Suite à la sortie du quelque peu décrié mais néanmoins très bon “Freedom”, Refused est de retour sur les routes et passe par Paris pour cette mini tournée européenne de début décembre. Si le nombre de préventes et les désistements suite aux attentats pouvaient faire craindre le pire, c’était sans compter sur les Suédois !
Failure ayant annulé, ce sont les Français de X SYNDICATE qui ont la (lourde) tâche d’ouvrir ce soir. Et c’est devant un parterre plus que clairsemé, et c’est vraiment peu dire, que débute la prestation. Quelle tristesse de voir ce magnifique Trianon si vide et sans vie. Et même si petit à petit la fosse se remplit, le public restera passif devant le show des punks parisiens. Bien qu’envoyant pas mal et ayant une belle énergie, les musiciennes n’arriveront pas à aller chercher l’audience, et elles passeront finalement plus de temps à jouer avec les photographes, notamment la chanteuse. La formation a peut être joué de malchance ce soir, mais nul doute que ce type de musique doit être plus apprécié dans d’autres conditions, comme dans une petite salle où la proximité avec l’assemblée correspondra davantage au punk brut du quintette.
La fosse s’est, tout est relatif, bien garnie, et entre trois-cent et quatre-cent amateurs, à vue d’oeil, sont là lorsque REFUSED entame son set. C’est peu pour un tel groupe et une telle salle, même si on se dit que le pire a tout de même été évité. Et les craintes sont bien vite dissipées dès les premières minutes. Le combo, et notamment son leader Dennis Lyxzén, déborde d’énergie et de puissance, mais aussi de classe. Tout a été dit sur le dernier album, mais une chose est sûre : Refused en live reste quelque chose de fou. La setlist donnera la part belle au nouvel effort “Freedom“, mais surtout au classique “The Shape Of Punk To Come” pour le plus grand bonheur des anciens fans. Les nouveaux morceaux, même si ils passent bien, voire très bien, l’épreuve du live pour la majorité, ne dégagent pas la même hargne que ceux du chef d’oeuvre de 1998. Quel pied de se prendre (ou reprendre) dans la tronche “The Refused Party Program”, “The Deadly Rythm” (avec un pont sur le riff du “Raining Blood” de Slayer !), ou “The Shape Of The Punk To Come” pour ne citer qu’eux.
La passion et la rage des musiciens semblent intactes après toutes ces années et leurs deux reformations. Il règne dans la salle, relativement vide tout de même, une belle communion et une belle énergie. Quant au frontman, en plus de toutes ses poses et danses habituelles, dignes d’un croisement entre un karatéka et un danseur, qui font toujours leur effet, il ira même à un moment prendre un bain de foule en pleine fosse. Et quand ce dernier, toujours très critique envers la politique, prendra la parole pour évoquer les attentats, il le fera avec une hargne non feinte. Il s’agira sans aucun doute du discours le plus passionné vu jusqu’à maintenant. Il dira notamment que même si le monde est un endroit pourri, la musique et les concerts sont à nous, sont notre truc, et que personne ne pourra nous enlever ça. Avant d’ajouter qu’il faut plus que jamais prendre soin les uns des autres, et s’ouvrir aux réfugiés qui fuient la guerre et la barbarie de ceux qui nous ont blessé au coeur de Paris. Un discours aussi classe et passionné que son orateur.
Quand vient le moment de l’archi classique “New Noise”, la foule est en délire et lâche tout ce qu’elle a. Il s’agit toujours d’un des grands moments des shows du combo où chacun prend son pied à n’en pas douter. Puis la formation de finir sur l’excellent, mais plus calme (encore une fois tout est relatif), “Tannhäuser/Derivè” sur lequel le chanteur nous démontre une dernière fois toute l’étendue de ses mouvements et de sa souplesse. Impressionnant à observer tant il semble dans son univers et concentré sur ses gestes.
Même si il était encore une fois décevant et triste de voir une salle si peu remplie cette semaine, c’était sans compter sur Refused, et notamment son charismatique leader, qui se sont donnés à fond comme ils le font toujours. Les Suédois n’avaient que faire du nombre de personnes présentes ce soir, ils voulaient jouer coûte que coûte et donner du bonheur aux gens, ce qu’ils ont fait avec brio. Et peu importe les avis sur le dernier album, ceux qui n’étaient pas là ce soir ont raté quelque chose. Parce que Refused en live, c’est toujours une grosse claque. A ne pas manquer au prochain Hellfest !
Setlist :
Elektra
The Shape Of Punk To Come
The Refused Party Program
Dawkins Christ
The Deadly Rythm
Françafrique
Rather Be Dead
Coup D’Etat
War On The Palaces
Servants Of Death
Refused Are Fucking Dead
Thought Is Blood
Summerholidays vs. Punkroutine
Worms Of The Senses / Faculties Of The Skull
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New Noise
Tannhäuser / Derivè