Il y a des artistes qui portent en eux une part de l’Histoire. Marquant à jamais le paysage musical par ses contributions au sein des Beatles puis des Wings, la carrière de Paul McCartney ne cesse d’impressionner par son imposant et influent répertoire, florissant au gré des albums depuis bientôt soixante ans. Habitué des gigantesques auditoires, la légende retrouve cette fois-ci son fidèle public dans l’enceinte de Paris La Défense Arena pour un show royal de 2h30, passés à une allure exceptionnelle.
C’est face à une Arena pleine à craquer que Paul McCartney fait son entrée tout en sobriété, guitare à la main et sourire en coin, contrastant avec le caractère monumental de l’évènement. Acclamé par les 40 000 spectateurs, le Britannique s’impose dès les premières notes par la légère mais pas moins tonitruante “A Hard Day’s Night”, véritable classique des Beatles. Impossible de passer outre la pauvreté du son de la salle, qui, couplée avec l’immensité du bâtiment, gâchera le concert à une bonne partie de l’audience. Si la machine met un peu de temps à démarrer, l’acoustique s’améliorera au fil du set, sans jamais atteindre un niveau suffisamment décent, compte tenu des sommes élevées déboursées par les fans. Mais le talent de McCartney arrivera à faire oublier ces tracas d’ordre technique, emportant la foule par la simple force de son extraordinaire aura.
Pour cause, ni la musique, ni le charisme de McCartney n’ont pris une ride. Offrant au public une setlist massive de presque quarante chansons, le musicien tirera le meilleur de sa considérable discographie en conjuguant classiques des Beatles, tubes des Wings et indémodables de sa carrière solo. Un délice pour les fans, qui auront le privilège d’entendre des morceaux d’anthologie comme “All My Loving”, “Let ‘Em In” ou encore “Maybe I’m Amazed”, interprétés avec corps et éloquence par leur illustre compositeur. Pas d’effets visuels ou techniques ébouriffants ce soir, l’accent étant mis sur la sobriété des images sur écrans géants au détriment de pompeux jeux de lumières, focalisant d’autant plus l’attention de la salle sur la place centrale occupée par la musique.
Malgré la généreuse setlist, le concert semble passer à une vitesse incroyable. Porté par la justesse de la voix enveloppante et familière du chanteur, le show envoûte complètement par sa consistance. Chaque titre se veut sensationnel et captivant, charpenté par la technicité remarquable du protagoniste, véritable maître de scène, soutenu par ses compères musiciens d’une habilité incomparable. Si les chansons trouvent toutes écho auprès du public, c’est bien celles des Beatles qui électrisent le plus les corps. La symbiose atteint son climax sur les notes de “Michelle”, “Love Me Do”, ou encore “Ob-La-Di, Ob-La-Da”, reprises en chœur par une audience jusqu’ici dans la retenue. La générosité de la performance se traduit également par la sympathie de McCartney, n’ayant perdu ni sa vivacité d’esprit, ni ses aptitudes en français qu’il mettra en exergue tout au long de la soirée.
Alors que le spectacle touche progressivement à sa fin, le set prend une ampleur d’autant plus colossale au travers de ses derniers morceaux. Et pour cause, les moments clés de la soirée prennent la forme des mythiques “Let It Be”, “Live And Let Die” (animé par d’impressionnants effets pyrotechniques) et “Hey Jude”, transportant l’Arena vers l’extase. L’effervescence se verra prolongée par un abondant rappel de six morceaux, dont “Helter Skelter” ou encore “Carry That Weight”, venant conclure ces 2h30 de prestige en apothéose.
Véritable maître de l’arène, Paul McCartney a su livrer un spectacle imposant, à l’image de sa carrière. L’aisance et l’expérience arborées sur scène ont su porter au plus haut rang un répertoire désormais classique, qui aurait pourtant pu être grandement dévalorisé par les lacunes techniques de la salle. Performance formidable !
Setlist :
A Hard Day’s Night
Junior’s Farm
All My Loving
Letting Go
Who Cares
Got To Get You Into My Life
Come On To Me
Let Me Roll It
I’ve Got A Feeling
Let ‘Em In
My Valentine
Nineteen Hundred And Eighty-Five
Maybe I’m Amazed
I’ve Just Seen A Face
In Spite Of All the Danger
From Me To You
Michelle
Love Me Do
Blackbird
Here Today
Queenie Eye
Lady Madonna
Eleanor Rigby
Fuh You
Being For The Benefit Of Mr. Kite!
Something
Ob-La-Di, Ob-La-Da
Band On The Run
Back In The U.S.S.R.
Let It Be
Live And Let Die
Hey Jude
—-
Birthday
Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band
Helter Skelter
Golden Slumbers
Carry That Weight
The End