C’est l’une des dernières dates de Refused qui nous emmène droit au Bataclan, histoire de reprendre une grosse claque musicale comme aux Eurocks (avec la pluie mais la boue en moins). Le concert est sold out et les gens s’agglutinent devant la salle.
Une fois les portes ouvertes, tout le monde se dirige directement au-devant de la scène, avec une ambiance collé-serré contre les crash barrières. SNA-FU GRAND DESORDRE ORCHESTRE fait alors son retour après quelques temps d’absence (la préparation d’un nouvel album en est la raison). Avec leur jeu de scène déjanté et leur fougue intarissable, le grand désordre commence à se répandre dans la salle. Le groupe francilien enchaine les morceaux presque sans trêve accompagnés d’une puissance de son maîtrisée. Le frontman remercie le public entre deux morceaux et avoue avec une joie non dissimulée leur chance d’être ici (Refused étant le groupe préféré et une grosse influence du groupe, ce genre de chose n’arrive que très rarement). Le set se termine donc avec leur titre phare “Dorian” pour enflammer encore plus le public, mais trente minutes, c’était vraiment trop court.
Viennent alors les petits jeunots de THE BOTS, que l’on a pu voir à Rock En Seine cet été –groupe composé de deux frères de 15 et 19 ans, l’un à la batterie/choeurs et l’autre au clavier/guitare/chant- pour un live qui ne laissera personne indifférent. Entre des influences comme les White Stripes et punk rock sur certains angles, les Bots ont su rendre attentif tout le public qui s’attendait à voir un groupe avec des musiciens plus âgés. Carré et très précis, leur jeune âge n’empêche en rien de faire un live aussi saisissant que surprenant. Très enthousiastes –eux aussi- de jouer avec les Refused, leurs sourires tout au long du set ont rendu la bonne humeur à tous ceux qui rentraient du boulot après une sale journée. On les sent surexcités sur scène et vraiment ravis de faire partager leur son –un peu trop parfois-, mais vu que la joie est très contagieuse, le public entier, attendri et surpris à la fois sourit et écoute les jeunes héritiers du rock ricain.
Quelques minutes plus tard, c’est un énorme rideau “REFUSED” qui orne alors la scène toute entière. Une sonorité sombre et électronique se fait entendre, monte et devient de plus en plus envoûtante. On aperçoit les membres s’accorder entre deux flashs lumineux à travers ce drapé de choix. Le rideau tombe, et le set commence par le morceau “The Shape Of Punk To Come” pour faire groover le public et lui faire comprendre ce qu’il va lui arriver. Public réceptif d’entrée : la fosse se déchaine très vite. “Refused Party Program” vient ensuite en deuxième position, et une question se pose : Auraient-t-ils fait exactement le même set que sur “Live at Umeä Open 1998/04/03” -le CD 2 de l’édition collector de l’excellent “The Shape Of Punk To Come : A Chimerical Bombination In 12 Bursts” (1998)- ? Que nenni, ce n’est pas “Circle Pit” qui suit –ouf !-. Un petit groove de plus pour “Liberation Frequency”, avec un peu plus de calme pour apaiser avant la bagarre pré-traumatique de leur dernière des dernières dates à Paris. C’est alors qu’à “Coup d’Etat” les fans plus déchainés que jamais remettent le couvert afin de profiter à fond du concert, mais la palme d’or du bordel en salle est décernée à “Circle Pit”, titre pris au pied de la lettre par le public. Et puisque plusieurs morceaux plus tard il fallait terminer le set, ce fut donc “Worms Of The Senses / Faculties Of The Skull” qui clôtura le set bien fourni en fougue et énergie. Hein ?! Quoi ?! C’est déjà fini ? Et bien non, grâce au rappel du public, nos rockeurs du nord reviennent avec le fameux “New Noise”, pour faire plaisir à tout le monde et conforter les fans de toujours qui ont découvert cet été Refused et qui ne connaissaient que celle-là. Presque tout le monde chantait, il y avait une parfaite cohésion entre le public et le groupe, et même les cris de l’audience presque calés en même temps que la version de “The E.P. Compilation” à 3:58, de quoi avoir des frissons tellement c’était prenant. “Tannhäuser” termine cette fois-ci le concert et les parisiens montrent une tristesse dissimulée, car c’était notre dernière chance à tous de les voir ici.
Un concert digne de ce nom, Refused, fidèle à sa réputation, a mis des grosses claques musicales et scéniques. Le set était construit avec des morceaux de chaque disque. C’était trop court, quelques titres de plus n’auraient pas été de refus.
Setlist :
The Shape Of Punk To Come
Refused Party Program
Liberation Frequency
Rather Be Dead
Coup d’Etat
Summer Holliday Vs. Punkroutine
The Deadly Rhythm
Hook, Line & Sinker
Protest Song ‘68
Circle Pit
Refused Are Fucking Dead
Life Support Addiction
Worms Of The Senses
—-
New Noise
Tannhäuser
Crédit photos : Pierre Gregori