Après deux ans de pandémie perturbant la tenue des festivals de musique, Rock En Seine revient avec une édition XXL.
Les incontournables
Arctic Monkeys
Première grosse tête d’affiche du festival, c’est une masse compacte devant la Grande Scène qui attend et trépigne d’impatience en ce jeudi soir. Un très joli coup d’envoi rock à cette première soirée.
Tout le monde attendait Arctic Monkeys. Il n’y a qu’à voir le nombre de T-shirts du groupe que nous avons pu croiser sur la journée du jeudi ! L’occasion aussi de voir que les fans ont vieilli avec le groupe. Loin de nous les mèches adolescentes et les jeans serrés des années 2010 : il n’empêche que la fanbase est là et qu’elle a répondu “présent” en masse.
C’est donc assez difficilement que l’on se fraie un chemin vers le centre de la foule pour essayer d’apercevoir au mieux la bande d’Alex Turner.
“Do I Wanna Know?” lance le concert et met le public en transe dès les premiers accords de guitare. Cependant, force est de constater que le groupe, comme nous, a vieilli : plus sages, moins vilains garçons, les musiciens et le chanteur semblent quelque peu sur la retenue. Ou alors c’est la setlist qui donne cette impression : passés les hits “Why’d You Only Call Me When You’re High?”, “I Bet You Look Good On The Dancefloor” ou l’incontournable “R U Mine?” en ultime morceau, le rythme des spectateurs semble ralentir. On se trémousse un peu moins, les têtes se balancent un peu plus. Les gens semblent plus dans l’attente du prochain morceau, sans grand enthousiasme.
L’excitation des premiers morceaux passée, l’écoute du nouveau titre “I Ain’t Quite Where I Think I Am” ne soulève guère d’applaudissements. L’accueil est tiède, ce qui n’augure pas d’un accueil très favorable au prochain album The Car. Le temps parlera pour nous.
Il faut croire que nous avons tous vieilli car malgré un concert tout à fait correct, nous n’avons pas retrouvé la fougue de A.M.. Occasion quelque peu manquée de retrouver notre adolescence.
Kraftwerk
Entre le set de London Grammar et celui tant attendu de Nick Cave, le public se déplace doucement vers la Scène Cascade en cette chaude soirée de vendredi. Un public extrêmement varié ce qui nous intrigue beaucoup : Kraftwerk n’est pas forcément une musique accessible, mais le fait de pouvoir se dire que l’on a vu les pionniers de l’électro allemand a dû en décider pas mal à rejoindre la scène.
La scénographie est sobre : quatre pupitres rectangulaires et quatre croix incrustées dans un écran rouge.
Entre temps, on nous a tendu un petit paquet blanc dévoilant une paire de lunettes 3D. De quoi intriguer encore plus, jusqu’à ce que le morceau “Numbers” ouvre le set et nous incite à chausser nos lunettes. Les formes géométriques, les chiffres et toutes les incrustations se dévoilent devant nos yeux.
Avec les sonorités froides et électroniques de “Radioactivity” ou “Autobahn”, le public d’habitués (et de néophystes) est conquis. Le spectacle est total et c’est une véritable œuvre d’art en mouvement devant nous. Certains sont restés assez froids face à cette musique qui l’est tout autant. Mais d’autres, comme nous, se sont laissés aller au voyage proposé par les Allemands. Entre expérience musicale et installation d’art moderne, un concert comme nul autre nous aura été proposé ce soir.
Nick Cave & The Bad Seeds
N’ayons pas peur des mots : le concert de Nick Cave fut le moment le plus intense et le cathartique de toute cette édition de Rock En Seine. Mais rembobinons au tout début de soirée.
Après Kraftwerk vient le temps de se frayer un chemin jusqu’à la Grande Scène. Tous installés et bien campés sur nos pieds, nous n’attendons qu’une chose : que l’Australien vienne bousculer nos certitudes et notre soirée. Autant dire que la tâche sera facilement relevée et ce dès le début de ce show mystique de près de deux heures.
