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SKINNY LISTER @ La Boule Noire (10/02/24)

A quelques jours de la reprise de Koh-Lanta, RockUrLife a décidé d’aller jusqu’à La Boule Noire pour assister au retour des trublions de Skinny Lister, accompagnés de Tim Vantol. La perspective d’un beau moment de réunification de la folk et du punk ?

Tim Vantol

Dix minutes avant le début du show, les rangs assez clairsemés nous font craindre le pire. Mais au moment où TIM VANTOL arrive, un rapide coup d’œil en arrière nous fait constater que le parterre s’est largement garni. Ouf ! Un sondage à main levée nous informe qu’il n’y a que trois personnes qui ont déjà vu le Néerlandais auparavant. Loin d’être décontenancé, ce dernier est comme un poisson dans l’eau. Sa prestation est constamment ponctuée d’échanges chaleureux avec l’assemblée, qui le lui rend parfaitement. Sa voix cassée est un régal, et nous donne davantage la sensation d’être transporté dans un pub irlandais que dans le port d’Amsterdam.

L’auteur de “Better Days” nous apprend qu’il tourne depuis une quinzaine d’années, et qu’il a notamment partagé la scène avec Chuck Ragan. Si la filiation est évidente avec le leader d’Hot Water Music, sa folk évoque également l’énergie punk acoustique de Dave Hause et Frank Turner. Rarement une première partie aura fait face à une audience aussi impliquée. Les sourires sont légion, la foule reprenant à l’unisson les demandes d’accompagnement du chanteur. Vantol traduira même une partie de sa chanson pour faciliter sa reprise par le public. Alors que l’artiste s’apprête à effectuer le soir même les dix heures de route nécessaires pour rentrer chez lui, nul doute que les nombreuses marques d’affection lui permettront d’arriver avec le sourire ! Un artiste généreux qu’on s’empressera de découvrir sur disque.

Skinny Lister

Cette très belle introduction a parfaitement chauffé le public, et présage du meilleur pour la suite de la soirée. Il ne faudra approximativement que quatre secondes et trente-trois centièmes pour que La Boule Noire rentre en communion avec SKINNY LISTER.

La formation n’a pas son pareil pour maintenir une ambiance incroyable. Dès “Wanted”, l’accordéoniste Maxwell Thomas harangue l’assemblée, qui réagit au quart de tour à grand renfort de “hey” tonitruants. Il est frappant de constater qu’une décennie d’existence n’a absolument pas entamé la passion communicative qui habite chaque membre. Même le plus timide Dan Gray fait tournoyer son imposante contrebasse comme s’il s’agissait d’une guitare.

L’influence des Dropkick Murphys, avec lesquels ils ont souvent partagé la scène, est naturellement perceptible. Le curseur du punk a cependant été poussé quelques crans en dessous, au bénéfice de celui du fun. “Rattle & Roar” et l’addictive “Damn The Amsterdam” nous donnent l’impression de faire partie d’un équipage naviguant sur un fameux trois-mâts à la conquête des Amériques. Ce périple est néanmoins traversé d’une tempête. Son nom : Lorna Thomas. Seconde vocaliste du quintette, chaque moment non chanté est l’occasion de diffuser sa douce folie. Descendant dans la fosse à plusieurs reprises, elle se livrera à de nombreuses facéties, contribuant à rendre ce set inoubliable. Se faire porter par la foule ? Simple. Danser bras dessus dessous avec les spectateurs : basique. Organiser des séances de bras de fer en pleine fosse, en utilisant le dos d’un spectateur comme table : tout simplement sa façon d’incarner la bien nommée “Arm Wrestling In Dresden”.

Aisance et enthousiasme

En dépit d’une jauge relativement modeste, il règne une atmosphère extrêmement festive, à laquelle participe de façon continue les spectateurs présents ce soir. L’audience est très familiale, jusqu’à sur scène, puisque le père de Lorna et de Maxwell viendra interpréter “William Harker”, comme sur la version studio. Cet invité d’honneur sera soutenu de bout en bout par la salle, d’abord bienveillante puis réellement bluffée par la remarquable aisance démontrée. Le chanteur guitariste Daniel Heptinstall conclura que s’il fallait une ultime raison d’acheter l’album Shanty Punk, nous l’avions.

Ce dernier disque est bien représenté (“Company Of The Bar”, “Unto The Breach”) et donne l’occasion de reprendre son souffle avec la champêtre “Mantra”. La formation a l’intelligence d’équilibrer sa setlist avec des chansons plus posées, à l’image de “What Can I Say” ou de la rêveuse “Colours”, qui rappellera des souvenirs aux fans de la première heure. De quoi permettre de faire passer de bouche en bouche l’immense jarre de rhum (!) à travers la fosse.

Heptinstall souligne son plaisir de jouer devant un public si bruyant, connaissant les nouvelles et plus anciennes compositions. Sans surprise, les classiques du groupe n’ont pas pris une ride, et la foule s’époumonera sur “Cathy”, pogotera gentiment au son de “Geordie Lad” et fera un boucan de tous les diables sur “This Is War”. Lorna semble décidée à faire passer un nouveau cap à l’ambiance sur la géniale “Trouble On Oxford Street”. Séparant elle-même la fosse en deux camps, elle donnera le go à un improbable wall of death, achevant de propulser le show dans la folie.

Après un rapide rappel, la maîtresse de cérémonie mènera la charge au micro avec l’énergique “Hamburg Drunk”. Alors que ce dernier concert de la tournée touche à sa fin, hors de question de se quitter sans un dernier morceau fédérateur. Les Dropkick Murphys ont “Kiss Me, I’m Shitfaced” Les Londoniens ont quant à eux “Six Whiskies”. Le groupe entame ce chant d’adieux en faisant monter une spectatrice pour s’emparer de la basse, et offre une dernière ovation à la première partie Tim Vantol qui les rejoint avec le responsable du merch’. Une ultime chanson à l’image du show : conviviale et collective.

S’il ne jouit pas de la notoriété de ses cousins de Boston, Skinny Lister a confirmé ce soir qu’il fait partie de ces pépites dont la présence garantit une générosité sans faille et des tubes à la pelle. Une authentique expérience qu’on ne saurait que trop vous conseiller de vivre si la formation passe près de chez vous.

Skinny Lister Setlist La Boule Noire, Paris, France 2024

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