Après un passage remarqué en décembre dernier en compagnie de Revocation et Archspire, les Américains de Rivers Of Nihil reviennent pour une tournée en tête d’affiche. Une belle et brutale soirée en vue !
Le plateau démarre avec ORBIT CULTURE. Les Suédois, qui d’habitude, évoluent dans un style mélodique et groovy, ont du mal à faire décoller la soirée. Malgré la motivation de certains et des chaleureux encouragements, le son du quatuor est tout bonnement horrible, et on pèse nos mots. La batterie -et cette caisse claire là- surplombe tout, tout ! Les guitares sont seulement audibles quand la pair attaque des sections plus aiguës, le reste n’est que bourdonnement. Frustré est Paris.
Øffrande danoise
Qu’en sera-t-il de MØL ? Les Danois seront-ils plus gâtés que leurs comparses scandinaves ? La foule est déjà plus présente et impatiente d’en découdre. Ces braves hommes semblent être attendus ! Un rapide linecheck et le set démarre. D’emblée, les conditions sont plus appréciables. Bien que la voix de Kim Song soit légèrement en retrait, comme sur les versions studio, le rendu est globalement bon. Leur set se concentre sur “Jord” (2018), le premier album. L’atmosphère dans la salle a clairement changée. Le public plonge sans attendre dans un univers musical complexe mais si agréable. Entre la violence de la musique metal et les arrangements mélodiques, sans oublier la voix du chanteur, les Danois nous font vivre une belle expérience; Mol se qualifiant de shoegaze metal.
Mention spéciale à “Bruma” mais également au frontman. Lui qui aura donné de sa personne, sur scène et dans le pit, dégageant une forte personnalité. Le parfait cocktail qu’on apprécie pour un groupe de première partie.
Place au death venu de Pennsylvanie
Il est l’heure de traverser l’Atlantique, direction des Etats-Unis. Tout comme la tête d’affiche du soir, BLACK CROWN INITIATE nous vient de Reading, en Pennsylvanie. Son death metal technique teinté de metal progressif captive indéniablement la foule. James Dorton (chant) en impose et lâche ses premières lignes avec rage. Épaulé par Andy Thomas (guitare) pour les lignes clean, le Gibus passe -sans le moindre doute- à l’étape suivante, en terme d’intensité et de ferveur. Bien que le combo ne joue que cinq titres sur le papier, les multiples variations font qu’on s’accroche à chacun des morceaux, à chacun des passages.
Côté son, même si le rendu du chant n’est pas très net (pour James), l’ensemble est malgré tout de bonne facture. On fait effectivement une fixette sur ce détail, mais difficile d’apprécier du tech death si on n’entend rien. Une nouveauté avec “Years In Frigid Light” se présente, tiré du prochain album du groupe. Quant à “Matriarch”, extrait de “Selves We Cannot Forgive” (2016), celui-ci conclue de manière quasi parfaite. Notons également la présence de Zach Strouse, au saxophone, qui fait de ses petites interventions, de purs moments de plaisir.
La confirmation
Place, enfin, à la tête d’affiche ! RIVERS OF NIHIL qui avait fait forte impression au Petit Bain en décembre dernier, dispose ce soir de plus de temps encore pour retourner le public. Alors que le changement de plateau se fait rapidement, Adam Biggs (basse) prend la parole avant de lancer le set. Jon Topore (guitare) n’est pas de la partie ce soir, il a été “retenu” à Londres la veille, sans donner d’explication, mais son comparse va bien; l’essentiel est là.
Les Américains vont donc évoluer dans un format assez inhabituel, à quatre, sans second guitariste. Adam promet “on va passer une bonne soirée, ne vous inquiétez pas !”. Chose promise, chose due ! Après une entrée avec “Soil & Seed”, place nette est faite au dernier album en date, “Where Owls Know My Name” (2018). Les dix titres du disque y passent, un par un, suivant exactement l’ordre de l’album. Cet exercice n’est jamais facile, parfois décrié, parfois salué.
“The Silent Life” et son magnifique échange de solo entre Brody Uttley (guitare) et Zach Strouse, au saxo, qui revient pour l’occasion sur scène; le tout promet, la foule ne s’y trompe pas. Alors de toute évidence, l’absence de Jon se ressent légèrement. Certaines nuances et certaines rythmiques manquent à l’appel. Rien de très choquant pour autant. De son côté, Jake Dieffenbach (chant) est en forme, avec un nouveau look, assez surprenant pour être noté.
La maîtrise
Andy Thomas (Black Crown Initiate) fera, comme sur l’album, une apparition sur le titre éponyme du disque, apportant lui aussi une nuance supplémentaire à la musique de la formation. Malgré tout l’aspect tech death, il faut bien avouer que Rivers Of Nihil développe une musique originale et pas seulement axée sur l’aspect “bourrin”, rentre-dedans, qui est souvent de rigueur avec des groupes pareils. Les atmosphères, les ambiances, alliées aux nombreux passages progressifs, rendent la musique plus captivante encore, à l’image du dernier titre “Capricorn / Agoratopia”. En guise de rappel, “Sand Baptism” fait office de dernière fessée. Paris étant coquine, la capitale en redemandait encore !
Prenez du death metal, ajoutez-y beaucoup de technique, sans oublier un saxophone et vous passez là une excellente soirée en compagnie de Rivers Of Nihil ! Un plateau homogène qui a su monter progressivement en intensité. C’est réussi.