Après son dernier concert au Grand Rex, Paramore revient dans la capitale pour un deuxième round, cette-fois ci dans un Olympia à la limite du sold out.
Le groupe français BAGARRE se voit confier la tâche d’ouvrir la soirée; tâche qu’il prendra à cœur. Pendant une vingtaine de minutes, la bande, dont les membres s’échangent les rôles sur scène au gré des titres, offrira des sons hybrides ayant le mérite de polariser l’opinion : si la première moitié de l’audience dansera à cœur joie, la seconde sera plus que confuse. Une performance défiant les limites de la conformité.
Peu de temps après, MEWITHOUTYOU vient à son tour défier l’auditoire de ses compositions musicales libres et rythmées par du spoken word. Pour cause, la prestation des Américains varie du post hardcore cathartique et fiévreux à la douceur d’une guitare-voix d’un morceau à l’autre, venant à son tour séparer l’opinion en deux. Choix intéressants pour des premières parties !
Vingt minutes d’attente sont alors annoncées pour la tête d’affiche. Formation en constante évolution, la carrière de PARAMORE se caractérise par plusieurs styles et dynamiques; ayant longtemps navigué sur les vagues tumultueuses du rock alternatif, la bande a continué sa progression en incorporant récemment des sonorités plus synthpop et canalisées, tout en restant cohérente dans son œuvre. Ce soir, le groupe vient alors défendre son dernier effort, “After Laughter” (2017).
C’est avec quelques minutes de retard que la bande du Tennessee fait son entrée sur scène, n’en accentuant qu’encore plus l’impatience de l’assemblée. Dans l’obscurité, le noyau (plus ou moins) dur de Paramore composé d’Hayley Williams (chant), Taylor York (guitare) et Zac Farro (batterie) s’installe, accompagné de ses musiciens additionnels. Un court instant de silence fige alors la scène; ce n’est que pour mieux introduire “Hard Times”, véritable tube illustrant la nouvelle direction pop prise par Paramore. Devant une foule dors et déjà endiablée, Hayley Williams entonne le morceau en conjuguant avec brio maîtrise vocale et lâcher-prise sur scène; aptitudes assez impressionnantes que la frontwoman conservera pendant toute la soirée.
Si l’enchainement des premiers titres mise sur l’énergie avec “Ignorance” et “Still Into You” (dédicacée par Hayley à son groupe), la dynamique du concert se voudra pourtant plus apaisée qu’il y a quelques années. Exit les innombrables sauts et headbangs de ses membres; si Paramore “criait beaucoup” auparavant, la formation a compris en grandissant qu’elle “pouvait s’exprimer sans forcément crier, car parfois, un murmure suffit”, explique Hayley. Ainsi, la prestation livrée est de qualité, mais la petite touche de témérité rythmant les sets de Paramore par le passé peut néanmoins manquer aux yeux de certains.
Néanmoins, la soirée demeurera un succès. Si la bande n’aura en effet aucune difficulté à faire danser l’auditorium de ses morceaux délicieusement entrainants (“Told You So”) ou plus alternatifs (“That’s What You Get”, “I Caught Myself”), elle aura également pour mérite de captiver l’attention sur des pistes plus mélancoliques et douces (“Forgiveness”, “I Hate To See Your Heart Break”).
Côté communication, les échanges avec la foule se font dans la mesure mais le poids des mots utilisés est néanmoins éloquent. Lorsque Hayley Williams prend la parole, les discours sont sincères et chaleureux; cette dernière exprimera à plusieurs reprises la gratitude de Paramore quant à la présence et la fidélité du public, laissant s’échapper une vague d’affection de son microphone.
La bonne humeur et l’excitation non dissimulées de l’audience se verront récompensées à l’annonce de “Misery Business”, dont la tradition veut qu’un membre de la foule monte sur scène pour en interpréter le bridge. Ce soir, ce ne sera pas un fan chanceux, mais deux qui se verront choisis par Hayley Williams, semblant toujours aussi surprise et touchée de l’enthousiasme ponctuant les visages et les prestations des heureux élus à chaque concert. Si la fin de la soirée approche, “Ain’t It Fun” viendra néanmoins faire oublier la triste nouvelle en faisant frétiller la salle de son refrain irrésistible et son “don’t go crying to your mama” repris en chœur.
La supercherie ne durera qu’un bref moment puisque la bande reprendra place sur scène pour un rappel quelques instants plus tard. “Grow Up” réanime la fête avant que Zac Farro ne prenne le micro pour interpréter “French Class” (titre tiré de son projet HalfNoise), clin d’œil à l’assemblée de ce soir. Enfin, “Rose-Colored Boy” conclura avec gaieté un set sans accroc.
Plus de douze ans après son premier album, il fait toujours bon de voir Paramore sur scène. Si la formation évolue, sa fanbase aussi : Paramore fait en effet partie de ces groupes dont les nouvelles dynamiques insufflées à son œuvre attirent de nouveaux admirateurs, sans néanmoins en faire fuir les anciens. Ce soir, la formation a encore conquis les cœurs.
Setlist :
Hard Times
Ignorance
Still Into You
Forgiveness
Fake Happy
That’s What You Get
I Caught Myself
Pool
Hate To See Your Heart Break
Caught In The Middle
Told You So
Idle Worship
No Friend
Misery Business
Ain’t It Fun
—-
Grow Up
French Class
Rose-Colored Boy