La biture du samedi soir ne suffisant pas, Rock Your Week-End permet de terminer la semaine en beauté. Tous les mois, le tremplin se propose de mettre en avant plusieurs groupes de la scène rock française. Pour la 18ème édition, Sweet Revenge, The Chasers, Last Leeway, Memories Of A Dead Man et Backtrack Lane se sont succédés sur la scène du Batofar. Particulièrement enthousiastes, les formations pop, metal, hardcore et hard rock n’ont pas omis de mettre leurs mères à l’honneur.
Lorsque nous descendons dans la cale, la salle n’est que peu remplie. Les écrans LCD sont déjà opérationnels alors que le dernier album de La Dispute retentit dans les enceintes. Tandis que les jeunes membres de Sweet Revenge se mettent en place, amis, familles et fans se rapprochent de la scène. Nous sommes dimanche soir, le soleil se couche à l’extérieur du Batofar et le show commence dans une ambiance particulièrement détendue. Après deux, trois faux- départs, Charlotte tente de capter l’attention de l’assistance pendant l’introduction : “Est- ce que vous êtes prêts à faire couler ce putain de Batofar ?!”, dit- elle avant d’enjoindre le public à former un circle pit. La salle étant peu remplie, circle pits et slams sont exécutés par six irréductibles particulièrement motivés. Eclairés par les écrans LCD, Sweet Revenge enchaînent leurs titres post hardcore. Sur “Goodbye Goodnight” (plutôt pas dégueu), ils sont rejoints par un certain Benoit (plutôt pas dégueu).
La soirée démarre donc sur les chapeaux de roue et prend un virage mélodique avec The Chasers. Le quintette essonien présente “Close To Howling”, leur premier EP dont la sortie devrait ravir les amateurs de rock alternatif et de claviers et ponts post hardcore. Le premier extrait, “Taste Of Your Soul”, est assez représentatif du style de The Chasers, emmenés ce soir par le sensible Marc.
Pendant l’entracte, nous remarquons la présence d’enfants. La soirée prend des allures de kermesse de fin d’année quand les parents agitent les bras et hèlent leur musicos de mioches, à coups de “oh ooooh” et de “coucou”. Marquant le début de la transition, “Let’s Bang” de Shaka Ponk annonce le changement de registre, du juvénile screamo au méridional indie rock. Pour leur première scène à Paris, Last Leeway manquent de pot. Les niçois mettent du temps à régler leur connectique. Constatant des failles matérielles, ils obtiennent très vite l’aide des autres musiciens présents et peuvent enfin jouer leurs morceaux pop rock. Malgré la très relative réactivité côté public, Last Leeway ne se démontent pas et paraissent prendre du plaisir. L’énergique reprise de “Velociraptor” suscite la curiosité de ceux qui connaissent le hit de Kasabian. Enfin, ils dédicacent le dernier morceau “Closer To Galaxy” à leurs génitrices présentes dans le public. Après cette délicate ballade, ils nous quittent avec le sourire qui les a accompagnés tout au long de cette agréable performance.
C’est au tour de Memories Of A Deadman de jouer. Soutenus par un groupe rock/ska sur deux titres, ils présentent pour la première fois leur nouvel album, “V.I.T.R.I.O.L.”. Pied bandé posé sur une enceinte, Ben déclame ses sombres paroles avec aplomb. A ses côtés, Audrey sème le chaos rien qu’en pinçant les cordes de sa basse. Comme d’habitude, nous prenons une bonne petite rouste scénique et découvrons un second album cohérent et des compositions toujours aussi riches. Le public conquis acclame longuement MOADM et réclame un rappel. A la place, le passage d’une version live de “Sabotage” provoque plaisir et pincement au coeur un mois jour pour jour après le décès d’Adam “MCA” Yauch. Mais l’arrivée des Backtrack Lane fait oublier la tragédie qui a touché les Beastie Boys.
Visiblement impatient de jouer, Raph nous salue d’un affectueux “Hey, motherfuckers!”. Quelques réglages et l’intro de leur premier album sorti le 30 avril, “Black Truths And White Lies”, est lancée. Il s’agit également d’une release party pour les quatre gars de Courbevoie. Avec le premier titre, “Watch Out”, Backtrack Lane démontre d’entrée de jeu son groove. Très vite, nous sommes captivés par la voix explosive de Raph, bien plus claire que sur CD. Le set est agrémenté d’une version punk rock du classique “New York New York”, d’une cover hard rock de l’incontournable “Nightcall” de Kavinsky, de chorégraphies décalées et… d’une distribution de sucettes. True story. Bien que nous hésitions entre un rappel à l’enfance et une possible interprétation lascive, Backtrack Lane déploient tout leur romantisme sur la ballade “Some Memories Remain”. Le groupe nous quitte avec “Running Away”, après un show énergique et déjanté.
La 18ème édition de Rock Your Week-End présenta une vaste palette de groupes rock français. De musiciens en plein perfectionnement aux formations confirmées, la soirée fut l’occasion de se détendre en musique au Batofar, autour d’une scène qu’il faut plus que jamais encourager.