Souvenez-vous : 2006, le rock revenait en force sur les ondes françaises. La France vient tout juste de découvrir les Arctic Monkeys et se prend “First Impressions On Earth” des Strokes en pleine face. Bref, la vague indie dégomme tout sur son passage (The Killers, Scissors Sisters et autres The Fratellis). Au milieu de tout ce marasme en jean skinny, un groupe anglais va se payer sa part du gâteau. Avec deux tubes, certes bien plus pop que ses confrères, mais bien dans la mouvance du moment. Razorlight a été l’une des attractions les plus en vue en 2006 avec son deuxième album. Plus de douze ans après, le groupe a sorti son quatrième opus en septembre dernier et vient donc le défendre au Bataclan. Pour l’occasion, il est accompagné de Bigger, groupe franco-irlandais, et de Jeremy Kapone.
C’est à 19h15 pétantes que BIGGER entre en scène. Et il fallait bien du courage au groupe pour commencer à jouer pour une petite trentaine de personnes présente dans la salle. Mais la formation ne se démonte pas et propose un rock racé, teinté d’influences plus pop et plus sombres. Dans l’esprit de Balthazar ou de Timber Timbre, la formation, originaire de Franche-Comté, n’a que faire du peu de retour du public ce soir. Bigger saisit promptement sa chance et offre un set réjouissant. Après une petite demie-heure, Bigger sort de scène sous de maigres acclamations, mais après un concert qui en aurait mérité bien plus.
Rock N’Roll Can Never Die
Pour cette date parisienne, le public du Bataclan a la chance de voir également JEREMY KAPONE. Ce jeune artiste ayant été, notamment, découvert au cinéma dans le film “LOL” sorti en 2009. Depuis ? Quelques apparitions sur grand et petit écran, 2 EP et un album plutôt passés inaperçus. Le gaillard se retrouve donc à ouvrir pour Razorlight en dernière minute. Seul en scène avec sa guitare, Jeremy Kapone nous joue quelques chansons dénudées. Quelques compos personnelles ainsi que deux reprises. Neil Young et Bob Dylan sont invoqués. Il va sans dire que cette prestation ne conquiert pas le public, plus nombreux que pour Bigger. Le jeune artiste ne semble pas avoir un univers très profond et n’est pas étouffé par la simplicité. Un hommage maladroit aux victimes du Bataclan et puis s’en va. Ces vingt petites minutes de set ne resteront sûrement pas dans les mémoires.
Être, Et Avoir Eté
Il y a des soirs où les astres ne sont pas chauds pour vous rendre la tache facile. Face à un Bataclan rempli au tiers, les RAZORLIGHT montent sur scène pourtant plein d’enthousiasme. D’un son extrêmement clair lors des premières notes, il ne faut pas attendre la fin de la première chanson pour entendre un grésillement assez désagréable émaner des enceintes de la salle. Le groupe ne se décourage pas et, une fois le problème résolu, balance “In The Morning”, premier tube de la soirée. Si la formation joue bien et semble plutôt dans l’ambiance, on n’assistera pas non plus à un concert vraiment spontané. Les morceaux défilent en mode automatique sans vraiment d’écarts. Les seules éclaircies sont les phases d’improvisations obligées lorsque Johnny Borell rencontre des soucis avec sa guitare. Ce n’est pas un concert désagréable pour autant.
Les titres issus du deuxième album de la formation rencontrent un joli succès et les paroles sont souvent clamées par une partie de l’assemblée. A défaut d’être surprenant, le concert est généreux. Razorlight offre à son auditoire un véritable voyage au cœur de sa discographie et l’audience en a pour son argent. Après une bonne quinzaine de morceaux, le quator quitte la scène et se fait désirer pour un rappel digne de ce nom. Cinq chansons seront alors jouées par le groupe qui clôturera son concert par l’emblématique “America”, ironiquement dédiée à l’Amérique de Trump. Une fois encore, la chanson que tout le monde attendait ce soir a été jouée rapidement, sans vraiment d’émotion ou d’enthousiasme. Le public semble heureux de cette prestation mais nul doute que la prochaine date parisienne de Razorlight se déroulera dans une jauge plus modeste.
Il est compliqué de fournir une prestation de qualité sans un public adéquat. Mais les groupes ont eu le mérite de rester pros jusqu’au bout. Cette soirée nous a au moins permis de découvrir les jeunes de Bigger qui mériteraient que l’on s’intéresse à eux de plus près.