Lundi dernier, Skunk Anansie, groupe vétéran des 90’s, était aux commandes du Bataclan pour un concert d’exception. RockUrLife vous raconte.
En entrant dans la salle où les Anglais s’apprêtent à jouer, on s’attend à ce que le show nous réserve quelques surprises, tant la créativité du groupe de rock alternatif a pu s’exprimer de différentes façons par le passé. Et nombreuses ont été les occasions pour lui de montrer cette créativité depuis sa création en 1994 par sa chanteuse Deborah Anne Dyer aka Skin et son bassiste Richard “Cass” Lewis. C’est dire que le défi pour THE PEARL HARTS, la première partie, de nous arracher à notre impatience, est compliqué. Impatience qui, malheureusement pour les Londoniennes, redouble au fur et à mesure du set poussif et indigent qu’elles nous réservent. La déception est néanmoins de courte durée puisque très rapidement leurs compatriotes viennent prendre le relais.
L’entrée très scénique de la frontwoman Skin, au son vindicatif et enlevé de “Here I Stand”, annonce la couleur : la claque du soir sera autant sonore que visuelle, tant Skin semble se réapproprier la scène en parodiant l’esthétique tapageuse de rockstar. Mais au-delà des apparences, la talentueuse musicienne sait imposer son style, pour le bonheur d’un public aux anges de la voir se rappeler aussi généreusement à leurs souvenirs des 90’s. Car, de générosité, il en est bien question ce soir au Bataclan : chaque note, chaque regard lancé à l’assemblée respire la spontanéité, comme si les années avaient rendu SKUNK ANANSIE naturel. Impression de complicité renforcée sans doute par la loyauté des fans qui, pour beaucoup, suivent le quatuor depuis des années. Et dire que la formation leur offre en retour des sets endiablés est faible, puisque l’énergie déployée par les musiciens ce soir-là va au-delà de toutes nos espérances. Notamment pour la fosse qui peut voir Skin de très près, ou plutôt d’en bas puisqu’elle marchera littéralement sur elle pendant la très rock “God Loves Only You”.
Musicalement, le quartette arrive à nous immerger dans une ambiance où viennent se mêler complainte rock et violence punk. Cette rencontre inopinée de deux univers donne aux Anglais un son à l’accent mâle et fragile, combinaison magnifiée par la voix déchirante de Skin, notamment sur le dernier album “Anarchytecture” (2016). Le poignant “Death To The Lovers”, issu de ce dernier, illustre la grande versatilité de Skunk Anansie, qui n’hésite pas à s’éloigner de ses racines vindicatives et protestataires pour se tourner vers un son plus adouci, voire pop – incartade peu pardonnable aux yeux de certains, mais qui a le mérite d’exister. Dans tous les cas, la rétrospective dont nous gratifie la bande sur ses trois opus des années 90, dont les excellents “Paranoid & Sunburnt” (1995) et “Post Orgasmic Chill” (1999) nous aura donné envie de les (re)découvrir, tant les premières intuitions sont souvent les meilleures. Les morceaux de ces deux albums semblent même avoir mûri avec leurs interprètes et créateurs, donnant toute leur fougue aux jeux respectifs de Cass et Mark Richardson, guitariste et batteur du groupe, dont la créativité s’est particulièrement manifestée sur l’étonnant “Little Baby Swastikkka”.
Après deux heures de concert, les amplis s’éteignent et tous, fans de la première heure comme nouveaux venus dans l’univers de Skunk Anansie semblent déjà regretter la fin d’un concert exceptionnel. A revoir d’urgence et à écouter sans modération !
Setlist :
And Here I Stand
Intellectualise My Blackness
Because Of You
I Will Break You
Death To The Lovers
My Love Will Fall
Twisted (Everyday Hurts)
My Ugly Boy
Weak
Hedonism (Just Because You Feel Good)
Victim
Love Someone Else
I Believed In You
That Sinking Feeling
God Loves Only You
Without You
We Don’t Need Who You Think You Are
Yes It’s Fucking Political
Little Baby Swastikkka
—-
Spit You Out
Tracy’s Flaw
Charlie Big Potato