Loin du crooner de ses albums, Nick Cave se transforme sur scène en un prédicateur habité, un quasi martyr toujours au contact du public. Il n’y a qu’à le voir s’accrocher aux mains de ses fans avec ferveur comme à une bouée de sauvetage.
A la fois bonté (“O Children”, morceau d’une tristesse à pleurer) et amour (“I Need You”, qui a sûrement brisé le cœur des 30 000 personnes venues acclamer l’Australien), Nick Cave n’en oublie pas pour autant le rock pur et dur. Son hommage au King avec le morceau bluesy à souhait “Tupelo” en est un bel exemple.
Seule chose que l’on peut éventuellement reprocher au showman : un manque de véritables hits rock, si l’on enlève “Red Right Hand” qui a soulevé la foule. Nick Cave s’est donné corps et âme à son public qui le lui a bien rendu. Un baptême rock qui en aura transcendé plus d’un.
Tame Impala
Souvenez-vous : en 2019 à We Love Green nous avions été époustouflés par la performance des Australiens. Totalement transportés à l’époque, c’est très enthousiaste que nous nous rapprochons péniblement de la Grande Scène en ce samedi soir. Les rangs sont serrés, les regards tendus vers la scène. Puis tout s’arrête, et le concert démarre sous les hurlements de la foule.
Difficile d’être déçus par un spectacle aussi grandiose : le travail des lights est absolument incroyable, les jeux de lasers bluffant et l’immense anneau surplombant le groupe très impressionnant. La musique nous transporte toujours autant et est très bien exécutée. Mais… Tame Impala est devenu une grosse machine. L’émotion et la sincérité nous manque un peu ce soir. Alors peut être que les conditions n’étaient pas réunies pour que nous puissions profiter de la performance impeccable de Kevin Parker, mais nous restons quelque peu sur notre faim concernant l’émotion.
Malgré tout c’est presque une expérience mystique de profiter de “Elephant” ou de “Let It Happen” avec une mise en scène aussi sublime. Là où le groupe perd en spontanéité, il le gagne en profondeur sur les morceaux et en scénographie.
Pour ceux qui découvraient Tame Impala c’était un set excellent. Pour ceux qui connaissaient déjà, peut être un moment moins excitant que ce qu’il aurait pu être.
Stromae
Conclusion de ce dimanche et du festival, ce serait un euphémisme que de dire que Stromae était attendu. Nous avions eu la chance de découvrir son dernier show en date aux Vieilles Charrues qui nous avait convaincu. A voir ce soir si l’essai est aussi concluant à Saint-Cloud.
Ouvrant le concert avec une longue cinématique présentant un double de Stromae en image de synthèse, le génie belge balance les premiers uppercuts sur “Invaincu” et “Fils De Joie”, faisant chanter la foule en préambule de “Tous Les Mêmes” qui fait littéralement décoller la soirée.
Stromae reste un artiste avec des textes sombres : il le dit lui même en rigolant, mais continue malgré tout de nous faire danser sur des rythmes dynamiques. Le dyptique “Mauvaise Journée” / “Bonne Journée” nous fait entrevoir la psyché de l’artiste : tantôt dépressif et malheureux, tantôt enjoué et triomphant, c’est avec un fauteuil lui servant d’accessoire qu’il “danse“.
Les musiciens et Stromae déroulent un set sans accroc, hormis peut être le petit chien robot compagnon de l’artiste qui décide d’obéir à ses ordres. Un peu de spontanéité dans une grosse machine bien rodée. Nous en retiendrons cela, en plus du plaisir de pouvoir entendre “Papaoutai” et “Alors On Danse”.
