooch”, accueille avec enthousiasme cette interaction musicale. En effet, les membres d’Orchester présentent les chansons de leur premier et de leur dernier effort studio dans des versions adaptées à la scène : ligne de basse vibrante et chaotique, violon dingue et maîtrisé, guitare (jouée par Matthieu, membre fondateur d’Orchester) écorchée, percussions souples et lourdes à la fois, chant doux (“Sing To Me”), impulsif (“Victoria”), rappé, emporté par la rage. La tension retombe pendant les deux duos du nouvel album, “The Favorite” et “Fall”… mais pas pour longtemps : fixée sur ressorts, Faustine captive l’auditoire, alors que les musiciens balançent. Au bout d’une heure de performance, le groupe s’en va sous la nuée d’applaudissements d’un public très satisfait. Premier rappel, deuxième rappel… et là, surprise : Orchester nous offre une étonnante reprise du mythique “Kashmir” de Led Zeppelin.

 

 

En terminant leur live sur cette note, Orchester s’est imposé en tant que groupe de scène, éclipsant l’excellente performance de ZeM et laissant les spectateurs sous le choc de cette révélation.