Le Trabendo a été, le jeudi 10 septembre dernier, le théâtre d’un étrange carnaval. Au programme, de la grâce, de la virilité, de l’animalité, mais surtout de la religiosité… un peu particulière. Bienvenue, au bal des… loups-garous.
Le premier groupe à faire son entrée est XANDRIA. La coutume veut que les femmes soient les premières à être invitées, et ce soir n’a pas fait exception à la règle. En effet, c’est bel et bien une chanteuse qui ouvre la danse. Malgré sa petite carrure, la frontman impressionne et transporte par sa voix. Une demi-heure, parfois un peu monotone, mais toujours d’une délicatesse impressionnante, qui contraste avec la lourdeur de la basse, de façon générale. Un repos bien mérité avant la tempête qui va bientôt éclater. La légèreté de la musique est en accord avec la simplicité des costumes : une tête de mort est sur l’épaule de la jeune femme, en opposition à la vitalité qu’ils apportent. Le set se termine sur “Valentine”, qui vaudra au groupe un tonnerre d’applaudissements, qui émouvront la chanteuse “merci beaucoup, vraiment d’être avec nous ce soir. Nous espérons que vous aurez beaucoup de plaisir en compagnie de Orden Ogan et Powerwolf. Mais pour l’instant… Bonne nuit !”, avant de prendre une photo souvenir et de laisser les fans enthousiastes, mais apparemment déçus que leur show se termine.
C’est ensuite au tour de ORDEN OGAN d’entrer en piste. Nous les avions déjà vu sur scène en compagnie de Hammerfall. Malgré un show assez similaire, les vikings savent exactement comment mener leur combat avec brio, et humour. Contrastant avec l’ambiance créée par Xandria, les premières notes a capella de “F.E.V.E.R.” emplissent la salle de testostérone. La réponse du public est également très masculine, et ne manque pas de réactivité en reprenant les refrains, ou en répondant aux “hey” des chansons. Comme la fois précédente, le frontman prend la parole “scream for me Paris! Very very good” avant de terminer le dernier couplet et continuer “thank you very fucking much… Cheers my friends”, mais face au “hey” qui lui est répondu, il rétorque “no, when I say that, you answer “cheers Orden Ogan, which is the name of the band on stage”. Après le nouveau test où tout le monde répond ce que le chanteur a demandé, sauf une personne criant “Apérooo !”, il présente le “Fist Of Fate” et explique qu’il faut le brandir en criant “Fate” lorsqu’il chante ce même mot. Une fois encore, nous étions plus silencieux que Londres hier, et le vocaliste nous explique qu’il ne faut pas les huer parce que NOUS sommes trop silencieux, mais qu’il faut plutôt huer ceux qui ne chantent pas assez fort. Il faut croire que le bon dieu l’a punit de ces propos, puisque lorsqu’il testera la ligne de chant à nous faire chanter pour “The Things We Believe In”, il se trompera de corde. Mais l’humour n’est certainement pas ce qui manque au groupe, et nous le savons, alors cette erreur passera inaperçue. Peu avant de partir, il reprendra de nouveau la parole pour dire qu’ils seront présents sur le stand de merchandizing pour “un autographe, une photo, ou un bisou… Mais seulement pour les jolies filles. Sauf pour Neil qui accepte les bisous des garçons”. Mais malgré la bonne humeur qui règne au Trabendo, les festivités ne sont pas terminées et il est désormais temps de changer de laisser la mythologie nordique, afin de passer à un autre genre de croyances.
Enfin, l’heure du jugement dernier sonne avec les tant attendus POWERWOLF. Après la féminité, la masculinité, voici la bestialité. Les garçons n’attendent pas une seconde avant d’attaquer. Une armée de fidèles maquillés à leur image est présente, pour cette célébration aux allures de carnaval. Au rythme des “benedictus alleluia” lancés par le frontman, l’assemblée entre dans une sorte de transe, entre la psychose et l’adoration. Les spectateurs semblent comme possédés, et les mains sur le cœur ou encore les danses de certains, allant au-delà d’un simple headbang, semblent en dire long sur le pouvoir qu’a le groupe sur eux. La minute d’applaudissements et sifflements qui suivra la simple première piste ne manquera pas de prouver cette dévotion. Le frontman s’adresse alors à ses fans, avec une voix d’outre-tombe “are you ready to celebrate this mess with us? THIS is the only real metal mess’ (ndlr : êtes vous prêts à célébrer cette messe avec nous ? CECI est la seule vraie messe metal) avant d’entonner les “sanctus dominus” de “Coleus Sanctus”, et de continuer “we fight for heavy metal, do you wanna fight with us?” (prenant une petite voix) and against pop music? We don’t like it!” (ndlr : Nous nous battons pour le heavy metal, voulez-vous vous battre avec nous ? Et contre la musique pop ? Nous n’aimons pas ça !). “Amen And Attack” sera naturellement la chanson suivante, puis l’inédite en France “Cardinal Sin”, et “Army Of The Night” du nouvel album, “Blessed And Possessed”. Comme nous le confesse Attila Dorn, c’est la quatrième fois que la formation vient en France, et l’accueil est toujours aussi chaleureux. A croire que leur Eglise est comme une grande famille. Mais de fait, le groupe le rend bien, avec une esthétique et un jeu soigné : des aigles de pierre sont présents des deux côtés de la scène, devant une toile gigantesque représentant une pleine lune, avec un loup devant, la batterie placée en hauteur, au centre, à l’instar d’un orgue dans une église. Sans oublier les costumes et maquillages. Pour rappeler les T-shirts visibles au quatre coins de la salle “metal is religion”, et ce soir plus que jamais. “In Winter, we celebrate Christmas, birth of Christ; Easter, the resurrection of Jesus. But Tonight, we celebrate “Resurrection By Erection” affirme Powerwolf. Beaucoup de refrains ou phrases seront reprises à l’unisson par l’audience, mais rien de comparable aux célestes “oh oh oh oh” de “Armata Strigoi”, qui vaudront le titre de “meilleurs chanteurs d’Europe” aux fans français. Le show fut une réussite, et le combo ne s’est certainement pas fait prier pour jouer ses dix-sept chansons.
Au final, ce soir, c’était les loups contre le monde. La messe est dite.
Setlist :
Blessed & Possessed
Coleus Sanctus
Amen & Attack
Cardinal Sin
Army Of The Night
Resurrection By Erection
Armata Strigoi
Dead Boys Don’t Cry
Werewolves Of Armenia
Let There Be Night
In The Name Of God (Deus Vult)
We Drink Your Blood
Lupus Dei
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Agnus Dei
Sanctified With Dynamite
Kreuzfeuer
All We Need Is Blood
Wolves Against The World