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PLACEBO @ Bercy (10/12/13)

Après une année aux couleurs de “Loud Like Love“, Placebo, que l’on avait croisé il y a quelques mois pour un showcase privé et une dédicace, est de retour sur les terres étrangères les plus familières au groupe : la France, et plus particulièrement le Palais Omnisports de Paris Bercy, qui n’avait pas accueilli la formation britannique depuis sept ans. Une soirée spéciale à double fonction puisqu’en plus d’être un concert évènement diffusé en streaming live sur Arte, c’est également l’anniversaire de Brian Molko, qui soufflera ses bougies devant un public plus ou moins absent, endormi ou s’étant tout simplement trompé de concert, au choix.

Il est 20h lorsque Bercy, déjà très rempli, est soudainement plongé dans le noir : il est l’heure pour TOY, inconnu pour les 98% de l’audience, de faire ses preuves. Fondé en 2010, le quintette britannique livrera un rock psychédélique sympathique et agréable, mais cependant inapproprié au contexte de la soirée. En effet, info perspicace du jour : Bercy, c’est grand… Alors du rock psyché, pourquoi pas, mais retourner un Palais Omnisports avec des constructions rythmiques hypnotiques et des distorsions à souhait relève de l’impossible. Malgré quelques hochements de tête, le public reste de marbre, livrant des applaudissements tout en retenu. Pas sûr que Toy ait conquis l’audience parisienne…

 

 

Alors que l’assemblée vaque à ses occupations histoire de patienter tranquillement, il est pris de court car surprise, les lumières s’éteignent brusquement ! Le moment tant attendu est arrivé : PLACEBO, soutenu par ses musiciens additionnels Fiona Brice (clavier/violon/chœurs), Nick Gavrilovic (guitare/clavier) et William Lloyd (basse, guitare, clavier), fait son entrée sur la scène du Palais Omnisport sous les notes de “B3”, single de l’EP du même nom sorti l’année dernière. Le parterre de fans crie, applaudie, acclame, les guitares vibrent et l’incontournable Brian Molko, qui fête ses 41 ans ce soir (non ce n’est pas une blague, et oui, il est encore et toujours vêtu de noir !), entonne “I refuse to remain in regret…” d’une voix toujours aussi charismatique depuis bientôt une vingtaine d’années. S’enchaîne alors “For What It’s Worth”, qui aura le mérite de faire remuer les premiers rangs de la fosse et d’arracher un “Bonsoir Paris ! Ca va ?” au frontman d’habitude sur la réserve. Mais si l’auditoire semble profiter du concert jusque-là, la réalité nous rattrapera vite… Plus les titres défilent et plus il est indéniable que l’audience, dans la fosse ou dans les gradins, ne bouge pas, ne veut pas bouger et ne bougera tout simplement pas, et ce, même sur les notes d’un titre aussi emblématique que “Every You, Every Me” que les spectateurs ne semblent même pas connaître (ou peut-être bien qu’ils récitaient les paroles intérieurement en restant statique sur leur siège pour mieux vivre la chose). Petite lueur d’espoir : un “joyeux anniversaire” est improvisé spontanément pour Brian, mais un petit vent de la part des britanniques et ça repart. Aucune participation non plus avec une des perles du dernier album, “A Million Little Pieces”, pourtant magiquement interprétée et d’une émotivité mélodique à en faire sangloter les plus empathiques, mais le public – excepté les premiers rangs et les quelques courageux qui se sont levés de leurs sièges malgré les remarques des voisins de derrière – semble encore et toujours dire “”Loud Like Love” ? Mais keske c ce truk?”. En parlant d’émotion, en voici un autre exemple : “Blind”, réarrangée pour le live afin d’éradiquer les sons électroniques et mettre en valeur l’harmonie des instruments et la voix de l’ancien nancy boy. On garde les mouchoirs dans sa main pour se préparer psychologiquement et se mettre en conditions face à la bête qui arrive, et qui n’est autre que “Meds”. “I was alone, falling free, trying my best not to forget…” reprend le chanteur seul avec sa guitare, avant d’être rejoint par les caisses grondantes de Steve Forrest, toujours aussi énergique, efficace et fou furieux derrière ses fûts. Mais même devant un morceau qui prend tout son sens en live, le public ne décolle toujours pas… il faudra attendre “Special K” pour que Bercy se réveille et commence enfin à trembler. une heure et demie de show pour se mettre en route… un véritable diesel ! Une heure trente, c’est également le temps qu’il aura fallu avant de pouvoir entendre Stefan Olsdal (basse/guitare) donner un speech (en français s’il vous plait !) et lancer un “joyeuxxx anniversaaaaaaire…”, repris en chœur par le public, pour son acolyte qui sera très touché. Faire plaisir à Brian, c’est fait. Maintenant, Placebo se doit de faire plaisir à ses fans, et c’est avec la chanson suivante que l’ambiance prendra enfin l’ampleur escomptée. Il faudra une demi seconde aux milliers de personnes, qui pour une fois profiteront tous de la même manière, pour reconnaitre le titre : la fameuse et inégalable “The Bitter End”, grâce à laquelle la carrière de Placebo, même si déjà établie en France, décollera au début des années 2000 pour ne plus jamais quitter les terres de l’Hexagone. La sueur se distingue enfin sur le front des spectateurs, mais… oh, comme c’est dommage, c’est déjà la dernière chanson… Heureusement, le groupe revient pour un rappel du feu de dieu, du moins sur papier (car oui, maintenant que “The Bitter End” est passée, ça se rassoit sur son siège) : “Teenage Angst”, “Running Up That Hill”, “Post Blue” et enfin “Infra-Red”, qui clôturera un concert à l’ambiance trop calme, mais qui sera cependant passé trop vite.

 

 

Retour à Bercy en demi-teinte pour Placebo. Si le combo était en forme, le public, lui, était certainement le plus mou de l’année et n’a pas respecté le commandement le plus important : “Placebo tu verras, dans la fosse tu bougeras.”. Côté setlist, les avis sont partagés : chansons parfaitement réparties pour certains, trop de titres de “Meds” (2006) et pas assez d’anciens morceaux pour d’autres. Côté esthétique, point bonus pour le décor aux couleurs de “Loud Like Love” majoritairement, mais qui changera de visuel pour des titres tels que “Space Monkey” ou “Infra-Red”. Cependant, aucune lumière portée sur le parterre de spectateurs… Une communion Placebo/public manquant à l’appel, sans oublier les grands écrans presque inutiles : images en noir et blanc (qui ne seront mises en couleur que vers la fin du concert), difficilement perceptible par moment. Une minute de silence pour les fans au fond de la salle… En somme, la prestation d’une formation ne suffit pas à faire un bon concert. Si le public est absent (et pourtant, difficile de perdre 16 000 personnes !), l’ambiance l’est aussi. Grosse déception pour une soirée très attendue.

Setlist :

B3
For What It’s Worth
Loud Like Love
Twenty Years
Every You, Every Me
Too Many Friends
Scene Of The Crime
A Million Little Pieces
Speak In Tongues
Rob The Bank
Purify
Space Monkey
Blind
Exit Wounds
Meds
Song To Say Goodbye
Special K
The Bitter End
—-
Teenage Angst
Running Up That Hill
Post Blue
Infra-Red