YUNGBLUD
Alors que dans les festivals outre-Manche et outre-Atlantique, Dom est programmé en tête d’affiche, il se contente de jouer en plein après-midi à Rock En Seine. Pourtant, ce ne sont pas les fans qui manquent vu le nombre de fans rassemblés à la Grande Scène qui mettront jusqu’ici la meilleure ambiance du festival, et ce du début jusqu’à la fin du set.
Car un concert de YUNGBLUD, en plus d’être du pur divertissement, c’est un véritable moment de communion et de partage, où chacun a sa place malgré ses différences. Et le Britannique le fait très bien, il ne cessera de demander un circle pit (sans succès *sic*), de faire sauter la foule, non sans prendre soin de son auditoire en lui lançant des bouteilles d’eau et même de la bière de temps à autre ! Le moment fort du show sera la participation de l’auteur, compositeur, interprète et musicien français Waxx sur “fleabag” à la guitare.
YUNGBLUD a conscience qu’en seulement onze morceaux, il n’a pas le temps de s’attarder sur son nouvel album éponyme YUNGBLUD sorti une semaine plus tard, avec seulement trois titres interprétés (“Memories”, “The Funeral” et l’avant-première française de “Tissues”). Ce n’est pas un hasard si l’Anglais a choisi de se produire à l’occasion de trois showcases à La Maroquinerie le lendemain du festival. La setlist est donc composée des titres les plus efficaces de sa discographie comme “strawberry lipstick”, “parents”, “The Funeral” sur lequel il arbore fièrement le drapeau tricolore) mais aussi sa reprise du morceau de Machine Gun Kelly avec qui il a collaboré sur “I Think I’m OKAY”.
Le concert se termine assez brutalement sur “Loner”, certains festivaliers s’attendant peut-être à un éventuel rappel. Raté. Il faudra patienter jusqu’en mars 2023 pour assister aux quatre prochaines dates françaises de YUNGBLUD dont le 3 mars au Zénith Paris – La Villette !
Les pépites
November Ultra
November Ultra est l’ovni de la journée, voire même du festival. Sa pop folk jouée au clavier ou à la guitare dénote sur l’affiche. Mais sa sensibilité extrême et sa voix pure aura convaincu la foule de spectateurs bien installée devant la Scène Du Bosquet.
Sous la chaleur, nous nous serrons tous pour profiter de ce moment. Dès le premier titre, difficile pour November Ultra de retenir ses larmes. Ce sera un set d’une très grande sensibilité, exécuté avec beaucoup de talent par son interprète bavarde et rigolote entre deux chansons plutôt tristes.
La longue ovation à la fin de son set démontre à quel point elle aura fait chavirer nos cœurs en cette chaude journée. Et nous a amené l’espace de quelques minutes dans sa chambre d’adolescente, dans son intimité et au creux de ses chansons.
IDLES
Suivant le flux de spectateurs sous la chaleur lourde de ce jeudi, nous nous installons confortablement devant la Grande Scène pour profiter du set, qui s’annonce comme fou, des Anglais de IDLES.
Après deux concerts à guichets fermés à Paris cette année, autant dire que l’attente est grande pour tous les fans des originaires de Bristol. Comme toujours, Joe Talbot mène son groupe à la baguette, tout en énergie et en rage dévastatrices. Tels des pantins désarticulés, chacun dans son petit monde imaginaire et déjanté, les musiciens dansent sur des rythmes qui leur sont propres et offrent au public une étrange chorégraphie surréaliste.
Niveau musique cela tabasse toujours autant : avec son set débridé, brutal, bruyant et désordonné, le groupe de Bristol incite les spectateurs au crowd surfing ou au circle pit. Des incitations bien entendues reprises par les fans dans la foule, créant avec joie de grands circle pit dévastateurs au beau milieu d’une foule compacte et transpirante.
Les titres “Mother”, “Danny Nedlko” ou encore “I’m Scum” mettent tout le monde d’accord et nous balancent à tous une grande gifle. Décidément inarrêtable, IDLES continue de tout balayer sur son passage. Un grand moment punk.
Fontaines D.C.
