Deux semaines à peine après la sortie de leur excellent sixième album, les féroces Frères Rivaux ont posé leurs amplis sur la scène du Bataclan pour un concert d’anthologie. On y était.
19h. Bien que les portes du Bataclan soient ouvertes depuis trente minutes, les rockeurs se font rares au pied de la scène parisienne. Mais ça, c’était avant… Avant que THE SHEEPDOGS entre en scène ! Le quintette canadien a à peine le temps de jouer trois chansons que la fosse déborde. Faisant fi de leur dégaine de cowboys capitonnées, le public applaudit à tout rompre le classic rock sans chichis de ces anciens inconnus devenus incontournables. Mais quel est leur secret ?
La recette est simple : Versez une généreuse dose d’Allman Brothers dans une grosse caisse rouillée. Ajoutez une rasade d’Éric Clapton et un soupçon de George Harrison avant de saupoudrer le tout d’un peu de Doors. Mélangez et vous obtenez un groupe aux riffs tout aussi efficaces que leurs harmonies sont resserrées. A déguster dégoulinant de sueur, de préférence en live !
20h45. Trente minutes après s’être ravitaillée alternativement en air frais ou en houblon, la foule s’arrête net. Plongé dans l’obscurité, le Bataclan attend. La silhouette d’un gigantesque squelette se dessine derrière la batterie de Michael Miley. Un cœur brûlant émet tout d’abord quelques battements timides, avant de se faire assourdissant. Entrent alors les enfants les plus terribles de la côte ouest américaine, RIVAL SONS. Des toms fracassés annoncent le début des hostilités. Alors que le premier couplet de “Back In the Woods” s’échappe d’un Jay Buchanan habité, une forêt de mains s’agrippe à la scène. Plus question de reculer !
“Too Bad” vient à peine de s’achever quand il se rapproche de l’assemblée. “On joue la prochaine chanson chaque soir car vous nous avez fait savoir que vous en aviez besoin… et peut-être que c’est le cas ce soir”, déclare-t-il visiblement ému. Une jeune femme hurle : “Je t’aime Jay !”. Le chanteur esquisse un sourire, avant de lui renvoyer un “Moi aussi !” délicieusement nonchalant. Avec les premiers accords de “Jordan” vient le silence. Les larmes montent. Les mains se lèvent, et avec elles une prière pleine de joie et d’espoir que la musique demeurera le garant éternel de notre humanité.
Compagnon idéal d’une telle communion, l’émouvant “Feral Roots” achève d’accrocher un gigantesque sourire sur les visages disséminés dans l’obscurité. Tant et si bien qu’il est impossible de les arrêter de chanter. Reconnaissants, les Rival Sons prennent un instant pour contempler leur auditoire, avant de repartir de plus belle… non sans une surprise de taille ! A peine les Californiens ont-ils terminé “Stood By Me” que Buchanan lance à une jeune femme dont le petit ami vient de poser un genou à terre : “Je crois qu’il veut t’épouser ma belle…” Le couple s’embrasse. Dieu merci, elle a dit oui !
Des centaines de pieds se fracassent soudain contre le sol des gradins : l’heure du rappel a sonné. Le “cœur” de la salle se rallume. Ses battements tonitruants se mêlent aux hurlements de l’audience, et ce jusqu’à ce que le groupe reviennent sur scène. “Tous les groupes qui se sont produits ici depuis l’attaque ont essayé de vous rendre hommage. Maintenant c’est notre tour”, confie le frontman avant d’entonner l’une des plus belles versions de “Shooting Stars” qu’ait interprétée Rival Sons.
Qu’on se le dise, notre amour sera toujours plus grand que la haine.