Un an et demi après son dernier passage parisien au Cabaret Sauvage, c’est à l’Olympia que Palaye Royale s’attaque ce soir pour son Death Or Glory Tour, célébrant le dernier disque des frères Kropp. Un rendez-vous placé sous le signe du punk, du glam et de l’amour.
I See Stars
Palaye Royale a prévu non pas une, mais deux premières parties ce soir. Dans un style complètement différent de son hôte, I SEE STARS réveille cependant dès 20h corps et esprits. Son electronicore (mélange de metalcore et d’electronica) envoie breakdowns, screams et riffs sauvages pendant vingt-cinq minutes, portés par une énergie contagieuse, surtout de la part de Devin Oliver, le chanteur, qui, vêtu de cuir et de perles, n’a de cesse d’arpenter la scène tantôt en courant, tantôt en tournant sur lui-même. Si l’ouverture d’un wall of death ne récolte qu’une réponse timide de la fosse, le groupe peut compter sur celle-ci pour sauter au rythme de la batterie et même sur certains connaisseurs présents pour entonner quelques refrains. Après avoir été initié par Devin Oliver, le public n’hésite pas à rugir les “SPLIT” de la chanson éponyme, dernier single paru en 2024. Malgré des faiblesses au niveau du son, surtout au début, les Américains livrent un show dynamique et entraînant. Leur promesse d’un passage parisien en 2025 fait réagir plus d’un.
Hot Milk
Rares sont les premières parties capables de susciter un tel engouement de la part d’un public impatient, et pour une partie déjà présente depuis deux heures. Mais HOT MILK a montré ce soir que son punk rock complètement déjanté n’avait peur de rien. Intimidés ni par la taille ni par la réputation de l’Olympia, les Mancuniens déboulent sur scène à 20h45 et se l’approprient avec l’aisance d’une tête d’affiche. Il faut surtout saluer l’énergie indomptable de Hannah Mee, au chant, qui captive la foule tant par ses invectives que par sa voix saturée. Ses compagnons de scène ne sont pas en reste, et les riffs effrénés s’enchaînent au fur et à mesure que l’audience s’agite; si bien qu’à la fin, Mee n’a même plus besoin de réclamer les pogos pour que ceux-ci se forment. Mee et Jim Shaw se répondent habilement au chant, et ce dernier propose aussi quelques solos électrisants. La complicité entre les musiciens est évidente. Hot Milk nous quitte trop vite, malgré une fin de concert chaotique : la formation est forcée de s’arrêter au beau milieu d’une chanson pour un mystérieux problème de batterie et décide de jouer une autre sélection de sa discographie. À peine celle-ci commencée, Hannah Mee signale une altercation dans la fosse, et la sécurité doit réagir pour sortir quelqu’un de la salle. Heureusement, les Britanniques renvoient une dose de refrains et de riffs généreusement vitaminés pour les deux chansons finales.
Palaye Royale, entre punk et amour
C’est par une porte incrustée dans le décor que les frères Kropp et leurs musiciens de tournée font leur entrée. Enfin, deux frères sur trois, puisque PALAYE ROYALE doit se passer de la présence d’Emerson Barrett ce soir, remplacé à la batterie. La jauge d’énergie frôle les 100% dès les premières chansons : “Nightmares” fait rapidement bondir l’audience, et “Death Or Glory” confirme la bonne réception de la dernière production du groupe. Toute la soirée, les fans accueillent anciennes et nouvelles chansons avec le même engouement (“Just My Type”, “Dark Side Of The Silver Spoon”, “Showbiz”, “For You”). Seule “Ache In My Heart” semble tomber un peu à plat, sans doute à cause de son manque de relief en live.
Au chant, Remington Leith impressionne par la saturation naturelle de sa voix, élément essentiel de la marque sonore de Palaye Royale, mais aussi par ses qualités de showman, à travers ses multiples interactions avec la salle. Il s’approche une première fois de la fosse sur l’entraînante “You’ll Be Fine” avant de grimper sur une pile d’enceintes et d’en sauter. Sur “Showbiz”, il s’élance sur un bateau gonflable porté par le public. Il arrose celui-ci d’un pistolet à eau pendant “Fucking With My Head” et bondit en plein dans la fosse – cette fois-ci sans bateau gonflable – pendant la célèbre “Mr. Doctor Man”, clôturant le set. À la guitare, son grand frère Sebastian Danzig se charge plutôt de la communication verbale. Après la romantique “For You”, accueillie par un tifo de cœurs rouges organisé par les fans, il les remercie en les informant qu’elle avait d’abord été retoquée par le label. Les moments de communion ne manquent pas, en témoignent les allers-retours entre la scène et la fosse des gigantesques ballons gonflables lancés pendant “Just My Type”, ou les multiples refrains que Leith laisse les spectateurs entonner (“No Love In LA”, “Fever Dream”, “Mr. Doctor Man”).
Les quatre albums de la formation sont représentés ce soir, et avec eux, la palette de couleurs musicales que Palaye Royale est capable d’explorer. De leurs refrains les plus emphatiques et pop (“You’ll Be Fine”, “Just My Type”, “Showbiz”, “For You”, “Mr. Doctor Man”) aux passages les plus groovy (“Death Or Glory”, “No Love In LA”, “Dark Side Of The Silver Spoon”, “Lonely”) et heavy (“Nightmares”, “Fucking With My Head”), en passant par des ballades plus épiques (“Fever Dream”, “umakemenotwannadie”), toutes les émotions sont permises ce soir. Vraiment toutes : juste avant le rappel, pendant “umakemenotwannadie”, Leith demande à sa copine Emily Hoszowski de le rejoindre sur scène. Après lui avoir déclaré son amour, il s’agenouille et la demande en mariage devant une multitude de regards embués. Son frère les rejoint pour une accolade et les fiancés quittent la scène, suivis par des exclamations et des applaudissements.
Malgré quelques regrets du point de vue de la setlist expliqués par une durée de concert raccourcie (l’absence de “Little Bastards”, de “Oblivion”, de “Broken” et de “Addicted To The Wicked & Twisted” par exemple), Palaye Royale signe une performance réussie. Comme rappelé par Leith lui-même, de son premier passage parisien au Supersonic en 2018 à l’Olympia en 2024, le groupe peut se targuer d’avoir su entretenir et faire fructifier sa relation avec son public francilien. En témoigne le niveau d’énergie de la soirée, entretenu autant par le groupe que par l’auditoire.