Cette année, Rock En Seine nous a proposé une programmation variée (même s’il était difficile de trouver du rock le samedi, mais on y reviendra). Retour sur un week-end champêtre, chaud et musical !
Les incontournables
JOHNNY MARR (Scène Des 4 Vents) – Le garant de l’identité sonore des Smiths Johnny Marr est cantonné sur la petite scène des 4 Vents. Dommage quand on connaît le parcours du bonhomme et son talent. Tout comme à La Gaité Lyrique, la setlist alterne titres de Marr et titres des Smiths. Cela permet aux curieux d’appréhender la carrière du guitariste virtuose.
La surprise “I Feel You” de Depeche Mode et l’indémodable “There Is A Light That Never Goes Out” rendent les fans hystériques. Un beau moment à la nuit tombante qui aurait mérité une plus grande audience et scène.
THE CURE (Grande Scène) – C’est l’événement à ne pas manquer. The Cure nous abreuve de son rock tantôt mélancolique et funeste, tantôt joyeux et sautillant, et ce pendant près de 2h15.
Un moment suspendu dans le temps, rythmé par la nuit tombante et le sourire de Robert Smith s’élargissant au fur et à mesure du set. Une étincelle s’allume, l’ambiance s’électrise, et on se retrouve à fredonner les paroles en coeur de “A Forest”, “Pictures Of You” ou encore “Never Enough”. Le groupe n’est pas en reste : Simon Gallup assure le mouvement sur scène, Reeves Gabrels et Jason Cooper, discrets mais carrés, officient avec maestria.
Seule ombre au tableau : le décès le matin même d’un technicien du batteur Jason Cooper, endeuillant le groupe et faisant glisser sur ce concert une atmosphère étrange. Le chant parfois intimiste de Robert Smith, à la lumière (ou plutôt la pénombre) de cette perte n’en devient que plus touchant. Déjà presque deux heures quand arrive le rappel avec “The Walk”, “Friday I’m In Love” et “Close To Me”. “Boys Don’t Cry” et sa discrète dédicace au technicien disparu constitue le final idéal. Mystique.
MAJOR LAZER (Grande Scène) – La tête d’affiche du samedi soir ressemble à un cours d’aérobic pour fêtard. On en prend plein les yeux par un show à l’américaine avec écrans, danseuses, pyrotechnie et son ultra fort. Les tubes du groupe sont bien là mais on a aussi le droit à des remix de titres français (Aya Nakamura par exemple). On peut aimer ou détester mais pas rester insensible. De quoi achever ce samedi qui avait démarré en douceur et qui s’achève dans l’hystérie !
BRING ME THE HORIZON (Grande Scène) – A voir la poussière qui s’élève au dessus des premiers circle pits, on se dit que BMTH n’est pas là pour rigoler. De la violence abrupte, sèche et brutale qui a malgré tout eu besoin de temps pour démarrer. La setlist est l’occasion pour les néophytes de découvrir l’aspect le plus facile d’accès du groupe. La scénographie est visuellement incroyable (écrans et danseuses font le show), le son est excellent et le groupe assure.
Seul regret : une utilisation de samples pour les morceaux de “amo” qui ont tendance à cacher (et gâcher) le chant d’Oli Sykes. A voir le nombre de spectateurs venus assister au concert, nul doute que le groupe attire désormais un public de plus en plus large et varié.
FOALS (Scène Cascade) Que dire du dernier concert rock du week-end ? Une foule immense est devant la scène de la Cascade pour assister au concert le plus dingue de cette journée. Foals aurait amplement mérité de pouvoir jouer sur la Grande Scène. Une heure de show avec un set raccourci (quasiment celui du Bataclan) et le nouveau titre “Black Bull” offert en pâture à un public avide de sensations rock.
Yannis Philippakis fait son traditionnel bain de foule en fin de set, concluant un set de folie furieuse pendant laquelle il est difficile de rester immobile tant les danseurs et les circle pits (!!!) nous font bouger.
Les pépites
JEANNE ADDED (Grande Scène) – Proposant un concert unique accompagnée de douze choristes du Choeur de Chambre Accentus sur scène, Jeanne Added nous balance un spectacle ébouriffant. Elle est habitée par sa musique, pleine d’une énergie communicative.
Avec ses sons pop lancinants, sa musique électronique délicate et son charisme imparable, l’artiste nous propose une heure de set puissant et très beau. Les titres “Radiate” ou “Mutate” enflamment les fans, et nous donnent furieusement envie de la revoir sur scène.
