Trois ans après son passage par Clisson au Hellfest 2014, la bande d’Atlanta Royal Thunder est de retour en France et fait vibrer les Étoiles à l’aide de son nouvel album, “WICK”.
Alors qu’une partie des Parisiens s’émerveille à la vue des premiers flocons de neige de la saison qui dégringolent dans les rues de Paris, une petite centaine de personnes se réfugie bien au chaud dans l’intimiste salle des Étoiles. Loin des mélodies saturées de la tête d’affiche du soir, UNIA ouvre les hostilités tout en douceur. Seul avec sa guitare acoustique, l’artiste franco-espagnol fait résonner ses mélodies pop rock face à une salle encore clairsemée. Tchatcheur et énergique, le musicien parle du Maroc où il vit, de New York, de son admiration pour Paul Simon, dont il reprend avec enthousiasme “Graceland”. Riche d’influences multiples, mais probablement pas beaucoup de communes avec le hard rock de Royal Thunder, le pop rock teinté de folk d’Unia détonne dans le programme de la soirée mais reçoit un accueil bienveillant. De son set enjoué, on retient surtout l’accrocheur single “All Of Me”, extrait de son EP à venir, “Love In Cage”.
À 21h, les guitares deviennent électriques, la voix se fait plus rauque, place à ROYAL THUNDER. Le quartette d’Atlanta débarque sur scène avec discrétion, alors que la playlist joue encore. Battements frénétiques, riffs incendiaires et grondements sourds, les Américains ne font pas de manières et rentrent directement dans le vif du sujet. S’il est venu présenter son dernier album, “WICK“, publié en avril, le groupe ne renie pas pour autant ses anciens titres et fait la part belle à ses deux premiers albums, “Royal Thunder” et “CVI”. Des accents rock n’roll de “Low” à la mélancolie sombre de “Hotel Bend”, Royal Thunder mêle sans fioritures les albums et les genres. Pur hard rock rentre dedans sur l’offensive “Whispering World”, passage par le progressif sur l’épopée “Time Machine”, la bande, pas très bavarde, s’exprime à grands coups de riffs furibonds et de grondements torturés.
Le guitariste Josh Weaver et le batteur Evan Diprima se démènent sur leurs instruments respectifs, mais c’est évidemment sur Mlny Parsonz que tous les yeux sont tournés. Plus à l’aise lorsqu’il s’agit de rugir que lorsqu’elle adresse de timide mercis à la foule le visage caché derrière les cheveux, la chanteuse/bassiste est la force de la formation. Sa voix chaude, parfaitement maîtrisée, passe de murmures graves à des hurlements retentissants avec une aisance affolante. À l’image du groupe, la frontwoman dégage un habile mélange de puissance et de douceur, poussant sa voix dans ses retranchements avec la même force qu’elle gratte les cordes de sa basse. Un peu plus démonstratif, son acolyte et ex-mari Josh Weaver se lance dans un solo déchainé sur la sombre “April Showers”.
Sur scène ou dans le public, tout le monde reste plutôt statique, mais cela semble davantage être dû à une volonté de profiter de chaque note qu’à une retenue quelconque. Dans un coin de la salle, quelques membres de Mastodon, à peine remis de leur concert de la veille à l’Élysée Montmartre, profitent de leur passage à Paris pour assister au concert de leurs congénères d’Atlanta. Après un câlin groupé, les quatre membres de Royal Thunder fuient rapidement en coulisses, pour mieux revenir avec le surpuissant “Parsonz Curse”. Sept minutes de headbangings, de tension explosive et de mélodies tortueuses plus tard, batteur et lead guitariste font leurs véritables adieux pour ne laisser sur scène que Mlny Parsonz et le guitariste Will Fiore. En guise de cerise sur le gâteau, les deux musiciens offrent une version épurée de “Plans”, extrait du dernier album. Uniquement accompagnée des grattements électriques de son guitariste, Mlny Parsonz laisse sa voix surpuissante conquérir chaque recoin des Étoiles, entre cris déchirants et lamentations chaudes. Une sublime façon de conclure le show, ultime preuve que la voix de sa chanteuse est la botte secrète de Royal Thunder.
En toute simplicité, la bande de Mlny Parsonz dose avec équilibre puissance et finesse. Ouragan dévastateur par moments, Royal Thunder cache derrière ses mélodies ravageuses et la voix rauque de sa chanteuse une douceur assumée qui lui va terriblement bien.