Quatre. C’est le nombre d’années qui séparent le public de Passenger de son dernier passage à Paris. Mais c’est aussi le nombre de dates annoncées pour le concert ce soir, reporté à trois reprises à cause de la crise sanitaire. Il n’est donc pas surprenant d’apprendre que l’Anglais s’apprête à se produire dans un Trianon qui affiche complet.
Un alter ego à la hauteur
20h légèrement passées. La scène du mythique théâtre parisien se pare de lumières rouges et éclaire un homme et sa guitare acoustique. Au-delà de la sobriété du mode opératoire guitare/chant, LUKE SITAL-SINGH partage de nombreuses similitudes avec Passenger. Sa nationalité, anglaise également mais surtout un goût prononcé pour des balades folk dominées par une voix puissante. Tantôt à l’acoustique, tantôt à l’électrique, le chanteur nous fait découvrir son répertoire et l’étendue de son spectre vocal, capable de côtoyer les aigus comme les graves (“Call Me When You Land”). La moitié du set est dédié à son quatrième album, Dressing Like A Stranger qui sort justement aujourd’hui ! Un poil redondant sur la fin, la demie heure de set se conclue avec énergie sur “Nothing Stays The Same”.
Une communion sacrée
21h tapantes. Mike Rosenberg aka PASSENGER débarque sur scène devant plus de mille âmes réparties entre la fosse et les deux étages de balcons. Un sourire sur le visage qui ne le quittera plus, le Britannique retrouve immédiatement sa verve et évoque l’épisode de COVID pour introduire “Survivors”. Dès ce premier titre, le ton est donné : l’heure est à la fête et une véritable communion s’installe avec le public. Le musicien a la bougeotte et n’a rien perdu de son timbre de voix si particulier. S’en suit le classique “Life’s For The Living” sur lequel l’Anglais invite tout le public à chanter en chœur avec lui. Pour que la fête soit plus folle, Passenger n’hésite pas à proposer des versions rallongées de ses titres. Quatre ans sans se voir, on a bien le temps de prendre le temps !
Il était une fois
Le temps, le chanteur a toujours aimé le prendre pour raconter des blagues ou des anecdotes croustillantes à son public. Ce soir ne déroge pas à la règle et Passenger est vraiment bavard entre les chansons. Un whisky à la main, Mike Rosenberg retrace en filigrane sa vie. De ses débuts comme musicien de rue au difficile retour sur scène, il se dévoile avec intimité, n’excluant jamais humour et honnêteté. Plus brillant encore, le Britannique sait le faire en musique ! Sur “I Hate”, il fait la liste des choses qu’il déteste. Il explique que tous les concerts ne sont pas réussis comme celui de ce soir. Comme le jour où il s’est retrouvé à un festival où sa scène était face à celle de Bryan Adams. “Je voyais cent mille nuques face à moi alors que j’avais quinze personnes de mon côté” ironise-t-il avant de reprendre “Heaven” du dit chanteur.
Un équilibre parfait
Piochant dans toute sa discographie, Passenger livre un set tout en relief. L’enchaînement des ballades “Queenstown” et “Sandstorm” installe une ambiance coin du feu réconfortante. L’audience est silencieuse, attentive et rêveuse. Mais quand le Britannique s’attaque à l’album qui l’a révélé à la face du monde, All The Little Lights (2012), l’heure est à la fête des deux côtés de la scène ! Cinq titres en seront joués ce soir, dont la très attendue “Let Her Go”, reprise en grande pompe par le public. Il faut dire que les exhortations du Britannique à faire chanter l’assemblée ne faibliront pas une seconde. Après une heure de set, Mike Rosenberg se retire sous les chœurs de “Scare Away The Dark”. Ces mêmes chœurs sont ceux qui le feront revenir à son port d’attache : la scène. Tradition oblige, Passenger termine son concert sur “Holes” qui offre une ultime occasion au public de chanter avec lui.
Un showman
Dans le genre folk indé, la plupart des artistes brillent par leur sobriété et ce sentiment suit souvent dans les concerts. Passenger se tient vraiment loin de cette catégorie. En véritable chef d’orchestre émotionnel, Mike Rosenberg tire tantôt sur la corde sensible, tantôt sur celle plus festive. Storyteller né, blagueur à ses heures et compositeur de balades universelles, Passenger se démarque sur scène avec une fougue et un enthousiasme qui l’habitent depuis près de quinze ans. Et à en juger par les retrouvailles de ce soir, ce n’est pas prêt de changer.
1 Commentaire
Comments are closed.
nice