Dimanche soir, le Petit Bain s’est transformé en véritable sauna. Pour ceux qui en avaient marre, qui étaient fatigués, c’était l’occasion de patauger dans le bonheur musical le temps d’une soirée.
Cette dernière s’ouvre sur la performance des Français de OUR THEORY, lesquels avaient déjà partagé la scène avec Our Last Night lors du dernier Damage Festival. Si le public ne semble pas réceptif dans un premier temps, il faut se méfier de l’eau qui dort. Lorsque le frontman lance un “est-ce que vous en voulez encore ?”, la salle commence à bouillonner : chacun se met à sauter, crier, avant de se risquer sur un wall of death demandé par le chanteur. Ce dernier sollicita ensuite “on va avoir besoin de vous pour retourner le Petit Bain”, qui recevra une réponse favorable. Ce ne sera donc pas une douche froide pour les Parisiens ce soir-là, puisque le plaisir était présent des deux côtés. Enfin, c’est notre théorie !
Les seconds à faire le grand saut sont les musiciens de PALISADES, pour leur premier passage en France. Immédiatement, le sol d’eau se met à vibrer au rythme des sauts qui ne se feront pas attendre longtemps. Leur musique est un véritable brassage des genres : outre le mélange de musique électronique et metal, il est possible de distinguer derrière le chant en anglais, un rap en français. Les claquements de mains accompagnent les artistes qui semblent être comme des poissons dans l’eau. Mais après toute cette agitation, le vocaliste s’assure que personne n’ait bu la tasse : “who’s drinking tonight?”, avant de prendre un bain de foule et partir de scène.
Mais il est déjà temps d’entrer dans le grand bain, et de laisser la place à OUR LAST NIGHT. L’introduction de “Same Old War”, et le premier à se jeter à l’eau est Tim qui, à peine installé sur sa batterie, percute les premières notes, sous les cris ravis de la foule. Le Petit Bain est désormais à remous. Cette chanson noue le premier lien entre la formation et l’audience. En effet, le refrain est repris en chœur et l’énergie positive qui se dégage de cette communion semble imager à merveille le “stay strong, keep moving, can’t let the darkness blind us. Carry on, we’ll be the ones that pull the stars down to us” chanté par Trevor. Ce soir est désormais placé sous le signe de la force, celle que leurs chansons apportent. Il ne sera plus question de faiblir, mais d’apprendre d’eux, ensemble. Et justement, “Age Of Ignorance”, arrivant juste après, entreprend ce travail en incitant à ne plus se laisser dominer par une société corrompue. Ils nous lavent de notre ignorance, et incitent à prendre contrôle de nos vie, avec “Fate”. La salle est chargée d’une forte émotion, de cohésion, de compréhension, et d’échange. Il est alors temps de purger les passions : “Dark Storms” fera exposer la fosse en circle pit, qui recevra une pluie d’eau de la part du staff. L’enthousiasme est à son comble, il s’agit vraiment d’une soirée pour se lâcher. Trevor demande de garder les mains levées, et de continuer dans cette ambiance sans rien lâcher. Ses prières sont exaucées, et après “Reason To Love”, un “holy Sh*t Paris, I F*cking love you” lui échappera. Puisque l’humour est la spécialité de la bande, et que ce dernier guérit les maux, les garçons s’essaieront à un peu d’humour en plaisantant sur les progrès de la technologie lorsque Trevor se filme pour sa famille, puis en se taquinant à propos du temps que cela mettait à travailler sur une chanson, et cela est sans compter sur l’innombrable quantité de grimaces offertes gracieusement par Woody lors de tout le show. A ce stade du concert, le lien qui s’est créé semble indestructible, invincible. Avant de présenter la nouvelle chanson “Home”, les musiciens nous confient leur bonheur de jouer à Paris, qui est “comme leur seconde maison”, et qu’ils allaient justement revenir dans cette maison en octobre prochain (ce qui était jusque-là supposé être un secret). Cette communion, cette force aura effectivement fait descendre les étoiles à nous, durant “Sunrise” : les briquets, les lampes de poches, téléphones portables ont illuminé la salle. D’une seule voix, le Petit Bain chante alors qu’il “n’ira pas dans sa tombe maintenant qu’une différence a été faite”, et cela a quelque chose de magnifique, de profondément émouvant. La soirée se termine sur “I’ve Never Felt This Way”, dont le titre semble boucler le processus apparemment cathartique du set. Il y a eu un renouveau grâce à leur musique. La positivité des garçons, leur proximité avec leur public, et tout l’amour qu’ils ont à leur communiquer, sans compter la profondeur des textes, auront sans doute allégé plus d’un cœur ce soir-là, et peut-être sauvé quelques personnes d’une éventuelle pente descendante. Certains ne se sont peut-être même jamais sentis comme ça auparavant.
Notre dernière nuit au Petit Bain aura donc été revigorante, vivifiante, purifiante, et emplie de chaleur humaine et sentiments profonds. Nous nous sommes lavés de nos problèmes, du moins le temps d’une soirée. Cependant, comme tout passage à la piscine, une bonne douche devait s’imposer en sortant !
Setlist :
Same Old War
Age Of Ignorance
Fate
Dark Storms
Reason To Love
Skyfall
Invicible
Home
Dark Horse
Liberate Me
Sunrise
—-
Falling Away
I’ve Never Felt This Way