Pilier du courant synthwave, le Parisien Perturbator repart en tournée pour 2019. La messe noire parisienne sera l’avant dernière date européenne avant d’aller sataniser les Etats-Unis.
C’est un autre camarade du genre retro dark synthwave Jean-Michel Jarresque sous testostérone qui ouvre la soirée : DAN TERMINUS. Les deux sont potes de tournée et de label. Pour le coup, on peut annoncer que la soirée va être cohérente. Même s’il faut l’avouer Dan Terminus est un poil moins dark dans son set dans le look.
Nous aussi on aime les blousons argentés de cosmonaute. Il serait facile de dire que cette première partie est linéaire. Le style musical l’est, car les mêmes recettes (vieux synthés analogiques ou émulateurs sur Mac) sont répétées. Il en est de même pour le son de basse à la Skrillex. Facile, car il met quand même une sacrée ambiance, et le dit son de basse, couplé aux beats lourds, arrache bien les tripes. Malgré un début de set précoce (il est à peine 19h30), la salle est pleine et le public l’ovationnera en fin. Bref, bonne petite introduction.
A peine perceptible durant la première partie, la nouvelle scénographie de tournée nous est en partie révélée pendant le changement de plateau. On découvre alors deux stands claviers posés à gauche et une batterie (électronique) à droite. Derrière neuf colonnes composées de deux barres de leds sont visibles. On devine quelques lights derrière, l’instinct est bon aux vues des brûlures de rétine en perspective.
Faux départ : une mauvaise séquence est lancée et retarde notre damnation. La salle reste alors dans le noir jusqu’au lancement de l’intro (“Interlude Maths”), majestueuse au passage. Les deux musiciens de PERTURBATOR entrent en scène et invitent le public à lever du poing. On est parti pour une heure d’enfer. Spoiler : le concert sera très court. On rajoute quinze minutes pour les rappels et hop tout le monde au lit à 22h15, demain c’est samedi.
Cette heure de concert sera bien dense, pour ne pas dire violente à souhait. Tant sur le plan des lights, le lightshow sera, sans nuance, mais impressionnant. A noter la présence du pentagramme inversé en hauteur. Et oui le sieur est ultra athé et affectionne même son goût pour le symbolisme satanique. Autre curiosité : des petites lucarnes de forme carrée dans lesquels se projettent des lasers, très efficaces, tout comme l’ensemble des lumières.
Côté son, ce dernier est puissant, énorme. Là encore, le terme linéaire ne serait pas tout à fait juste. En apparence simpliste, la musique de Perturbator ne l’est pas du tout. Certes, les sons en prod sont répétitifs, on retrouve les bons vieux CS80 et autres OBX, mais il y a vingt-deux morceaux dans chaque titre, avec des breaks dans tous les sens.
Le duo ne laisse pas un seul instant de répit à son audience et enchaine morceaux sur morceaux. Mention spéciale au batteur qui, certes, n’a pas des patterns complexes à jouer, mais qui tient le rythme (un minimum de 120 BP) et qui doit aussi respecter les cuts et repartir. Il tape fort sur sa batterie électronique, mais il tape bien.
Une erreur s’est glissée dans l’introduction. Il ne s’agit pas d’une soirée de synthwave. Il y a de la tension ce soir. Ce n’est certes pas Prodigy ou Marilyn Manson, mais il y en a et une bonne dose d’énergie sur scène. La grosse partie de ce qui se joue n’est pas vraiment en live, James, de son vrai prénom, joue trop du cheveux pour jouer toutes les lignes de basse. Mais cela reste très bien exécuté. Et puis au vue de la réaction du public, limite en transe, il serait faux de dire que cela ne fonctionne pas.
La courte durée du set se comprend, car cela envoie sévère et difficile d’imaginer qu’on peut autant encaisser en plus de deux heures. Le rappel fera un clin d’œil à une légende de la musique électronique : Jean-Michel Jarre (“All That You Leave Behind (Movement 4)”).
L’auditoire, très sain, quittera la salle tranquillement après une bonne dose de son démoniaque. Il est vendredi soir, 22h15 et la nuit a bien commencé.