Dans le cadre du “Pest Over Europe Tour”, et à travers seize dates dont trois en France, Pestilence venait défendre son dernier album sur scène, en compagnie des londoniens d’Ancient Ascendant et des français de Seth. Faute d’un album solide ou à cause d’une date trop proche des festivals d’été, il n’y a pas foule ce soir au Ferrailleur. Mais peu importe, le groupe se produisant rarement en France nous comptons bien en profiter pleinement et surtout comme il se doit !
Pour cette dernière date de la tournée française qui a vu les hollandais se produire à Paris puis à Colmar, Pestilence posait ses amplis à Nantes. Si leur dernier album en date “Obsideo” n’a pas reçu l’accueil escompté, à cause d’une direction musicale que les fans d’antan n’apprécient guère, on aurait pu penser que la rareté du groupe, reformé qu’en 2008, puisse afficher salle comble et pourtant à notre grande surprise ce n’est pas le cas…
Mais pour l’heure c’est au groupe anglais ANCIENT ASCENDANT que revient le privilège d’ouvrir pour le groupe sur toute la tournée. Après une courte introduction orchestrale, on rentre immédiatement dans le vif du sujet avec un death brutal et sans concessions. Malgré la faible affluence, le groupe ne se restreint pas et compte bien mettre toutes les chances de son côté afin de présenter au mieux son nouvel opus, “Echoes And Cinder”. Niveau promo, le message martelé à plusieurs reprises par le leader Alex Butler (chant/guitare) finira par être entendu. Bien qu’on ait conscience que les finances d’un groupe en l’an 2014 soient rudes, d’autant plus lorsque celui-ci peine à se différencier des autres, le fait d’expliquer à trois reprises que du merch’ est disponible ça devient limite saoulant. D’autant plus lorsque ce sont les seuls mots adressés au public. Mise à part, le groupe est parfaitement à l’aise dans ses baskets autant dans les parties qui blastent que celles plus soft. Pourtant, il manque tout de même le petit plus qui fait qu’on gagne en notoriété. Malgré tout le public Nantais ne se désintéresse pas du groupe et leur réserve un bon accueil.
Après une courte pause nous retrouvons SETH, pionnier du black metal français reformé en 2011, que nous avons pu voir l’année précédente dans une autre salle nantaise lors de la sortie de son dernier album en date, “The Howling Spirit”. Les personnes, qui n’ont pas suivi l’actu récente du groupe, seront surprises de constater que le chanteur Black Messiah n’est aujourd’hui pas présent sur scène, mais dans le public. Ce dernier nous expliquera que, tout comme son batteur Alsvid remplacé aujourd’hui par Kevin Paradis (Death Lab, The Seven Gates, Deadlysins), sa vie de famille ne lui permettait pas de s’absenter trop longtemps. C’est donc Saint Vincent (Blacklodge, Vorkreist) qui assure ce soir la cérémonie. L’intérêt n’en est que décuplé, car il est toujours intéressant de pouvoir découvrir une interprétation différente d’une même composition, d’autant plus lorsque la tessiture de voix diffère. Premier constat, malgré le peu de préparation que le groupe a dû avoir le set semble parfaitement rodé. En bons professionnels les musiciens exécutent avec brio leurs titres, des plus anciens (“Let Me Be The Salt In Your Wound”, “Die Weihe”, “Acid Christ”) aux plus récents (“In Aching Agony”, “Ten Barrels”, “Scars Born Form Bleeding Stars”, “Killing My Eyes”). Toutefois bien que les réglages des instruments soient bien perceptibles, le chant est quelque peu en retrait. On devra tendre l’oreille pour bien comprendre et appréhender la prestation pourtant efficace et bien équilibrée au niveau de la setlist (qui survolera trois de leur albums : “The Howling Spirit” (2013), “Era-Decay” (2004) et “The Excellence” (2000)). Malgré cet inconfort, nous ne boudons pas notre plaisir et nous délectons de la prestation de Seth, seul groupe de black metal avant-gardiste de la soirée.
Clou de la soirée, la prestation de PESTILENCE, présent le week-end précédent au Neurotic Deathfest. Groupe cultissime hollandais formé en 1986, Pestilence a d’abord officié dans le thrash metal, pour ensuite s’orienter vers le death metal en y mêlant des éléments jazz. Aux dires des fans leur dernier album, prenant une direction accentuant l’aspect brutal de la musique au détriment des envolées jazzy, n’est pas à la hauteur des attentes. Tous espèrent donc une setlist large reprenant les titres qui ont marqué leur carrière. Cependant le constat de ce soir est sans appel : le groupe nous graciera essentiellement de ses productions post reformation, puisque treize morceaux sur dix-sept proviennent de “Resurrection Macabre” (2009), “Doctrine” (2011) et “Obsideo” (2013). On regrettera donc la présence massive de plus de vieux morceaux, qui à coup sûr auraient enflammé la fosse. Malgré cette setlist peu judicieuse, et même si l’affluence est timide (mais où sont passés les fans de death pourtant si nombreux sur Nantes ? Se réservent-ils pour le Hellfest ?), l’effervescence et l’euphorie qui règne en ce mois de mai est démentielle. Car ce soir le concert est puissant et dévastateur, autant sur scène que dans la fosse. Les deux guitares huit cordes de Mameli et Uterwikj arrivent à se frayer un chemin sonore parmi la brutalité des morceaux. Techniquement irréprochables les musiciens assurent avec brio leurs partitions, et créent la surprise lorsqu’ils entonnent un “Echos Of Death” (1989) dantesque. En véritable machine de guerre bien huilée, Pestilence ne laisse aucun repris et aucune chance de s’en sortir indemne, d’autant plus lorsqu’ils se décident enfin à lâcher quelques pierres angulaires musicales (“Prophetic Revelations”, “Soul Search”). Après un peu plus d’une heure de set, le groupe conclu sur le oh combien bien senti “Twisted Truth” extrait de “Testimony Of The Ancients” (1991).
On ne pouvait pas demander mieux pour rester sur une bonne impression et ressortir de ce concert rincés mais totalement comblés. Le constat de la soirée sera donc clair et net : Les absents ont toujours tort !
Setlist :
Obsideo
Neuro Dissonance
Echoes Of Death
Displaced
PropheticRevelations
Horror Detox
Amgod
Laniatus
Devouring Frenzy
Soul Search
Necro Morph
Hate Suicide
Super Conscious
Sinister
—-
Aura Negativ
Resurrection Macabre
Twisted Truth