Notre emploi du temps de ce jeudi 25 septembre étant particulièrement chargé, nous ne pouvons pas assister à tous les concerts que nous aurions voulu. Qu’importe, il y a quelques uns que nous n’aurions voulu manquer pour rien au monde et le set des Irlandais de Fontaines D.C. en fait partie.
Une grande foule se masse devant la Scène De La Cascade pour profiter du concert des Dublinois. Après leur concert de l’Olympia qui avait beaucoup fait parler de lui, les curieux comme les plus fans ne manquent pas à l’appel des musiciens. Côté communication c’est toujours aussi pauvre : les musiciens interagissent peu avec le public mais qu’importe, le set est carré et bien exécuté. On pardonnera donc ce manque de communication, mettant cela sur le dos d’une discrétion ou d’une timidité forte.
“Sha sha sha” aura le mérite de chauffer la foule à blanc, et de donner le ton pour le reste du set : malgré un petit coup de mou quasiment imperceptible, la tension ne retombe pas et la prestation des Irlandais est excellente. Ils auraient sûrement mérité un set sur la Grande Scène mais qui sait, peut être pour l’année prochaine ?
Les surprises
GAYLE
Cette année, c’est la chanteuse américaine, tout juste 18 ans, qui a la lourde tâche d’ouvrir les festivités au Domaine National De Saint-Cloud pour son tout premier concert en France. Pas facile et encore moins pour une artiste totalement inconnue pour une grande partie du public, composé d’une poignée de fans dans les premiers rangs, mais surtout de curieux et autres impatients des autres têtes d’affiches de ce vendredi que sont YUNGBLUD et autres Arctic Monkeys.
Non seulement Taylor Gayle Rutherfurd, de son vrai nom, doit ouvrir l’édition 2022 de Rock En Seine, mais en plus elle doit faire découvrir son univers aux Français. Accompagné sur scène d’un batteur et d’un bassiste également aux claviers, elle débute son court set de huit chansons par “luv starved”, également le premier des six titres son EP a study of the human experience volume one qui sera interprété dans sa quasi totalité. Sans oublier son nouveau single fraichement sorti, “indieedgycool” et premier extrait du prochain EP a study of the human experience volume two à paraître le 7 octobre.
Si pendant une bonne partie du set, l’assemblée réagit plutôt sagement aux compositions et à l’énergie pourtant débordante de GAYLE qui se donne à fond, c’est sa reprise du “Bad Reputation” de Joan Jett & The Blackhearts qui réveillera enfin la Grande Scène. C’est évidemment sur le final “ABCDEFU” qui mettra tout le monde d’accord. Forcément, on a toustes en tête un(e) ex qu’on a fini par détester en entendant le tube qui a fait décoller la carrière de GAYLE !
Aurora
17H35 et l’étrange fée Aurora glisse pieds nus sur la Grande Scène. Une vision presque éthérée de la chanteuse norvégienne, tout de blanc vêtue (tout comme son groupe). Méfiez vous de son air angélique, et sous la glace réside le feu du rock : Aurora entame son set avec “Heathens”, hymne à Mère Nature punchy à souhait. Sa voix impressionne par sa justesse, sa légèreté et sa grande sensibilité. À elle seule, ses musiciens étant statiques, elle habite l’immense espace de la Grande Scène. Elle court, saute et enchaîne les pas de danse en permanence, sans jamais être essoufflée. Elle n’en oublie pas malgré tout son public qui lui rend tout son amour, en le remerciant plusieurs fois de sa voix haut perchée et enfantine. Comme si une petite fille était bloquée dans ce corps féminin virevoltant.
Pomme rejoindra un peu plus tard dans le set la chanteuse norvégienne, pour interpréter pour la première fois en public (et ensemble, les deux chanteuses ayant collaboré à distance) “Everything Matters”. L’un des plus beaux moments de ce concert, plein d’amour et de douceur.
