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PRINTEMPS SOLIDAIRE (17/09/17)

Organisé par Solidarité Sida, un meeting-concert géant sur la Place de la Concorde à Paris s’est tenu dans la continuité de Solidays. Ici, il n’est pas question de lutte contre le Sida mais plutôt d’interpeller le Président de la République à propos de la contribution de la France dans la solidarité internationale et l’aide au développement des pays les plus pauvres. Ainsi, de 12h30 à 22h, de nombreux artistes et speakers de tous horizons se sont succédés pour défendre cette cause. RockUrLife y était !

 

“0,7%”, c’est la part de la richesse que chaque pays économiquement avancé comme la France doit allouer au développement des pays les moins avancés pour favoriser la paix et lutter contre la pauvreté. Du moins, c’est ce qui est prévu dans une résolution adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unis en 1970. A l’époque, le prix Nobel d’économie Jan Tinbergen estimait que si chaque pays développé accordait 0,7% de sa richesse à la solidarité internationale, cela serait suffisant pour permettre aux pays bénéficiaires de se développer durablement. Or, cet engagement n’a jamais été respecté par la France depuis cinquante ans. Sept pays européens ont déjà atteint, voire dépassé, l’objectif de 0,7%. Le but du Printemps Solidaire est donc qu’Emmanuel Macron “file son 07”, comme l’a indiqué Luc Barruet, porte-parole de Printemps Solidaire et directeur-fondateur de Solidarité Sida. A noter que le Royaume-Uni a passé le cap en 2013 suite à une campagne semblable à celle de Printemps Solidaire. Alors pourquoi pas faire de 2017 “l’année du 0,7” ?

 

 

Pour que cette campagne ait une certaine résonance auprès de la jeunesse, quoi de mieux que de faire appel à un événement tout aussi musical qu’engagé. Entre deux concerts, de nombreux speakers inspirants tels que Edwy Plenel, Hindou Oumarou Ibrahim, Esther Duflo, Raphaël Glucksmann, Cédric Herrou, Cyril Dion, Eric Dupont-Moretti, Zuriel Oduwole et Runa Khan plaident, tour à tour, pour une France plus solidaire et ouverte sur le monde. Le tout, rythmé par la présentation de l’animateur Sébastien Follin et autre Claudia Tagbo.

 

 

Des concerts, ou plutôt de showcases, au vu le nombre d’artistes présents et du temps très limité, allant de vingt minutes en début d’après-midi à quarante-cinq minutes pour les têtes d’affiche.

 

 

DANAKIL (13h25) – Sans doute à cause de l’horaire avancée en dernière minute à 12h30 au lieu de 14h comme affiché sur tous les supports de communication, le public se fait encore assez timide pour le groupe de “nouveau reggae”. On retiendra particulièrement la reprise du “Je Ne Regrette Rien” d’Edith Piaf, version reggae et world music, entonnée par les premiers spectateurs massés devant la grande scène face à la Concorde.

 

 

AMADOU & MARIAM (14h00) – Même si le temps est couvert, cela n’empêchera pas Amadou et Mariam d’apporter un peu de chaleur via leurs compositions solaires telles que “Bofou Safou”, “Sabali”, sans oublier “Dimanche A Bamako”, dont les paroles ont été modifiées pour l’occasion en “dimanche, c’est jour de solidarité”.

 

 

VALD (14h30) – La Place de la Concorde est déjà plus dense, le public est surtout composé d’adolescents, Vald oblige. Ce dernier, accompagné d’un autre MC au micro, mettra la plus grosse ambiance jusqu’à présent à ce Printemps Solidaire en vingt minutes, à coup de “Ma Meilleure Amie”, “Selfie” et autres “Eurotrap”. Et ce, même sans auto-tune.

 

 

NAIVE NEW BEATERS (15h00) – L’ambiance n’est pas prête de retomber avec David Boring, Martin Luther B.B. King et Eurobelix. Ces derniers auront comme tâche de faire chalouper la foule de plus en plus conséquente et n’auront aucun mal à le faire avec “Live Good”, “Words Hurt”, “Montecristo”, “Heal Tomorrow” sans Izia (pourtant également à l’affiche du festival) et “La Onda”, pour terminer le set de seulement vingt-cinq minutes.

 

 

TRYO (15h35) – Que serait-ce un événement engagé sans Tryo ? Encore et toujours programmé dans ce genre de rassemblement, le quintette français ne proposera absolument rien de neuf, mais c’est toujours un plaisir d’entendre ou de réentendre “L’Hymne De Nos Campagnes” ou encore “Désolé Pour Hier Soir”. La troupe en profitera pour dédier sa chanson “Watson”, tiré du dernier album “Vent Debout”, au Capitaine Watson de Sea Shepherd qu’il soutient.

 

 

C2C (16h40) – Reformé exceptionnellement pour ce Printemps Solidaire, le collectif, composé de 20Syl, Greem, Atom et Pfel, fera danser le public avec quelques morceaux de son album “Tetra” (2012), dont les fameux “Down The Road” et “Arcades”.

 

 

FFF (17h20) – Tandis que le ciel s’assombrit tout au long de l’après-midi, ce sera finalement durant le show de FFF que s’abattra le déluge, faisant fuir une bonne partie de l’assemblée. Seuls les plus courageux, armés de leurs drapeaux “Printemps Solidaires” et de leurs parapluies, assisteront au retour de la formation. Une chose est certaine : “Barbes” (dédiée aux quartiers populaires) monte toujours autant à la tête !

