Troisième édition du Post In Paris, LE festival qui vous propose une programmation axée sur les musiques les plus aventureuses. Se déroulant sur une seule journée au Petit Bain, l’évènement accueille cette année deux scènes : une principale en intérieur pour les groupes en formation classique. Et une scène extérieure, ouverte à tous, accueillant des formations plus réduites et moins invasives d’un point de vue sonore !
Up in the sky
Élections oblige, le début du festival n’a malheureusement pas pu être couvert. La journée commence pour nous par le set de THE RANDOM MONSTERS sur la scène extérieure. Habituellement accompagnés de son batteur, le groupe cette fois-ci se présente sans, mais avec un chanteur. Il s’agit de Bastien, le vocaliste qui a déjà posé sa jolie voix sur plusieurs titres dans la discographie du groupe. Tout en ambiance et en finesse, les chansons, habituellement puissantes et massives, se transforment en un drap chaleureux dont Bastien serait la caution douceur. Une petite demie heure de set nous montre l’étendue du registre du groupe parisien. Une réussite qui donnera sûrement des idées à la formation pour son avenir, même si sa musique atteint sa véritable apogée lorsque tous les membres sont présents.
Alors qu’A RIVER CROSSING termine son set sur la scène intérieure, nous assistons au set de BANK MYNA. La formation parisienne propose un post rock lent et progressif. Accompagné de boucles électro pas des plus inventives, pénétrer dans son univers est un peu moins dans cette formation. Bien que sa musique regorge d’idées, cette formation réduite ne présente pas assez d’éléments accrocheurs pour apporter une véritable plus-value.
Les choses sérieuses
Voir PISCINE au Petit Bain. Vous l’avez ? Au delà de cette savoureuse boutade, le groupe de Bordeaux manie aussi bien les titres de chansons franchement drôles, que les structures alambiquées. Le trio propose un math rock bondissant et joyeux. On ne s’ennuie pas une seule seconde devant le set de ce groupe vraiment bon. Les prises de paroles sont aussi tranchantes que la musique et permet une bonne tranche de rigolade avant de bouger la tête au son des très bonnes chansons.
Pour une troisième édition, il faut reconnaître que le festival propose une formule assez radine en faiblesse. Et le public semble l’avoir compris. La salle intérieure (et payante donc) est déjà bien remplie dès 16h. Et ça ne régresse pas durant la journée. Une fréquentation aussi dense pour des groupes aussi peu connus et n’évoluant pas dans les registres les plus évidents, c’est une franche réussite. De plus, l’ambiance entre les festivaliers est bonne enfant à souhait, bien aidée par une équipe bien organisée et très agréable. En plus du bar de la salle, un stand monté par le festival propose des sandwichs pour un prix raisonnable.
Après avoir donc fait un tour du proprio, on retourne dans la salle intérieure pour se prendre la vraie baffe du jour : OVTRENOIR. Formation parisienne évoluant dans un post metal massif et froid, le groupe jouit d’une réputation grandissante. En témoigne sa participation au prestigieux festival Roadburn en avril dernier. Le set du quintette est impressionnant de maitrise, de puissance et d’émotions. Le son est parfait, la scénographie du groupe est d’un niveau franchement inédit pour un groupe de cette ampleur. Nul doute que la carrière du groupe ne s’arrêtera pas en si bon chemin tant son set a l’effet d’une déflagration.
Voyage musical
On entame la dernière ligne droite de la soirée avec les trois tête d’affiche du jour. Dans un premier temps, ce sont les Italiens de WINTER DUST qui prennent place sur scène. Le groupe évolue dans un rock alternatif très influencé par le post hardcore d’Envy et le post rock sauce emo de Maybeshewill. Sur le papier, tout pour plaire. Malheureusement, de gros soucis de son (les seuls de la journée) viennent perturber le set. Même sans les soucis de son, on peut sans trop se mouiller dire que la proposition est de loin ce qu’on a voit de plus classique aujourd’hui. Certes les textures sont de beaux hommages à des groupes comme American Football ou Moving Mountains, mais la valeur ajoutée par rapport à ces groupes n’est pas franchement perceptible. Une fois encore, notre jugement est biaisé par les soucis de son que rencontre le groupe.
On change totalement d’ambiance avec les Chinois de WANG WEN. Groupe d’une ampleur assez énorme dans son pays natal, les avoir en France représente une chance assez incroyable, merci au Post In Paris pour l’occasion. Le groupe va jouer un post rock classique sur la forme mais totalement habité. Bien que longues et immersives, les chansons regorgent de subtilités qui rendent l’écoute totalement active. L’apport des cuivres ajoute cette chaleur qui, peu caractéristique au genre, valide l’originalité du groupe. De plus, on fait face à des musiciens totalement dévoués à leur prestation. Leur dévotion est franchement émouvante tant ils semblent habiter leur répertoire. Après une heure de set qui passe bien trop vite, Wang Wen tire sa révérence devant un public conquis, qui lui alloue une chaleureuse ovation. Quelle claque !
La soirée se termine avec le set de SHY, LOW. Groupe américain originaire de Virginie, ce dernier joue une musique à la fois enlevée et profonde. Bien qu’enthousiaste et spontané, le début du set ne semble pas convaincre la foule. Toujours hypnotisée par la prestation de Wang Wen, le post rock pourtant remuant, de Shy, Low manque un peu de relief sur scène. La faute à des nuances mal gérées et le sentiment que tout est toujours joué avec la même dynamique. Bien que pas aussi convaincants qu’espéré, le groupe remporte une belle adhésion de l’audience au fur et à mesure du temps et conclue cette belle journée.
Félicitations au Post In Paris. Proposer une affiche aussi riche et diverse, tout en respectant ses festivaliers est le défi remporté haut la main par l’équipe. Quand on fait les choses avec la bonne mentalité, les astres convergent et vous permettent de réussir de grandes choses. Le Post In Paris a tout compris et avec un esprit aussi sain, nul doute que le festival pourra continuer de se développer les années à venir. En tout cas, on sera au rendez-vous !