Après une édition 2013 mémorable, la plus grande tournée hardcore annuelle d’Europe revient sur le sol français et compte dans son lineup pas moins de sept groupes, dont des mastodontes de la scène. C’est donc au Bataclan que Garance Productions et Extreme Live donnent rendez-vous aux amateurs de hardcore, pour pas moins de six heures de concert. Get ready!
Un rapide quart d’heure après l’ouverture des portes, l’édition 2014 du “Persistence Tour” est lancée. La tâche de commencer les hostilités est confiée à NASTY, qui, exceptionnellement, jouera en premier sur la date parisienne afin de permettre aux français de The Arrs de faire un “hometown show”, placés en troisième position sur la timetable. C’est alors devant dix pleupleus (et oui, à 17h, la moitié de Paris est encore au boulot) que les allemands imposeront leur beatdown taillé pour le live, avec des titres tels que “Look At Me And Fuck You”, “Slaves To The Rich” ou encore “Zero Tolerance”, véritables appels à la bagarre dans un pit clairsemé mais réceptif. Les musiciens seront assez discrets mais le frontman sera charismatique et encouragera le public à coups de “Allez ! Allez !” à s’approcher de la scène et se monter dessus les uns les autres pour se faire entendre dans le micro. Bonne presta pour Nasty donc, même si les teutons auraient mérité une plus large audience.
Malheureusement, on ne pourra pas en dire de la formation suivante… RAMALLAH, ou groupe américain qui fait son comeback après une poignée d’années loin des studios et des tourbus. Une musique qualifiée de “cliché rock des années 80” par certains, des sings alongs des plus banals en veux-tu en voilà, une faible présence scénique, un groupe qui semble s’ennuyer comme des rats morts… et le public aussi, du coup. Un set qui fera figure de pause digestion du bon repas copieux qu’était Nasty, ou de pause clope pour certains, au choix. Dommage…
Une quinzaine de minutes d’attente avant que le “Persistence Tour” poursuive sa lancée, et c’est devant un Bataclan qui commence à bien se remplir que les français de THE ARRS envoient le pâté sur ses terres. “L’Ame La Plus Noire”, “Ennemis”, “Du Berceau à la Tombe”… tout y passera, pour le plus grand plaisir des fans présents dans la salle et d’un public appréciant ce qu’il entend et voit : une formation motivée, un peu plus branché metal que ses prédécesseurs, qui livrera un set carré.
Il est aux alentours de 19h30 lorsque le coup de barre commence à se faire ressentir chez certains, et EVERGREEN TERRACE – non non, pas la maison des Simpson, le groupe ! – n’y arrangera pas grand-chose… Ça commence bien, même très bien, avec le premier morceau. Et puis, un sentiment de désillusion viendra s’installer et pèsera de plus en plus au fil des titres… du metalcore manquant d’originalité (ah, les refrains en voix claire… une spécialité chez Rise Records), des sing alongs à outrance à la We Came As Romans (no offense), et un public qui ne semble pas très chaud. Seul vrai point fort du set : la motivation évidente du combo et de son frontman Andrew Carey qui gesticulera de droite à gauche pour faire remuer l’auditoire. Pas une catastrophe donc, mais une prestation manquant de matière.
Il faudra patienter jusqu’à 20h15 pour que le “Persistence Tour” prenne tout son sens. En un mot : STRIFE. L’ex-groupe straight edge, attendu par un parterre non négligeable, offrira une prestation digne d’une grosse claque de bûcheron. Les notes de “Waiting” résonnent dans l’enceinte du Bataclan, les lumières à en faire criser les épileptiques sont de sortie, et la fosse commence à mettre le dawa : mosh, stagediving, circle pits, pogos… toute la panoplie du fana du genre sera déployée tout au long du concert. Des classiques comme “Stand As One (Redemption)” ou “Lift” seront repris en chœur, et Rick Rodney (chant) s’ouvrira même le front et prendra un bain de foule. Il pleut littéralement des gens sur “Carry The Torch”, et le rythme restera le même jusqu’à la dernière chanson du set, “Blistered”. MERCI Strife, MERCI !
Echauffez vos muscles, reprenez votre souffle et préparez-vous psychologiquement car ce qui va suivre n’est autre que le concert de la soirée. Si on vous dit “Keepers Of The Faith” ? Yes, il s’agit bien de TERROR (ou les patrons de la scène hardcore, au choix), qui offrira au public parisien une heure d’un show intense et maîtrisé, rythmé par des morceaux patates tels que “Stick Tight”, “Live By The Code”, ou encore “Always The Hard Way”. Toujours aussi investi et attaché à la scène hardcore, le légendaire Scott Vogel (chant) procèdera même à un speech prônant l’unité et la tolérance : “None of these motherfuckers are allowed to these shows. If you’re a piece of shit, you don’t belong here. Anybody else, long hair, short hair, dark skin or light, punk, hardcore, metal are all in this room for the same fucking reasons.” La fosse est ultra réceptive, les moshers sont en forme et les slammeurs sont surexcités, peut-être un peu trop en vue du nombre de joues ayant touché le sol… Mais l’ambiance est au top, Matthi (Nasty) s’incrustant même pour un feat avec Scott avant de se jeter dans le public. Quand on apprécie ce que l’on voit, une heure, ça passe vite… Vient déjà le moment pour Terror d’interpréter la dernière chanson, “Keep Your Mouth Shut”. En résumé, une prestation de qualité qui ravira l’important parterre de fans et convaincra les plus sceptiques, et comme dirait le célèbre frontman : MORE STAGEDIVES!
22h, on troque l’ambiance hardcore pour une ambiance plus old school avec la grosse tête d’affiche de la soirée, les patrons de SUICIDAL TENDENCIES. Affichant bonne humeur et gaieté sur leurs visages, les californiens assureront le show (même s’il demeurera difficile de passer après Terror…). Il ne faudra pas plus de quelques minutes au public parisien pour littéralement envahir la scène (plusieurs dizaines de fans, no joke) sur des titres indémodables tels que “I Saw Your Mommy”, et retourner le Bataclan à coups de stagedives sur “War Inside My Head” ou walls of death sur “Cyco Vision”. Voyageant de droite à gauche, les membres seront très dynamiques, apportant un petit vent de folie à une ambiance assez roots jusqu’à présent, et le bassiste Tim “Rawbiz” Williams fera même un saut du côté du pit. Des musiciens hors pair, des hits, et une audience au mieux de sa forme : voici la recette parfaite pour clôturer ces six heures de “Persistence Tour”.
En résumé : de la musique, du stagediving, de la bière, du stagediving, de la transpiration, du sang, et encore un petit peu de stagediving. Avec des bons groupes d’ouverture (Nasty, The Arrs) et des valeurs sûres de la scène (Strife, Terror, Suicidal Tendencies), le “Persistence Tour” aura animé et ravi Paris pendant toute une -longue- soirée. See you next year!