Treize ans après sa première venue aux Nuits de Fourvière, PJ Harvey était de retour dans le magnifique théâtre antique de Lyon pour nous offrir un set féerique.
La première partie est assurée par le trio (guitare, synthé, batterie) MICACHU & THE SHAPES. Dès les premières notes, on est intrigué par le son très particulier, minimaliste, novateur, sur lequel Mica Levi pose sa voix rauque et s’autorise même à distordre ses propres morceaux sur scène.
A 22h30, c’est sous un ciel menaçant et dans une obscurité presque totale que PJ HARVEY et ses neufs musiciens entrent sur scène sous les applaudissements ravis du public. On ne compte pas moins de deux batteries, plusieurs guitares, claviers et cuivres et dès les premiers morceaux, PJ Harvey, derrière son saxophone, se fond avec les autres musiciens et s’efface au sein du groupe. L’accent est rapidement mis sur le dernier album de l’Anglaise, “The Hope Six Demolition Project“, dans lequel elle témoigne de scènes de conflits récents, en Afghanistan, au Kosovo et à Washington DC. La multiplicité des instruments sur scène, notamment des cuivres, rend la transposition en live des chansons aux teintes blues gospel impressionnante et captivante. “The Ministry Of Defence”, avec les accords apocalyptiques de John Parish, est saisissante. On retiendra également “The Orange Monkey” et cette mélodie vocale qui s’élève progressivement, révélant la puissance de la voix de PJ Harvey, et l’épatant single rock “The Wheel”.
PJ Harvey et ses musiciens, avec qui elle a collaboré à plusieurs reprises comme Mick Harvey ou John Parish, revisitent aussi les chansons de ses disques précédents comme “The Glorious Land” où d’ininterrompus “Oh America, Oh England!” résonnent dans le théâtre antique. L’enchainement de “Down By The Water”, suivi du très explosif “50ft Queenie”, réveille et réchauffe les fans. La guitare y est plus frénétique, rageuse. Les acclamations ne se font pas attendre et l’audience exulte aux premières notes de “To Bring You My Love” avec son riff si mémorable et la voix de la chanteuse, aussi terrifiante que sensuelle. On ne s’en lassera probablement jamais. L’émotion est à son comble pour le final avec “River Anacostia” et ses chœurs entêtants. la frontwoman nous hypnotise. Elle apparaît comme une enchanteresse, coiffée d’une crête punk en plumes et vêtue d’une robe cape aux reflets bleutés.
L’auditoire en veut plus et Harvey et sa bande reviennent sur scène pour lui offrir encore deux chansons. Les nuages d’orage et les ombres des musiciens qui se reflètent sur un mur de larges carrés forment la toile de fond dramatique du set qui se clos avec “Working For The Man” et “A Perfect Day Elise”. Plusieurs seront déçus du manque de rapport direct avec la foule, mais l’envoûtante PJ Harvey semble dans son monde. Elle incarne ses chansons, illustre par des gestes la dureté de certaines paroles, créant une véritable ambiance théâtrale.
La musique et la voix puissante et nuancée de PJ Harvey, nous ont transportés dans une atmosphère quasi mystique. Personne n’a quitté le théâtre antique de Fourvière déçu cette nuit-là.
Setlist :
Chain Of Keys
The Ministry Of Defence
The Community Of Hope
The Orange Monkey
A Line In The Sand
Let England Shake
The Words That Maketh Murder
The Glorious Land
Medicinals
When Under Ether
Dollar, Dollar
The Wheel
The Ministry Of Social Affairs
50ft Queenie
Down By The Water
To Bring You My Love
River Anacostia
—-
Working For The Man
A Perfect Day Elise