Avec son hymne aux “weirdos” “Giving In To Love”, Aurora nous incite avec chaleur à être nous même et à nous accepter comme nous le sommes. Un bel appel à la tolérance et à l’acceptation de soi, repris en chœur par un public conquis et sous le charme de l’artiste.
Izia
Qui connaît Izia sait que ses concerts sont souvent mouvementés. Une fois n’est pas coutume, la chanteuse aura mis le feu à Rock En Seine malgré le fait d’être installée sur la Scène Cascade, semblant trop petite pour elle. En effet, elle va tout au long du set arpenter l’endroit en dansant, chantant, hurlant. Une vraie furie habitée par la musique, qui souffrira malgré tout d’une fosse relativement calme. Elle aura bien du mal à la faire se trémousser.
Côté setlist c’est un poil plus compliqué. Izia a une discographie très vaste, variée et parfois en dents-de-scie. Donc hormis son titre “La Vague” qui va faire bouger les premiers rangs, les autres morceaux ont tendance à glisser sur le public sans provoquer de vague justement. Hormis la jolie reprise du morceau d’Higelin “Irradié” devenant un mega tube, le reste est plat et ne suscite pas l’enthousiasme du public. Dommage pour la performance de l’artiste qui en tout cas n’a pas économisé ses forces et son sourire.
Parcels
Si c’est bien un concert pendant lequel nous avions prévu de nous trémousser, c’est celui des Australiens de Parcels. Et nous n’avons pas été déçus !
Sur les planches, c’est en formation collée serrée que s’installent les musiciens. Facilitant la communication, les regards, cela nous permet également d’admirer leur talent de musiciens et de noter l’entente entre tous. On sent leur amour pour les uns les autres et le public, ainsi que leur plaisir tout au long du concert.
Avec “Overnight” et l’enchainement de folie “Tieduprightnow” / “IknowhowIfeel” on est projetés au cœur même du concept du groupe pour la soirée : rallonger les titres, les remixer, faire monter la sauce et prendre un pied monstrueux. C’est exactement ce qui se passe !
Le public s’éclate, le groupe aussi et la reprise du “I Follow” de Lykke Li achève de transformer le parterre en dance floor géant. Il nous tarde de les revoir !
Lulu Van Trapp
Plutôt qu’aller voir La Femme, nous avons décidé de faire les choses autrement et de profiter de la relative petitesse de la Scène Firestone pour profiter de Lulu Van Trapp.
Mélangeant les influences françaises des années 1980 au niveau des textes ou des tempos, et une image déjantée et très travaillée, le groupe s’inspire aussi beaucoup de Bowie et des Cramps. Le sens du spectacle tient à cœur du groupe, et c’est d’ailleurs un spectacle complet qui nous sera donné de voir.
La chanteuse Rebecca se jette allégrement dans la foule, tombe la veste en jean pour dévoiler un bikini, harangue les fans, lance son chapeau de cow boy. Le reste du groupe n’est pas en reste et musicalement cela tient bien la route. Il n’y a qu’à voir le nombre de personnes qui jettent un œil curieux sur la formation française, et qui finissent par rester pour profiter de la performance délurée de la bande.
En tout cas ils ne ménagent pas leurs efforts sur scène et imposent leur patte théâtrale sur la Scène Firestone. Une belle découverte.
Holly Humberstone
C’est sous un ciel nuageux que nous prenons place devant la Grande Scène, dans les premiers rangs, pour découvrir le set et la pop d’Holly Humberstone. La scène est un peu grande pour elle et son unique musicienne derrière les fûts, et la chanteuse anglaise a du mal à occuper tout cet espace. On peut se demander la pertinence de l’avoir installé sur une si grande scène. Mais avec sa pop rock parfaitement exécutée et son aisance et sa maturité derrière son micro ou ses claviers, Holly Humberstone nous offre une prestation carrée, maîtrisée et préfigurant d’un succès certain.