JORJA SMITH (Grande Scène) – Le public, en majorité très jeune, est sous le charme de Jorja Smith. L’Anglaise prend son temps pour faire monter la pression, esquisse des petits sourires et des pas de danse, le tout sur un son R’n’B façon Mariah Carey ou Ariana Grande plus groovy.
Un concert maîtrisé de bout en bout dans lequel on cherche un peu d’âme. Ouf, celle ci apparaît sur le titre “Be Honest”, son tout nouveau single. L’occasion pour la jeune femme de proposer un son plus urbain et dynamique.
MINI MANSIONS (Scène Cascade) – La chaleur accablante de ce dimanche après-midi ne laisse de répit à personne, même au synthétiseur des Américains. Celui-ci tombe en rade au bout de deux titres. Quand on vous dit qu’il fait chaud !
Le public devant la scène est peu fourni, la faute à un soleil éclatant. Le groupe, aperçu en première partie de Muse, est de retour en France sur un set court et peu transcendant.
SAM FENDER (Scène Cascade) – Le petit génie anglais a du mal à rassembler les spectateurs en cette fin d’après midi brûlante. Plus de trace de la fatigue du début de journée, juste une furieuse envie de défendre ses titres inspirés de Springsteen (la faute à un saxophoniste sur scène). Il est métamorphosé, tourne comme un lion en cage et nous convainc avec ses chansons mélodieuses et délicieusement rock.
ROYAL BLOOD (Grande Scène) – L’invasion britannique continue en ce dimanche soir. On sous estime le dégât d’une basse et d’une batterie ! Le duo arrive en terrain conquis sur scène sous les hurlements de joie de l’assemblée.
Et d’emblée, Mike Kerr et Ben Thatcher nous balancent leur rock agressif et brutal. On est parti pour une heure et quart de folie ! Les Anglais envoient des titres calibrés pour nous faire slammer et pogoter, ultra efficaces. C’est violent, mais extrêmement bien exécuté !
Les découvertes
WE HATE YOU PLEASE DIE (Scène Des 4 Vents) – Les Rouennais proposent une musique hystérique et leur set énergique convient parfaitement à ce début de soirée caniculaire. Le chant est agressif et décomplexé. A revoir ce groupe, au son garage punk, avec des morceaux plus aboutis sous le coude.
GIRL IN RED (Scène Cascade) – La Norvégienne Marie Ulven et sa guitare électrique en bandoulière secouent les festivaliers. Ca joue du surf rock hargneux avec beaucoup de bonne humeur. A part les moments de flottement entre deux morceaux, meublés par le blabla de la chanteuse guitariste plutôt inutile, le set est efficace.
KITCHIES (Scène Firestone) – Introduit par le chanteur Corneille, le groupe français Kitchies et son look mi-surfeur mi-années 1990 envoie une pop sucrée chantée en français et anglais. A déguster sur la plage avec un Mojito bien frais.
DEERHUNTER (Scène Cascade) – Un peu de répit en cette fin de dimanche avec Deerhunter. Les Américains, jouant un rock indie presque folk, attirent une foule intriguée. Ou tout simplement des spectateurs cherchant un coin d’herbe pour dîner. On est peu convaincu, à revoir dans une salle plus intime.
Sans oublier le son électronique pour public averti d’APHEX TWIN, la soul jazzy de CELESTE, le mix imparable de POLO & PAN, la déception MATILDA HOMER, le désir de tout casser de BAGARRE…
Trois jours plus tard…
Trois journées trois ambiances radicalement différentes : là où vendredi on sentait une certaine tension électrique dans l’air, la faute au set de The Cure et aux sosies de Robert Smith croisés dans la journée, le samedi était plus propice au farniente et aux cool kids. La programmation éclectique et peu cohérente dans son ensemble n’a finalement pas fait décoller l’ambiance. Changement de style pour le dimanche qui nous a redonné foi en les programmateurs du festival.
Côté logistique, on peut déplorer le manque de points d’eau et de toilettes, créant des queues monstrueuses de plus de quarante minutes. Côté nourriture et boissons, la multiplicité des stands et des options aura permis à tous de trouver de quoi se nourrir et s’abreuver. Autre fait : la grogne des fans des Cure, pour certains présents depuis très tôt dans la journée, n’appréciant pas du tout la venue des photographes pour le concert. L’accès au pit n’était pas pratique et cela a crée des tensions.
Depuis dix-sept éditions, Rock En Seine enflamme nos fins de saison parisiennes. L’ouverture de la programmation depuis quelques années a suscité la grogne des puristes. Cette année, le vendredi et le dimanche auront eu le mérite de nous proposer un spectre rock varié. Par contre, le samedi et sa programmation moins portée sur les guitares nous aura peu convaincu. A l’année prochaine pour, on l’espère, une affiche intéressante !