Reports

SEASICK STEVE @ Bataclan (21/05/15)

Seasick Steve et la France, c’est désormais une belle histoire d’amour, et le barbu à salopette et à casquette n’hésite pas à y poser régulièrement ses drôles d’instruments. C’est une nouvelle fois chose faite en ce jeudi soir sur la scène du Bataclan pour une date unique et ne faisant pas réellement partie d’une tournée.

NINA ATTAL est une jeune artiste française dont le style peut être qualifié de soul. Etant d’habitude entourée d’un groupe de musiciens, elle officiera ce soir en solo avec sa guitare ou son clavier. Bien que le talent de la chanteuse ne soit pas à remettre en question et que son set acoustique ne s’avère pas déplaisant, on aurait préféré la voir en configuration groupe afin de pouvoir apprécier ses morceaux à leur juste valeur et d’être peut être un peu plus proche du “thème” de la soirée. En tout cas, la musicienne a un cran indéniable et déjà pas mal de charisme, et elle ne se laisse pas démonter devant la foule déjà bien compacte et qui surtout ne cessera jamais de parler durant tout le set, créant un bruit de fond perturbant.

 

 

SEASICK STEVE n’étant pas l’artiste le plus rare en France ces dernières années, il n’est pas étonnant de voir le Bataclan avec balcon fermé et fond de fosse bien aéré. Cela ne vient en rien perturber le public qui s’impatiente et se lâche lorsque le vieux briscard monte sur les planches, d’abord seul pour débuter “My Donny”, puis rejoint par son acolyte, le batteur Dan Magnusson. Viennent ensuite deux titres de son nouvel album “Sonic Soul Surfer”, dont le single “Summertime Boy”, auxquels l’audience réagit très bien, et qui montre que le fait que la salle n’affiche pas complet ne perturbe en rien l’enthousiasme du chanteur. Puis ce dernier cède à son gimmick habituel sur “Walkin’ Man” qui le voit faire monter une jeune fille de l’assemblée pour laquelle il va jouer yeux dans les yeux, lui déclarant inlassablement “my name is Steve and I’m your walking man”. Le morceau suivant, “Roy’s Gang”, montre que le dernier opus a la pêche. Le bluesman est, comme à son habitude, pas avare en anecdotes, tel un grand père musicien ayant parcouru les coins les plus reculés des Etats-Unis, et racontant toutes ses histoires à ses petits-enfants. Malgré tout, l’homme, bien qu’assis sur sa chaise la majeure partie du concert, respire la jeunesse, la vie et la fougue. Sourire aux lèvres en permanence, il nous gratifiera, comme toujours, d’un défilé de ses instruments fait maison et produisant des sonorités uniques qui nous ravissent et nous embarquent. Steven Gene Wold est clairement un as du “Do It Yourself” en ce qui concerne la guitare. La bouteille de Jack Daniel’s est ici, et c’est de circonstance, remplacée par une bouteille de vin que l’artiste dégustera par intermittence tout au long du set. On a l’impression d’être à une soirée intimiste en compagnie d’un bon pote qui a tant à nous raconter et nous apprendre. Généreux, ce dernier n’hésitera pas à saluer la jeune Nina Attal pour sa prestation en première partie, ainsi que Caroline, sa maison de disques en France. Il précisera d’ailleurs que c’est bien la première fois qu’il remercie une maison de disques. Après onze titres et 1h15, c’est déjà l’heure du rappel qui voit le set se terminer par le classique “Dog House Boogie”.

 

 

Ce soir, et ce malgré les plus grosses barbes de la salle, les hipsters n’étaient définitivement pas sur scène mais dans le public. Seasick Steve aura fait danser, bouger et sourire, avec toute la générosité et la sincérité qu’on lui connait. On aura voyagé au fin fond du Mississippi le temps d’un soir, et même si, à force, on commence à connaître les anecdotes, instruments et gimmicks de l’artiste, on y aura pris un plaisir non feint.

Setlist :

My Donny
Bring It On
Summertime Boy
Walkin’ Man
Roy’s Gang
Baby, Please Don’t Go
Don’t Know Why She Love Me But She Do
Right On Time
Barracuda ’68
Keep On Keepin’ On
Thunderbird

—-
Gentle On My Mind
Dog House Boogie