Figure essentielle de la scène shoegaze britannique et du mythique label Creation Records, Ride avait annoncé en automne dernier sa reformation et son grand retour sur scène, notamment en 2015, à l’Olympia. Initialement seule date française prévue de cette longue tournée commencée en UK, certains avaient fait le déplacement de province, et même d’Islande. Quasiment vingt ans après le split du groupe, les trois concerts britanniques (Glasgow, Londres, Manchester) ainsi que celui d’Amsterdam affichent sold out.
Dans le public, certes beaucoup de fans de la première heure, se souvenant de leurs concerts en 1991 aux Inrocks, en première partie de House Of Love, mais aussi quelques nouvelles têtes venus découvrir le quatuor en live.
Vers, 20h, le quartette parisien MAN IS NOT A BIRD démarre un set de six titres face à une salle d’abord très clairsemée. Avec sa casquette retournée, Valentin, l’un des deux guitaristes, est le chanteur principal, ponctuellement rejoint par une chanteuse. Les morceaux, pour la plupart instrumentaux ou chantés en anglais, évoluent dans un registre post rock avec une touche shoegaze : de longues envolées caractéristiques de guitares mélodieuses, mâtinées de sonorités tendance métal. Une ouverture sympathique pour ce qui va suivre.
21h05 : acclamés par un public impatient, les deux leaders du quartette d’Oxford arrivent avec leurs deux comparses. Barbes de trois jours, cheveux grisonnants pour Andy Bell, chapeau élégant pour Mark Gardener, les Britanniques dégainent d’emblée leur single phare “Leave Them All Behind”. Piquetées d’envolées de guitares aériennes, la ligne de basse et la mélodie sont terriblement efficaces, et le parquet tremble sous les déhanchements du public. Après l’efficace “Like A Daydream”, “Polar Bear”, chanté en duo, permet à l’assemblée de relâcher la pression sur ce concert démarré sur les chapeaux de roues. Au fond de la scène sont projetés un immense logo RIDE et quatre spirales hypnotiques. “Seagull” prend son envol sur une intro aux sonorités psychédéliques, et “Twisterella” enchainée avec “OX4” déclenchent chez les quadras des pogos endiablés. En duo et soutenu par les “woh oh oh” de l’auditoire, “Chrome Waves” donne l’occasion à Andy de jouer de la guitare acoustique, et malgré un faux départ du batteur, “Vapour Trail” est un succès repris en chœur par des fans ravis. Pour “Drive Blind”, dernier morceau avant les rappels, les Anglais montent un “mur du son” : un déluge de guitares saturées bruitistes. Coordonnés à un jeux de lumières syncopées durant plusieurs minutes chaotiques, trou noir dans leur univers de mélodies aériennes, ils reprennent et terminent leur morceau comme si cette parenthèse n’avait existé que dans nos imaginaires collectifs. Sortie de scène et retour, mais la formation annonce qu’elle ne peut jouer qu’un seul titre parmi les trois prévus; ce sera “Chelsea Girl”, pour clôturer une heure quarante de spectacle.
Si on en croit les avis recueillis à chaud à la sortie, Ride a bien réussi son comeback. Contentant aussi bien le public de ses début, (malgré un volume sonore jugé en deçà des prestations originelles), que les néophytes. Aux premières notes de clavier, les musiciens ont offert aux fans un ticket (“to Ride”) pour un voyage temporel de vingt ans en arrière. Et pour ceux qui auraient loupé le train, il est encore possible de le prendre en marche, puisque la participation au festival de La Route du Rock à Saint-Malo mi août a été confirmée.
Setlist :
Fyt
Leave Them All Behind
Like A Daydream
Polar Bear
Seagull
Sennen
Cool Your Boots
Black Nite Crash
Natural Grace
Twisterella
OX4
Dreams Burn Down
Perfect Time
Chrome Waves
Paralysed
Taste
Vapour Trail
Drive Blind
—-
Chelsea Girl