ReportsSlideshow

PANTERA @ Adidas Arena (15/02/25)

C’était l’une des grandes surprises du Hellfest 2023 : la reformation de Pantera. Deux ans plus tard, les Américains sont de retour en France pour un concert à l’Adidas Arena, inaugurée lors des Jeux Olympiques de Paris 2024. Si les débats autour du line up continuent d’agiter les fans, une chose est certaine : l’excitation est à son comble. Il faut dire que le dernier passage des Texans dans la capitale remonte à un quart de siècle !

King Parrot : le bouffon du roi

19h tapantes. KING PARROT ouvre le bal avec un mélange de thrash et de grindcore sans concession. Signé sur le label de Phil Anselmo, les Australiens auraient pu profiter de cet avantage pour s’attirer les faveurs du public. Raté. La fosse, clairsemée, peine à s’échauffer, et les gradins restent statiques. Le son, plutôt brouillon, noie les guitares sous un capharnaüm sonore, rendant l’ensemble assez chaotique. Et ce ne sont pas les provocations du frontman, Matthew Young, qui risquent d’inverser la tendance. En dépit de son énergie, on ne retiendra pas grand chose de la demie-heure de set de King Parrot. Surtout pas le fessier de son chanteur.


Power Trip : entre hostilité et intensité

On se rapproche un peu plus de Pantera avec les Texans de POWER TRIP. De retour après la disparition tragique de Riley Gale en 2020, le quintette déploie son crossover thrash avec une hargne qui force le respect. Dès les premiers riffs, la foule répond, et la fosse explose. Le son, bien plus net et équilibré, met en valeur les guitares incisives et les mid tempo écrasants. Seth Gilmore, habité, n’essaie pas de faire oublier son prédécesseur, mais impose son énergie avec une aisance naturelle. Dans les passages plus punk et chaotiques, les Texans sont au sommet de leur art. La formule est certes éprouvée, mais elle a le mérite d’être terriblement efficace. Véritable rouleau compresseur, Power Trip laisse un public survolté avant l’arrivée des patrons.

Pantera : un héritage assumé

Depuis sa résurrection inespérée en 2022, le retour de PANTERA divise la communauté metal. Avec Phil Anselmo (chant) et Rex Brown (basse) aux commandes, le groupe s’appuie sur Zakk Wylde (guitare) et Charlie Benante (batterie) pour faire revivre son héritage. Deux proches des frères Abott, plus que légitimes. Ce soir, ce Pantera 2.0 doit prouver qu’il est plus qu’un tribute band de luxe. 21h. Les lumières s’éteignent, et l’Adidas Arena tremble sous une ovation tonitruante. Sur les écrans, Dimebag, Vinnie et les tournées d’époque ressurgissent dans un montage d’archives. Le ton est donné, les deux frères seront évidemment de la partie ce soir. Après l’émotion, la déflagration : l’immense backdrop aux lettres saignantes de Pantera tombe et l’introduction de “A New Level” explose. La fosse devient un champ de bataille alors qu’Anselmo, pieds nus, harangue la foule avec son charisme de redneck bourru. Souvent critiqué sur ses récentes prestations, le frontman a beaucoup de coffre ce soir, et sait tenir son public. Et ce malgré une pointe d’arrogance qui prête à sourire.


L’ivresse (de la jeunesse) en moins

L’écran central balance des animations souvent kitsch, éclipsées par les écrans latéraux qui captent l’essence du show : les musiciens en pleine maîtrise. Si l’énergie est là et le son parfaitement équilibré, le grain de folie qui caractérise Pantera manque à l’appel. Anselmo, vieux roublard de la scène, laisse parfois l’auditoire scander les refrains à sa place. De son côté, Wylde joue les solos au cordeau avec une exécution froide, en totale opposition avec le jeu plus viscéral d’un Dimebag Darrell. Techniquement irréprochable mais trop cloisonné, chaque musicien débite sa partition dans son coin et les interactions sont inexistantes. Heureusement, l’heure est à la fête et la setlist joue un rôle essentiel, faisant la part belle aux Vulgar Display Of Power et Far Beyond Driven. “Mouth For War” déclenche un carnage dans la fosse, tandis que “Becoming”, repris à pleins poumons, finit d’achever la foule. Le climax intervient sur le foudroyant “Floods” qui fait l’effet d’une bombe. L’outro rallongée baigne l’Arena d’une tension poignante. Derrière, les visages des frères s’imposent en toile de fond. Il n’en faut pas plus pour que la foule ne commence à crier “Dimebag, Dimebag“.

Hier ne veut rien dire, mais ce soir oui

Il est dans ma tête et dans mon cœur“, lâche Anselmo au sujet de Dimebag, avant de saluer… Bruce Dickinson, présent dans le public ! Le frontman d’Iron Maiden monte rejoindre d’ailleurs le quatuor sur scène pour un “Walk” d’anthologie. La fosse et les gradins rugissent en chœur sur le refrain de ce classique, faisant trembler les murs de l’Adidas Arena. Après cette communion survoltée, l’enchaînement “Domination” et “Cowboys From Hell” enfonce le clou avec la subtilité d’un marteau-piqueur. Un peu plus d’une heure de set et vient déjà le moment du rappel. Hors de question de perdre en intensité : Pantera revient sous un tonnerre d’applaudissements alors que Zakk Wylde joue l’intro de “Mississippi Queen”. Mais les meilleures blagues sont les plus courtes, et Anselmo et sa bande enchaînent sans sommation sur “Fucking Hostile”suivi par l’insolente “Yesterday Don’t Mean Shit”. On n’aurait pas craché sur un ou deux titres de plus. Mais le temps fait son œuvre, les membres ont entre cinquante-six et soixante-deux ans.

La renaissance d’un mythe

Après deux premières parties en parfaite adéquation avec son identité, Pantera nouvelle génération prouve qu’on peut faire revivre un mythe sans nécessairement le trahir. Si l’heure des débauches d’antan est révolue, le groupe a livré une prestation aussi massive que maîtrisée, bien qu’un poil statique. “Reviendrez-vous si Pantera repasse ?” a lancé Anselmo quelques minutes plus tôt. La réponse se lit autant dans les yeux que la sueur du public, à demi-conscient du morceau d’histoire qu’il vient de vivre. Pantera est bel et bien de retour, et a visiblement encore quelques (belles) années devant lui.

Pantera Setlist Adidas Arena, Paris, France, European Tour 2025

Ecrire un commentaire