Le planning des concerts de janvier est tombé et avec lui, celui des révélations des Victoires de la Musique 2020. Une occasion parfaite pour découvrir une salle mythique et des artistes à l’opposé des musiques extrêmes amplifiées habituelles.
Conférence de presse vs petits fours
18h45. La soirée commence pas une conférence de presse présentant la 35ème cérémonie des Victoires de la Musique et ses nouveautés.
En effet, par souci de lisibilité et pour plus d’objectivité, les catégories de “genre musical” sont supprimées. Les catégories “Album” et “Chanson Originale” passent donc à cinq nommés exposant ainsi le plus d’artistes possibles.
Détail précisé et qui sonne comme une exclusivité incroyable, ils chanteront tous en direct et en live. Visiblement dans la variété cela tiens de la performance.
Enfin, trois catégories sont soumises au vote du public sur internet entre le 13 et le 14 février à savoir “Chanson Originale”, “Création Audiovisuelle” et “Concert”.
Il est tout de même bon de rappeler que ce choix du public n’intervient qu’au troisième tour de vote. Il n’est pas difficile de comprendre que le milieu fait sa popotte au préalable et nous propose finalement qu’un choix déjà très déterminé. Nouveauté, oui mais sur un chemin très balisé tout de même.
Dernière information, Florent Pagny en sera le président d’honneur. Faites en ce que vous voulez.
La conférence de presse se poursuit par une séance de questions. Enfin, une question et demi plus précisément. Car dans l’ombre apparaît le plus grand ennemi des conférences de presses musicales, le cocktail et les petits fours. Si le micro ne remporte un succès que très limité, les quilles de rouges, elles, seront les grandes victorieuses de cette première partie. Victoire par K.O pour la jolie mezzanine du Casino De Paris qui semble du coup plus comble que la salle.
Concert(s) et magie de la télévision
20h30, le public, présent sur invitation, prend place et remplit désormais la salle.
Après dix minutes d’applaudissements en tout genre et de standing ovation savamment orchestrés dans la bonne humeur pour les futurs raccords au montage, place aux prestations.
La déroulement de la soirée suivra le même schéma. Chaque artiste joue trois titres, généralement dans le trio de tête des plus écoutés sur les plate-formes de streaming, puis deux clips sont diffusés pendant le changement de plateau. Ni plus ni moins que ceux déjà joués en live. Occasionnant ainsi des surprises.
Soirée sous la signe de la féminité, cinq femmes et un homme partagent la scène.
Les nommé-es sont…
La première à fouler la scène, HOSHI– “étoile” en japonais- jeune artiste de vingt ans nommée aux NRJ Music Award 2018. L’intro est semblable à du post rock, le kick de la batterie tabasse bien, nappe de claviers et guitare atmosphérique. Bien vite, la réalité se met en place. Le single “Ta Marinière” déroule son refrain au bout des trente secondes règlementaires. A mi-chemin entre Louane et Catherine Ringer, voir des accents à la Stromae sur le titre “Femme A La Mer”. Vite écouté, vite oublié.
POMME prends la suite. La maîtrise live est nettement plus grande. Accompagnée d’une batteuse et d’une claviériste/bassiste, la configuration rappelle Jeanne Added. Son titre “Anxiété” se déroule en trois parties, rajoutant à chaque mouvement un instrument. De fait, la sensibilité du morceau et des paroles crée une bulle intimiste et intemporelle qui se poursuit tout le long de son set. Elle termine seule sur scène avec son organelle. Un jolie moment quelque part entre Agnès Obel et Lana Del Rey.
MALIK DJOUDI prend la suite. Poitevin de quarante ans, seul homme en course ce soir, délivre une électro pop synthétique caractérisée par sa voix androgyne de falsetto rappelant -M- ou Christophe. Séduisant sur papier, la configuration en duo condamne l’artiste et son musicien à une prestation très statique devant leurs claviers. De plus, le côté sensuel qu’il veut insuffler semble parfois surjoué. Le malaise n’est pas loin. C’est étrangement pendant la session clip du changement de backline que sa musique passe le mieux. En fond ça passe, en live c’est une autre histoire.
Changement d’ambiance avec MAELLE issue de “The Voice” et produite par Calogero. On passe ici sur de la variété très calibrée. Les musiciens sont totalement en retrait. A défaut d’originalité, elle a au moins pour elle la maîtrise vocale et l’énergie de ses dix-neuf ans. Elle finit en solo au piano sur “L’Effet De Masse” traitant des violences scolaires.
Avant dernière artiste de cette soirée, l’Avignonnaise SUZANE, combinaison bleue, coupe carré et artiste la plus programmée en festival cette année, déploie une très grosse énergie grâce à sa parfaite maîtrise de la danse rappelant fortement Christine And The Queens. Cependant, seule sur scène, elle est sur-assistée par les samples qu’elle balance. Tant est si bien que les refrains semblent prétextes à déployer surtout ses performances chorégraphiques. A défaut de spontanéité, on a le droit à une belle performance et des morceaux accrocheurs sous perfusion de sons inspirés de Daft Punk et de la trap music.
Finalement c’est à ALOÏSE SAUVAGE, remarquée dans “120 Battements Par Minute” et artiste multidisciplinaire, de conclure la soirée. A mi chemin entre musique urbaine et pop, l’originalité de la sa prestation tient à ses danses très aériennes à l’aide d’un filin, rappelant ainsi sa proximité avec les arts du cirque. Voix vocodée, accent proche des tendances PNL, elle dégage une certaine sympathie qui semble tronquée par une approche musicale très dans l’air du temps. Simple arrivisme ou véritable sincérité, le temps apportera ses réponses.
Cercle restreint
La cérémonie officielle se déroulera le 14 février à 21h05 à La Scène Musicale et en direct sur France 2 et France Inter. Il est regrettable de constater l’absence de groupes véritablement rock ou électro. Sous ces allures de grosse cérémonie incontournable pour les artistes, on retrouve des Jeanne Added ou PNL nommés cette année et issus du label Believe dont le directeur Romain Vivien est également…. président des Victoires de la Musique.