Un peu plus de six mois après leur concert quasi-complet à La Boule Noire, les Californiens repartent pour une nouvelle tournée européenne. Toujours dans l’optique de défendre sur scène leur dernier disque en date “Better Nature“, les Américains voient cette fois-ci les choses en grand avec, en guise d’amuse-bouche, une date parisienne à La Maroquinerie. Un pari ambitieux qui s’avérera au final payant et qui ne fera que croître le succès de Silversun Pickups dans l’Hexagone.
Avant de découvrir en live la formation alt-rock étasunienne, c’est aux français de PAERISH que revient la tâche toujours délicate de chauffer la salle. Première partie officielle de ce voyage européen, le quatuor semble enchanté par cette opportunité, d’autant plus que les quatre amis préparent actuellement la sortie de leur premier long-format “Semi Finalists”, le 2 décembre prochain. Un petit coup de pouce non négligeable, en somme. Avec un backdrop tout neuf, un batteur au fond à gauche d’estrade et le matériel de la tête d’affiche déjà sur place, il ne reste finalement que peu d’espace sur scène pour les musiciens restants, surtout lorsque Mathias Court (chant/guitare) et Martin Dupraz (basse) extériorisent leur bonne humeur à coup de sauts et autres formes d’euphorie. Fort heureusement, cela n’empêchera pas Paerish de présenter comme il se doit ses nouvelles chansons dynamiques et énergiques, à l’instar de l’intro “Winona Ryder”, “I’ve Got Punched In The Face, What’s Your Excuse?” et du tube “Undone”. Mieux, plutôt à l’aise, les Parisiens profiteront de la bonne ambiance et de la bonne réactivité du public pour faire une pointe d’humour, annonçant timidement que leur album est disponible en exclusivité sur cette tournée et qu’ils espèrent qu’il ne leakera pas avant. Le message est clair.
Vingt minutes plus tôt que sur le planning, c’est à 20h40 que SILVERSUN PICKUPS fait son apparition dans l’enceinte de La Maroquinerie. Tout sourire et d’humeur taquine, le frontman Brian Aubert, face aux nombreuses exclamations de joie de la part de l’assemblée, demande dès les premières minutes le silence complet, tel un professeur dans une salle de classe, afin de pouvoir saluer proprement les personnes présentes et débuter sans accroc “Cradle (Better Nature)”, titre d’ouverture du dernier disque de SSPU. Ce soir, peu de superflus niveau scénographie et musique pour les Américains : place est faite pour un concert brut et concret, un trip où spleen et gaieté se croisent et se confondent volontairement. Car alors que le set sonne dans son ensemble nostalgique, ce sont des sourires et de sincères remerciements que dégagent les musiciens en live, à commencer par la bassiste Nikki Monninger, réceptive à chaque réaction de l’auditoire. Mais celui qui se donne le plus en spectacle et amuse le plus la galerie avec ses attitudes et sa façon d’être n’est autre que le chanteur-guitariste, n’hésitant pas à taquiner dans l’excès les fans du premier rang et à insister sur quelques running gags (notamment sur le fameux et trop poli “welcome back” de la fosse en réponse à son “bonsoir merci”). Un aspect divertissant qui ne lassera visiblement ni l’Américain ni l’audience.
“On n’aurait jamais pensé que vous seriez si nombreux ce soir”, peut-on entendre en milieu de soirée. Et pour cause, la fosse ne désemplit pas une seule seconde, sûrement le résultat de la course effrénée qu’est la performance de Silversun Pickups. Habile mélange des différents disques de leur discographie, les Californiens n’imposent en rien leur nouvel album mais proposent un mélange réfléchi de ce qu’ils ont de meilleur, à en écouter les cris lors des premières notes de “The Royal We”, “Little Lover’s So Polite” ou encore “Lazy Eye”. Même lors de “The Pit” (introduite par un discours anti-Trump et par un très drôle “cette prochaine chanson est bizarre”), la réactivité ne faiblit pas. L’ambiance n’est, bien sûr, pas celle d’un concert de punk où les pogos sont les bienvenus (bien qu’une personne ait plus ou moins réussi un crowdsurfing hasardeux) néanmoins l’attention est grande, les mouvements de tête nombreux et les sing along de rigueur. Finalement, en bout de course et après un long rappel durant lequel les premiers rangs reprendront la mélodie de “Panic Switch”, le quatuor se remettra en selle pour trois chansons, dont l’incontournable “Kissing Families” extrait de l’EP “Pikul” (2005). Une clôture fédératrice que tout le monde attendait de pied ferme, une nécessité.
Les Américains de Silversun Pickups ont, en ce mardi soir, une nouvelle fois prouvé qu’ils étaient capables de rameuter du public au delà de leurs frontières. Sans artifice, les deux formations ont proposé deux sets de qualité bien que significativement différents, digne de ce qu’est le rock alternatif de nos jours.
Setlist :
Cradle (Better Nature)
Well Thought Out Twinkles
The Royal We
Nightlight
Circadian Rhythm (Last Dance)
The Pit
Little Lover’s So Polite
Friendly Fires
Latchkey Kids
Panic Switch
Dots And Dashes (Enough Already)
Lazy Eye
—-
Three Seed
Cannibal
Kissing Families