En ce long week-end pascal, Prong posait ses valises au Divan Du Monde, accompagné des Belges de Steak Number Eight et des Suédois de Man Machine Industry. Une belle affiche variée mais somme toute cohérente.
MAN MACHINE INDUSTRY officie dans un registre industriel qui n’est pas sans rappeler ses compatriotes de Pain. Rapidement on sent que rien n’est révolutionnaire dans le son du quatuor nordique, mais le set est d’une réelle efficacité et passe de manière très agréable. Bien que penchant définitivement du côté industriel, la musique du groupe fait preuve d’un très bon groove teinté de thrash. Les interventions du frontman, un peu poussives, ne marqueront pas, mais le public n’est pas là pour ça. Sans s’inscrire de manière indélébile dans les esprits, Man Machine Industry aura été une très bonne mise en bouche en attendant la tête d’affiche du soir.
Changement de style plus hardcore avec le post metal des Belges de STEAK NUMBER EIGHT. Pour faire court et direct, ce set sera tout simplement un chaos total, dans le sens le plus positif qui soit. Le chanteur/guitariste finit torse nu et en nage dès la fin de la première chanson et s’amuse régulièrement à “bouffer” son micro. Le guitariste rencontre toutes sortes de problèmes de sangle, de câble, sans jamais renoncer à jouer, et sans jamais que la formation ne perde son entrain et son énergie. On en vient même à se demander comment les quatre compères arrivent à occuper ce si petit espace qui leur est réservé sans se ramasser sur la scène ou se mettre des coups à eux ou aux premiers rangs. Si cette prestation devait être résumée, elle le serait en ces termes : “chaos maîtrisé”. Il est rare de voir des musiciens se donner autant et faire preuve d’autant d’énergie et d’un comportement frôlant la transe (principalement pour le frontman). Nul doute que Steak Number Eight aura surpris et marqué les esprits avec un show coup de poing à bloc du début à la fin.
Même si il n’affiche pas complet, le Divan Du Monde a fière allure quand vient l’heure d’accueillir PRONG. Fort d’un excellent dernier album “X – No Absolutes”, le trio mené par Tommy Victor monte sur scène avec l’entrainant “Ultimate Authority”. Le combo, et notamment son leader, est d’une fraîcheur assez rare et semble bien motivé à faire passer à un bon moment à ses fans. Rapidement, le chanteur/guitariste nous gratifie de ses nombreux sauts, demande au public de se lâcher, intervient parfois en français dans le texte, vient saluer un jeune enfant au premier rang. Aucun doute, il souhaite que tout le monde se sente impliqué et ne se sente pas simple spectateur. Le batteur et le bassiste donnent de leur personne également et impressionnent par leur jeu et leur implication. Le trio fait preuve d’une belle cohésion et envoie les chansons avec un groove auquel il est difficile de rester indifférent. Quant à l’audience, relativement timide au départ, elle finit par bouger. Comment résister à un enchaînement tel que celui de l’incisif et puissant “Turnover” (“Ruining Lives”, 2014) et du frénétique “Sense Of Ease” tiré du dernier opus. Les fans de la première heure ne sont pas laissés pour compte puisque la setlist fait la part belle aux anciens albums et notamment “Cleansing” (1994) représenté par quatre morceaux dont le classique “Snap Your Fingers, Snap Your Neck” qui fait toujours son effet et clôt le set de belle manière.
Puis vient le rappel qui illustre bien la variété de la setlist. Un titre de 1990, un plus récent mais déjà classique (“Revenge…Best Served Cold”), et l’éponyme de l’album “Power Of The Damager” (2007) trop sous-estimé. Après 1h20 pied au plancher, le groupe laisse ses fans non sans distribuer quelques médiators et baguettes.
Ce fut encore une bien belle soirée avec une affiche de qualité concoctée par Garmonbozia. De bonnes découvertes en premières parties, avec mention spéciale à Steak Number Eight, et un Prong au top de sa forme qui ne déçoit pas en live, loin de là. Dommage que la bande à Tommy Victor soit si sous-estimée, tant sa musique est de qualité et d’un groove imparable, et ses prestations impeccables.
Setlist :
Ultimate Authority
Unconditional
Eternal Heat
Lost And Found
Beg To Differ
Rude Awakening
Turnover
Sense Of Ease
Cut And Dry
Broken Peace
Another Worldy Device
Whose Fist Is This Anyway?
Snap Your Fingers, Snap Your Neck
—-
For Dear Life
Revenge…Best Served Cold
Power Of The Damager