ReportsSlideshow

SIGUR RÓS @ Zénith (04/11/22)

De retour après une pause de cinq ans, le trio islandais s’est aventuré dans une tournée mondiale de longue haleine. RockUrLife était présent lors du premier arrêt au Zénith de Paris. Retour sur un concert hors du commun et du temps.

Amputée d’Orri Páll Dýrason, son batteur depuis 1999, la formation n’avait pas donné de signe de vie depuis 2018. Entre temps, Kjartan Sveinsson, qui avait quitté le groupe en 2013, y est revenu et la machine à sons islandaise est repartie pour un tour.

Le double passage de SIGUR RÓS au Zénith de Paris tombe à quelques jours du vingtième anniversaire de l’un des albums les plus acclamés du groupe, celui sans titre mais désigné par son artwork : ( ). On aurait pu penser, vu l’événement, que les Islandais en auraient profité pour en jouer l’intégralité. Hélas ce n’est pas le cas, même si une majorité des morceaux du disque (six sur huit) seront joués ce soir.

Rouleau compresseur (émotionnel)

Pendant les deux heures et demie que durent le concert, le trio (quatuor sur scène) s’emploie à faire ce qu’il a toujours fait. Envoûter son public. Les moments doux et oniriques sont légion, en particulier lors de la première partie. Sigur Rós choisit par exemple d’entamer la soirée avec les trois premiers morceaux de ( ), “Vaka”, “Fyrsta” et “Samskeyti”. Une plongée en douceur dans l’univers de la formation. L’ampleur du son et des émotions forme un contraste saisissant face à l’instrumentalisation minimaliste (peu de basse, encore moins de batterie) des ces morceaux.

La voix captivante de Jón Þór Birgisson, dit Jónsi, même lorsqu’elle craquelle, reste pure et cristalline comme sur les albums. Plus encore, même, ce qui rend l’instant d’autant plus majestueux. Il n’est d’ailleurs pas rare de voir certains dans l’audience essuyer des larmes dès les premières chansons.

Comme un avant-goût de ce que nous réserve l’avenir, le groupe joue “Gold 2”, une somptueuse immersion post rock (virant sur le drone) qui, à l’instar de Valtari en 2013, laisse briller la voix de Jónsi par-dessus une nappe éthérée de piano et de guitare.

Perdus en mer (de son)

En revanche, quand Sigur Rós se décide à vraiment faire du bruit, c’est un véritable raz-de-marée sonore qui déferle sur le public. À l’image des immenses “Ný Natterí” et “Dauðalagið”. Ou encore lorsque le bassiste, Georg Hólm, fait résonner sa basse à la fin de “E-Bow” et de “Kveikur” déjà bien fracassantes elles-mêmes. Les vibrations et larsens sont intenses, au point même que certains doivent se boucher les oreilles.

Sigur Rós sait également allier ces deux côtés, le gros son et le magnifique, dans ses chansons et le retranscrire au centuple lorsqu’ils les jouent sur scène. Comme lorsque l’introduction au piano laisse place au fracas -puis retour au calme- sur “Sæglópur” ou sur la palpitante “Gong”.

Festival (pour les yeux et les oreilles)

Le trio propose pour cette tournée une scénographie assez minimaliste mais diablement efficace. A l’image de sa tournée de 2013, Sigur Rós utilise des ampoules (LED cette fois) en plus de l’écran géant derrière eux et des différents projecteurs pour ajouter à l’ambiance feutrée. Une installation du plus bel effet, notamment lorsque la note de sonar qui annonce “Svefn-g-englar”.

Arrivé à la conclusion du second set, le temps semble avoir filé à une vitesse folle. Après avoir quitté la scène le temps d’une minute, comme un rappel miniature, le groupe y revient pour clore la parenthèse de cette soirée. La formation entame “Festival”, ode à la joie et l’exaltation. Puis enchaîne avec “Kveikur” (au son assez brouillon en live, seul bémol du concert) et finit avec le cathartique et titanesque “Popplagið”, qui ferme chacun des concerts du groupe depuis 2000.

On sort de la salle avec un bourdonnement chaleureux qui joue indéfiniment dans les oreilles et peut-être aussi dans l’âme.

Sigur Rós Setlist Le Zénith, Paris, France, World Tour 2022

1 Commentaire

  1. Merci pour cette review qui m’a replongé dans le meilleur concert que j’ai pu faire jusqu’à maintenant, les mots sont parfaitement choisis et décrivent avec justesse la performance incroyable que le groupe nous a offert ce soir-là 🙏

Comments are closed.

Corentin Vilsalmon
J'aime la musique, j'aime écrire, pourquoi ne pas allier les deux ?