A la guerre comme à la guerre. Stationnez vos chars, prenez votre flasque, ajustez votre moustache et venez festoyer comme au bon vieux temps !
Direction le parc de La Villette et l’une de ses incontournables salles. Trois groupes, trois ambiances mais un même public. Le Zénith affiche complet et c’est devant un parterre compact que s’élance le premier groupe.
Fraîchement signé chez Nuclear Blast Records, AMARANTHE ouvre les débats. Le sextette suédois présente la particularité d’évoluer à trois voix. Un exercice peu courant mais pas si inintéressant. Avec cinq albums studio au compteur, la musique proposée suscite le débat. Outre une utilisation bien excessive de samples et de chœurs enregistrés, les principales lignes mélodiques proviennent de Elize Ryd (chant), Henrik Englund Wilhelmsson (chant) et Nils Molin (chant). Basse et guitare n’apportent malheureusement pas de réelle plus-value. De plus, au sein même de leur musique, les influences sont assez diverses et peut-être trop diverses. L’aspect metal est perceptible mais les sonorités très colorées et enjouées nous font perdre le fil. Quoiqu’il en soit, la réaction du public est sans appel puisqu’il a positivement interagi avec le groupe. Une demi-heure correcte même si l’on peut -légitimement- rester perplexe également.
String “metal” quartette
Changement total de décor et d’ambiance avec les incontournables APOCALYPTICA ! Calé en seconde position, on peut légitimement s’interroger sur leur présence sur une telle tournée. Exit les guitares, place aux violoncelles. Eicca Toppinen, Paavo Lötjönen, Perttu Kivilaakso et Mikko Sirén s’invitent sereinement sur scène et démarrent avec “Ashes Of The Modern World”, extrait de leur nouvelle production.
Comme Mikko nous l’a expliqué, dans le cadre de la sortie de “Cell-O“, le mois dernier, ce retour aux sources implique de nombreuses choses. Que ce soit les rythmes, les ambiances et cette volonté de retrouver des compositions instrumentales, Apocalyptica signe un retour remarqué avec ce neuvième album. “En Route To Mayhem” illustre d’ailleurs cet ensemble.
Néanmoins, la balance des sons est critiquable. Les basses et la batterie surplombent incroyablement le tout, difficile de souvent bien distinguer Perttu et Eicca. Frustrant. Très même. Pour ce qui est du reste, Elize d’Amaranthe accompagne le quatuor pour “I Don’t Care” et une reprise de Rammstein, “Seemann”. Difficile ensuite de passer à côté de “Seek & Destroy” et le final sur “Nothing Else Matters”, sous une pluie de téléphone scintillant. En résumé : un nouveau disque qui tient ses promesses mais des conditions sonores ne le sublimant pas. Heureusement le groupe annonce son retour pour l’automne !
Chef, oui chef !
Place au combat, à la poussière mais surtout, place à l’Histoire ! Thématique récurrente, les Suédois sont connus pour leur passion envers les événements historiques, et particulièrement ceux touchant aux différentes guerres, de différentes époques. SABATON blinde le Zénith, une première ! A vrai dire, c’est une confirmation évidente en France. Les nombreuses dates en salle et en festival, dont la double l’été dernier au Knotfest et au Hellfest (remplaçant Manowar, on s’en souviendra pour toujours), montrent l’intérêt grandissant du public français.
L’excellent “The Great War” (2019) est au centre des débats. Le neuvième disque studio renvoie à la Première Guerre Mondiale et la scénographie suit naturellement cette thématique. Nous en avions d’ailleurs longuement parlé avec Joakim, avant sa sortie. Lancé sur “Ghost Division”, parfait détonateur, Paris entre ensuite dans ce qu’est “The Great Tour”. Le solennel “The Attack Of The Dead Men”, le puissant “Seven Pillars Of Wisdom” qui fait référence à Lawrence d’Arabie ou encore “The Red Baron”, renvoyant à Manfred von Richthofen, pilote et surnommé “Le Baron Rouge”. Il n’est donc pas surprenant de voir notre cher baron, aux claviers, qui lui-même prend les traits d’un avion. Sacrée surprise, et superbement bien pensé ! “82nd All The Way” complète cet ensemble de nouveautés, parfaitement agrémentés par d’anciens morceaux tels que “Night Witches”, imparable !
Ça bastonne !
Le show se poursuit. Les conditions sont optimales. Aucun vent, pas de pluie, la tempête n’est pas à l’ordre du soir, les ennemis éliminés mais sur scène. Détonations, flammes, lightshow et habillage, c’est très animé et dynamique ! Même si les guitares de Chris Rörland et Tommy Johansson auraient méritées d’être légèrement plus en avant, l’ensemble est solide. Hannes van Dahl (batterie) du haut de son char marque les temps et le taulier Pär Sundström (basse) harangue la foule comme à son habitude.
Profitant d’une légère pause, Sabaton revient sur scène avec le trio à cordes d’Apocalyptica et lance “Angels Calling”, extrait de “Attero Dominatus” (2006). Peu surprenant vu que les deux formations ont revu ce titre en novembre dernier. Vient ensuite “Fields Of Verdun”, sans doute le titre phare de dernier album, que les Finlandais ont d’ailleurs repris aussi, avant la version officielle ( !!! ). C’est en toute logique que le featuring continue. Ceci dit, la balance est compliquée et l’électrique prend le pas sur les trois comparses d’Apocalyptica, mais les senteurs à cordes restent assez perceptibles, de quoi sublimer ces moments. En revanche, de les voir rester pour “The Lion From The North” et “Carolux Rex”, une bien belle surprise ! Visuellement, la présence de huit musiciens dans une telle mise en scène est magnifique !
Stratégie et tactique
Les fans donnent, reçoivent et sont fin prêts pour l’ultime bataille. Le rappel est attendu avec “Primo Victoria” et “Swedish Pagans”, de quoi remobiliser les troupes en vu du final. Les Suédois interprètent également “Bismarck”, pour lequel ils avaient tourné un clip impressionnant, en pleine mer. Enfin “To Hell And Back” amène son grain de folie, de groove et de danse pour conclure en beauté !
Une victoire par K.O ! La bataille est gagnée, mais la guerre tournée est encore longue. Sabaton avance ses pions, et ses chars, et s’imposent. Tack!