Connus pour leurs shows énergiques, les membres de Rise Against ont su rallier à eux de nombreux adeptes de leur énergie punk. Plus de vingt ans après leurs débuts, les natifs de Chicago ont délivré une soirée sous le signe de la résistance et de l’énergie.
Spiritual Cramp
Pour lancer les hostilités, nous découvrons à cette occasion le groupe de punk SPIRITUAL CRAMP. Les Californiens se présentent dans une scénographie ultra-minimaliste, au point d’emprunter au groupe suivant son backdrop et sa batterie. Un habillage finalement cohérent avec leurs intentions : directes et sans fioritures. Au sein de l’imposante formation de six membres, le chanteur attire tous les regards. Il se révèle en effet être une vraie boule de nerfs, qui ne tient pas en place et balance son micro dans tous les sens. La ressemblance physique est frappante avec Matt Shultz de Cage The Elephant. Un mimétisme qu’il achèvera en poursuivant sa performance torse nu. Musicalement, on s’approche beaucoup de Turnstile ou des Ramones. La diction est rapide, le rythme est effréné, à tel point que les chansons ne sont entrecoupées que de quelques secondes. Pourtant, malgré un show de qualité, l’ambiance ne décolle jamais réellement. Le groupe quitte finalement la scène sous les applaudissements, en disant tout le mal qu’il pense du nouveau gouvernement américain. Une prise de position qui fait écho à l’engagement politique de la tête d’affiche du soir.
L.S. Dunes
Mais avant cette apparition, la soirée compte encore une étape avec notre coup de cœur du moment, L.S. DUNES. Alors que nous avons été dithyrambiques sur leur album Violet sorti deux jours plus tôt, nous avions hâte de découvrir si la magie opérerait également en live. Nous avions notamment souligné les mélodies inspirées et la subtilité déployée. Si nous nous doutions que le rendu scénique serait plus musclé, nous étions loin du compte !
Le chanteur Anthony Green est survolté, screame et parcourt la scène (et les barrières) comme un lion en cage. Malheureusement, il faut reconnaître que la qualité vocale en pâtit fortement. Il manque un second vocaliste pour permettre à l’ex-chanteur de Circa Survive de ne pas avoir à assurer simultanément les deux lignes de chant. On voit tout de suite la différence quand un invité du nom de Steven Battelle (qui avait remplacé l’habituel guitariste, Frank Iero, lors de la dernière tournée européenne du groupe) assure les chœurs le temps de la fan favorite “Grey Vein”.
Pour ne rien arranger, les solos de guitare sont noyés dans le mix, ce qui enlève une grosse partie de ce fameux équilibre. Comme un symbole, le chanteur éclatera involontairement son micro sur scène, l’empêchant d’aller au bout de sa prestation. Une performance qui a tout misé sur l’énergie, ce qui a eu le mérite de réveiller la partie gauche de la fosse, au travers de nombreux slams et pogos.
Rise Against
Après ce moment électrique, le niveau d’excitation monte encore d’un cran. Car c’est désormais un immense backdrop orange siglé d’un “RA” familier qui domine l’Olympia. L’attente prend fin lorsque le guitariste lance le show à l’heure inhabituelle de 22h. Ses premiers accords engendrent un sentiment grisant de nervosité et d’enthousiasme. Et pour cause, tous ont reconnu “Satellite”, un excellent choix pour commencer en apothéose. Pourtant, plusieurs chansons passent et un constat s’impose : à l’image du set précédent, le mixage est plus qu’approximatif. La guitare semble inexistante, tandis que la voix de Tim McIlrath est difficilement audible. Pourtant, ses sourires encouragent le public, qui est déterminé à ne pas laisser ces soucis techniques gâcher le plaisir de leur venue.
La salle entière dégage un sentiment de communauté, tout en se révélant être le théâtre de pogos constants. La doublette explosive “Behind Closed Doors” / “Ready To Fall” permet d’ajouter le chant aux mouvements de la foule. La setlist ne se contente pas de reprendre leurs classiques et balaie de nombreux pans de leur discographie. On redécouvre ainsi “State Of The Union”, qui donne l’occasion au groupe de rappeler “qu’il est prêt pour ces temps sombres qui s’annoncent“. Face à la folie du monde, la réponse se veut combative mais aussi porteuse de fraternité. “House On Fire” aborde ainsi la thématique de l’amour, dans une énergie différente mais salutaire pour la variété du show.
Naturellement, l’un des moments forts d’un concert de RISE AGAINST est, comme toujours, la dénonciation du système militaire américain avec la vibrante “Hero Of War”. Tim se retrouve alors en binôme avec Zach Blair, avant que leurs comparses ne les rejoignent pour la montée finale émouvante. Ce moment acoustique se prolonge joliment sur “Swing Life Away”, où le frontman laisse le soin à la foule de montrer sa connaissance de ce titre. Un moment suspendu qui rappelle l’ambiance de l’album acoustique The Ghost Note Symphonies (2018).
Un set plein de “Savior”
Une douce mélancolie qui n’entame pas l’enthousiasme du parterre de trentenaires, qui repart dans l’énergie avec la toute récente “Nod”. Ce morceau inédit apporte une musicalité étonnante, ressemblant à s’y méprendre à du Volbeat. Enfin, surtout dans sa version studio, puisque le son est toujours aussi moyen. Ce bémol n’entame pas la bonne volonté du public, qui propose l’une de ses plus belles ambiances sur “Prayer Of The Refugee”, appuyée par des volutes de fumée.
Décidément infatigable, l’Olympia profite du rappel pour entamer les “woho” caractéristiques de “Make It Stop (September’s Children)”. Cette anticipation sera récompensée par l’interprétation de ce morceau figurant au panthéon de Rise Against. Ces derniers annoncent que leur avant-dernier titre “Blood-Red, White & Blue” n’a jamais été joué à Paris et demandent un circle pit. Si l’auditoire s’exécute avec joie, nous accueillons pour notre part cette annonce avec un peu de déception, qui sonne le glas de nos espoirs d’entendre des morceaux cultes comme “Like The Angel” ou “Re-Education (Through Labor)”. Car le dernier spot est réservé au classique des classiques, “Savior”, qui mettra tout le monde d’accord (à l’exception peut-être des ostéopathes, vu l’ampleur des pogos).
Alors que nous partons avec la certitude d’avoir gagné des courbatures, l’audience parisienne quitte la salle avec le sourire de ceux qui ont tout donné. Quel dommage que le mixage n’ait pas été à la hauteur, car il est assez bluffant de constater que le son de Rise Against est encore très actuel. Tout comme, hélas, son message.