 

 

METRONOMY (18h00) – 18h, l’horaire à partir de laquelle les sets dureront légèrement plus longtemps qu’en début d’après-midi. Ce sera donc au quintette anglais d’ouvrir le bal. Bien que n’ayant rien sorti depuis “Summer 08” (2016), les musiciens, vêtus de blanc comme à leur habitude, feront passer les trois-quart d’heure de set au rythme de leurs hits, comme “Love Letters”, et bien évidemment “The Bay” et “The Look”, attendus par la maigre audience en raison de l’averse, qui terminera le set.

 

 

 

SUPER BAND (18h55) – A la manière d’un boeuf géant en plein air, de nombreux artistes, toutes générations confondues, se partagent la scène de la Concorde avec comme fil conducteur “la plus belle playlist live”. Comme depuis le début de ce Printemps Solidaire, les performances s’enchaîneront très rapidement, timing serré oblige. Ce all Star band débute donc la performance avec “Seven Nation Army”, repris par Rover et Yael Naïm, accompagnés par le public et ses “po po po po po po”. Le morceau des White Stripes est suivi du “Melody” de et par Bernard Lavilliers himself, lui aussi adepte des manifestations engagées.

 

 

Puis, Rover revient seul pour chanter “Heroes” de David Bowie, juste avant qu’Alain Souchon, Pierre Souchon, Ours et Gaël Faure ne débarquent pour “La Ballade De Jimmy” et, bien sûr, son classique “Foule Sentimentale”, marquant le retour du soleil.

 

 

Vient ensuite le tour de Juliette Armanet, qui entamera une cover du “I Feel It Coming” de The Weeknd, rebaptisé en “Je Te Sens Venir”, le tout interprété dans la langue de Molière en version piano/voix devant 80 000 spectateurs perplexes.

 

 

Changement total d’ambiance avec la brésilienne survoltée Flavia Coelho, qui débitera son flow aussi rapide que l’éclair sur “All That She Wants”, originellement d’Ace Of Base.

 

 

Que serait-ce un line up Solidays sans un bon Bob Marley ? Ce dernier sera assuré par Ben L’Oncle Soul, Tiken Jah Fakoly puis Imany et la douce “Redemption Song”.

 

 

Histoire qu’on ne s’endorme pas tous, Tiken Jah Fakoly reviendra avec le “Pump It” des Black Eyed Peas pour réveiller l’auditoire avant un autre comeback, celui de Yael Naïm sur le “Chandelier” de Sia.

 

 

Parmi tout ce répertoire plutôt variété nationale et internationale, on y trouve aussi du rock n’roll avec une reprise du “Give It Away” de Red Hot Chili Peppers signée Spleen.

 

 

Enfin cette heure de set se finira sous le signe de l’amour avec le “Could You Be Loved” de Bob Marley (oui, encore lui !) par Ben L’Oncle Soul, Faada Freddy et Flavia Coelho. Pas d’Izia, pourtant prévue, dans ce line up intergénérationel.

 

 

 

ARCHIVE (20h20) – Déjà à l’affiche de la 19ème édition de Solidays cette année et parce qu’il faut bien un headliner international pour le Printemps Solidaire, le collectif britannique revient pour embarquer l’assemblée pour un spectacle à la fois visuelle et sonore. En somme, une version écourtée du set d’il y a moins de trois mois à l’Hippodrome De Longchamp qui mettra tout le monde d’accord.

 

 

-M- (21h15) – Lui aussi était programmé à Solidays avec son projet L’Amomali De -M-, mais c’est seul avec ses musiciens et son propre répertoire solo que Matthieu Chedid fait son comeback pour le concert de clôture de ce Printemps Solidaire. En quarante-cinq minutes chrono, -M- enchaînera ses tubes, à commencer par “Mama Sam”, accompagné du public en guise de chorale. “Onde Sensuelle”, “A Tes Souhaits”, “Le Complex Du Corn Flakes” ou encore “Machistador” et ses lunettes lumineuses façon “îl” (2012), mais aussi un sublime hommage à Prince avec “Purple Rain” sur lequelle le chanteur prouvera qu’il est aussi un excellent guitariste, tous ses grands classiques y passent. Un super moment pop rock qui termine cette journée avec “Je Dis Aime” qui, sur la fin, verra -M- jouer de la guitare au plus près de la foule et avec ses dents SVP !

 

 

Si cette initiative de Solidarité Sida alliant engagement et plaisir aurait pu être rebaptisée “Automne Solidaire” en raison de la météo capricieuse, cette mobilisation exceptionnelle en faveur de la solidarité internationale (à ne pas confondre avec la Manif’ Pour Tous, on ne sait jamais au vu des couleurs bleues et roses des drapeaux distribués à tous les participants) aura été un succès. 200 000 citoyens se sont déplacés en ce dimanche, sorte de prolongation de Solidays délocalisé le temps de dix heures de mobilisation en plein coeur de la capitale. Voulant rassembler au maximum autour d’une cause, il y en avait donc pour tous les goûts musicaux. Et il faut bien avouer que pour un festival gratuit le temps de presque dix heures, c’est plutôt pas mal.

Il reste maintenant à espérer qu’Emmanuel Macron ait entendu cet appel et que la France devienne ainsi le huitième pays européen à atteindre l’objectif du 0,7% fixé en 1970. Lui, qui au cours de sa campagne présidentielle, avait signé l’Appel du Printemps Solidaire, s’engageant à atteindre 0,7% pour les pays pauvres d’ici 2022. Quelques mois plus tard, le gouvernement envisage une baisse historique de l’Aide Publique Au Développement (-141 millions d’euros).

 

 

 

Et si vous n’avez pas encore rejoint les plus de 300 000 signataires de l’appel, vous pouvez toujours le faire sur www.printemps-solidaire.fr.

Anthony Bé
Fondateur - Rédacteur en chef du webzine RockUrLife