Pour conclure une tournée américaine puis européenne, Phoenix est venu s’implanter à l’Olympia le temps de deux soirs. Le temps également de présenter son septième album, Alpha Zulu, sur scène. Retour sur un concert impeccable et somptueux.
Les fils de l’homme
Pour la première partie, c’est le duo londonien SONS OF RAPHAEL, composé des frères Ronnel et Loral Raphael, qui s’avance sur scène, chacun armé d’une guitare. Derrière eux, un large rideau noir masque le reste de la scène, sûrement pour garder intacte la surprise de la scénographie.
En l’espace de trente minutes, Sons Of Raphael livre un show chaotique, excentrique et captivant. Une pop rock psyché qui rappelle parfois des noms comme MGMT ou Cocteau Twins. Habités, les deux frères aiment par exemple jouer leurs parties de guitares frénétiques dos à dos, luttant comme s’ils se chamaillaient encore. Un régal. Et si la foule ne semble pas convaincue dans un premier temps, elle finit par acclamer chaudement les deux musiciens. Une mise en bouche parfaite.
Phoenixmania
Passés 21h, la foule est compacte dans la fosse. Les applaudissements et cris d’impatience se multiplient. Quelques minutes plus tard, l’Olympia se plonge dans l’obscurité. Le rideau de l’installation du groupe se lève tandis que les premières notes de “Lisztomania” retentissent. Le public exulte. PHOENIX est là. Le plancher de la salle tremble sous le coup des sauts et pas de danse de la fosse. La température monte d’un cran. Thomas Mars laisse à l’auditoire la charge de chanter le refrain, que toute la salle connaît par cœur.
Et pas le temps de souffler. Les Versaillais enchaînent avec “Entertainment”, single phare de l’album Bankrupt! (2013), puis avec une autre perle de Wolfgang Amadeus Phoenix (2009) “Lasso” suivi de “Too Young” et de “Girlfriend”. Une combinaison de hits qui ravit l’audience, qui continue de faire vibrer la salle.
Déjà plus de vingt minutes passent et on se demande où sont les titres d’Alpha Zulu. Cela tombe bien, le morceau titre du dernier disque fait enfin son apparition. Bien qu’un plus timide devant cette nouvelle chanson (comme tous les morceaux du septième album), l’assemblée continue de danser, taper dans ses mains et chanter. Une véritable fête.
It’s Always Been Like That
Tour à tour, le groupe décoche ses meilleures flèches, tels des Cupidons musicaux. Inutile, car le public est de toute manière acquis à sa cause. Le dyptique “Love Like A Sunset” offre un petit moment de répit avant la reprise des hostilités. Le hit “Long Distance Call”, extrait de It’s Never Been Like That (2006), provoque des cris d’allégresse tant cet album se fait rare dans les setlists du groupe. C’en sera d’ailleurs le seul extrait.
Comme à leur habitude, les Français retravaillent leurs titres pour l’expérience live. Les plus fidèles ne sont donc pas surpris d’entendre le drop de “Bankrupt!” au beau milieu de “Love Like A Sunset”. Ou encore que le dansant “If I Ever Feel Better” (particulièrement applaudie par le public) vire soudainement à l’outro rock et jouissive de “Funky Squaredance”. Le tout un peu plus sublimé par la puissance et le dynamisme qu’apporte Thomas Hedlund à la batterie.
Alors que la fin du set principal se dessine, Thomas Mars s’adresse à la salle pour rendre hommage à Philippe Zdar, le regretté producteur et moitié de Cassius qui a accompagné le groupe de ses débuts jusqu’à Ti Amo (2017). L’ovation ne se fait pas attendre.
Musée des Arts Phoenixiens
Comment parler de cette soirée sans mentionner la scénographie ? Déjà lors de la tournée précédente, Phoenix, nous en avait mis plein les mirettes avec ce miroir/écran incliné placé en arrière-plan. On était donc en droit d’attendre aussi bien pour son retour en 2022. Force est de constater que le groupe a dépassé ces attentes.
Dès le lever de rideau initial, la bande nous gâte les yeux avec un décor inspiré d’un temple gréco-romain ou même babylonien. L’effet de profondeur accordé par la disposition des différents écrans est saisissant. Un autre morceau et c’est toute l’installation qui prend l’image d’un diamant. Encore une autre et l’on se retrouve transportés dans la célèbre galerie des glaces du Château De Versailles. Différents lieux ou œuvres sont ainsi référencés, certainement un clin d’œil au fait que le groupe a passé plusieurs mois au Musée des Arts Décoratifs de Paris pour enregistrer l’album.
La formation offre un autre moment somptueux en début de rappel avec une version voix/clavecin de “Telefono” puis de “Fior Di Latte” sous un décor de tapisserie style Renaissance. À tomber. Puis il est déjà temps de se dire au revoir. Mais pas avant de jouer “1901”, accueillir peut-être encore plus chaleureusement que les tubes précédents. L’hymne est repris par toute la salle au complet.
Et puis, comme à son habitude, Thomas Mars se lance dans un bain de foule géant à travers la mezzanine de l’Olympia puis la fosse (dans cet ordre) au son de la reprise de “Identical”. Sensation dans la foule, pour un concert qui restera, on est sûrs, gravés dans la mémoire de ceux qui y étaient.