Après un dernier passage remarqué en 2020 à La Machine Du Moulin Rouge, nombreux étaient celleux qui trouvaient le temps long sans un retour de PVRIS à Paris (vous l’avez ?). Un vœu pieux réalisé ce soir, promettant une soirée alléchante qui nous a malgré tout légèrement laissé sur notre faim. Récit du concert de l’Alhambra.
CLOUD
Le duo pop folk électro CLOUD ouvre la soirée, tout en douceur et en légèreté. Avec sa musique relativement dépouillée et bercée de boucles électroniques, on est proche (en plus “acoustique“) de ce que pourrait faire PVRIS. Le côté rock hargneux en moins, la voix plus aigüe et plus sensible pour se différencier.
Les premiers applaudissements sont timides tout comme la chanteuse aux longs cheveux blonds et roses, toute en retenue et en timidité. Malgré cette pudeur, elle parvient à délivrer un set d’une demi heure réchauffant doucement les cœurs des fans dans la fraîcheur de cette soirée de février. S’éclipsant le temps de cligner des yeux, le duo a peu convaincu semble-t-il le public, applaudissant fraîchement la sortie des artistes. Dommage, peut être qu’une configuration plus intimiste ou une affiche plus folk leur aurait permis de se démarquer ?
Charlotte Sands
S’il y en a bien une qui se fait justement remarquer, c’est l’énergique CHARLOTTE SANDS ! Dès son arrivée sur la scène étroite de l’Alhambra, elle se démène, saute, danse et se colle aux premiers rangs. L’Américaine a bien l’intention de nous divertir pendant la petite demi-heure qui lui est accordée, et on sent qu’elle se livre corps et âme comme si ce concert était le dernier de sa carrière.
Les spectateurs sont très réceptifs à son set débordant d’énergie et ne manquent pas de participer “aux activités” de l’artiste : taper des mains, répéter des phrases, le tout enrobé d’une bonne dose de rock particulièrement bien exécuté. L’imparable “Dress” clôture une seconde première partie mémorable. Nous avons hâte de pouvoir revoir l’artiste en tête d’affiche, elle qui a justement clôturé une tournée solo aux États Unis en 2022. Mais d’ici là on pourra l’apercevoir au Slam Dunk Festival pour les plus impatients.
PVRIS
L’entracte entre le set de Charlotte Sands et celui de PVRIS est l’occasion pour le crew d’installer une décoration végétale sur scène : du lierre des fougères habillent différents endroits de la scène, à l’image de la pochette du single “Goddess”. Un décor apaisant, en opposition avec la musique plutôt punchy du groupe.
Dès son arrivée sur scène, Lynn Gunn captive les regards et en joue. Pas de chance par contre, la lumière met peu en valeur l’artiste et son groupe, la laissant souvent dans l’obscurité. Dommage, on aurait pu envisager une scénographie plus lumineuse.
Par contre, la frontwoman est peu prolixe en paroles et il faut attendre le quatrième titre pour qu’elle s’ouvre enfin au public. Le groupe a eu le temps d’enchaîner sans aucun temps mort “Animal”, “Monster”, “Mirrors” et “Dead Weight”, le tout sous les chœurs de l’assistance.
Les morceaux les plus anciens reçoivent cependant plus d’applaudissements et de cris que les nouveaux morceaux, pas encore assez digérés par les fans pour être scandés à tue-tête. Ce n’est qu’une question de temps et nul doute qu’avec son électro rock efficace la formation y parviendra.
La voix de Lynn Gunn est particulièrement mise en valeur ce soir, même si le début du set pâtit de basses un peu fortes et d’un son électronique omniprésent. Après quelques réglages, la voix de la chanteuse prend enfin toute son ampleur, en particulier dans les sons les plus aigus, maîtrisés à la perfection.
Le concert a un petit côté “pilote automatique” pourtant : c’est principalement dû au peu d’interactions avec l’assemblée (même si celles ci finiront par arriver sur les derniers titres, avec un “c’est mon maison” hurlé par la frontwoman sur “My House”), au manque de chaleur global et à la présentation inexistante des autres membres du groupe. Personne ne vient voir un one-man show quand on assiste à un concert, mais l’impression est mitigée.
Heureusement que du côté de la setlist c’est carré et efficace : le dernier album Use Me (2020) est bien mis en valeur et prend une autre dimension avec le fait de l’entendre en live. Les pistes électroniques tiennent la route et les instruments live également. Le set nous semble malgré tout rushé ou court, la faute aux enchaînements presque sans temps mort des titres. On se dirige très vite vers la fin du concert : “My Way” cartonne auprès de l’audience, tandis que “You And I” est la caution sentimentale de la soirée.
Avec son charisme écrasant, Lynn Gunn n’a pas grand chose à faire pour déchaîner la foule. Le simple début de “Use Me” semble faire sauter un dernier verrou de pudeur ou de retenue dans le public. Enfin l’Alhambra se réchauffe !
“Goddess”, “My House” et “Hallucinations” achèvent le concert de PVRIS ce soir, nous laissant sur une note positive.