Les déceptions
James Blake
Une petite bulle de douceur dans une après midi relativement rock : sur le papier un set de James Blake nous invite à la rêverie, la détente et de la musique douce. Le rock a donc laissé la place pour le temps d’un concert à de l’électro pop, parfois réussi, parfois moins. James Blake est accompagné de musiciens brillants, mais avec une scénographie un peu triste. Assis derrière son clavier, difficile de faire très dynamique.
La voix est là, l’énergie aussi mais nous restons quelque peu sur notre faim. Peut être que la fin d’après midi n’était pas le meilleur moment pour apprécier “Say What You Will” ou qu’un festival ne se prête guère à sa sensibilité.
London Grammar
Disons le tout de suite : le set de London Grammar était en deçà de nos espérances. La voix éthérée d’Hannah Reid, très en retenue et en timidité, n’aura pas suffit à nous convaincre. La prestation du groupe anglais est sage, trop sage, et ne provoquera pas de remous dans la foule. “Hey Now”, tube incontournable du trio, fera à peine bouger les spectateurs, semblent circonspects devant le manque d’enthousiasme du groupe. Alors, fatigue ou set en pilote automatique ? La fin seule du set réveillera les plus endormis avec un superbe “Lose Your Head” devenant hymne disco.
Une petite déception vécue comme une surprise, et un set peu enthousiasmant.
Jamie XX
Autre déception de notre week-end : le set de Jamie XX le samedi 27 août. Là où comme beaucoup de spectateurs nous pensions assister à un set plutôt rock délivré par l’ancien musicien de The XX, et donc de pouvoir découvrir son univers et son propre répertoire, nous sommes restés circonspects devant ce qui s’avère être un set entièrement électronique.
Les basses sont très puissantes et nous font nous trémousser malgré tout, mais le manque de communication (ne serait-ce que relever la tête pour regarder son public) du musicien nous refroidit. Pas désagréable quand on aime l’électro, mais pas non plus novateur.
Au final, qu’en retenir ?
Record d’affluence de près de 150 000 festivaliers, polémique autour du golden pit, têtes d’affiche ayant marqué l’histoire du festival et les spectateurs. Voici pour les grandes lignes. Les chiffres parlent d’eux mêmes : 82 concerts sur quatre jours de festival dont trois sold out. Alors, est-ce une réussite ?
Pour l’organisation assurément. Malgré l’annulation de la journée du mardi, les spectateurs ont répondu présents pour les autres jours. Revenons en au sujet de discorde du golden pit : réservé à un public ayant payé plus cher et prenant la place de la moitié de la fosse de la plus grande scène du festival, le golden pit a relancé les discussions autour des zones VIP. Ne nous voilons pas la face : importé des Etats-Unis, le modèle des festivals et des concerts proposant plusieurs catégories de prix (jusqu’à trente pour un concert comme celui de Justin Bieber) risque de s’implanter, à terme, dans les festivals estivaux. Le but étant de créer un festival qui soit résilient et attire un public toujours plus nombreux, et donc génère de la rentabilité. En tout cas cela aura fait grincer des dents et remis en cause le credo de la culture qui se doit d’être ouverte à tous (ici, ouverte à toutes les bourses en tout cas).
Tirons notre chapeau à la programmation : variée, diverse, pouvant satisfaire tous les publics, elle nous a permis de faire de belles découvertes. Difficile de s’ennuyer avec la quantité d’artistes tous plus différents les uns que les autres. Autre point fort : l’augmentation des points de restauration, permettant à tout un chacun de trouver son bonheur dans l’offre proposée qui allait du vegan à… la charcuterie corse.
Les organisateurs nous ont assuré que si nous avions aimé Rock En Seine 2022, nous allions adorer l’édition 2023. Nous avons hâte de confirmer cela l’été prochain, toujours dans la poussière et la chaleur du Domaine National de Saint-Cloud.
Textes : Anthony Bé, Laura Navarre
Photos : Emilie Bardalou