Paris. 7 mai. Trois dates. Pendant que certains s’empressent d’aller voir Frank Iero, d’autres ont préféré rester fidèles à Title Fight. Le reste, conscient de ce qu’il est sur le point de manquer, prend sur lui et décide tout de même d’aller au Glazart pour retrouver Being As An Ocean, Trash Talk, Deez Nuts et Stick To Your Guns, en espérant que son sacrifice en valait le coup. Bien joué.
Il est 18h45 lorsque BEING AS AN OCEAN entame -déjà- son set. Horaire des moins avantageuses oblige, le groupe sera contraint de se produire devant une salle presque vide; un mal pour un bien, installant un climat encore plus intimiste et permettant à Joel (chant) de délaisser la scène pour aller crier aux quatre coins du Glazart, faisant participer au mieux les fans et conviant de manière efficace les simples spectateurs. Le son n’est pas des meilleurs mais l’intention, l’énergie et surtout l’émotion caractéristique de la bande sont bel et bien là, garantissant un set court mais puissant.
Une vingtaine de minutes plus tard, le hardcore mélodique s’éclipse pour laisser place au déséquilibre mental dans toute sa splendeur : TRASH TALK. Menés par un Lee Spielman indéniablement en forme, les Californiens assureront avec passion et témérité un set de pas moins de vingt chansons (les titres de trente secondes, ça aide) qui auront le mérite de ravir un auditoire demeurant malgré tout timide, quelque peu déconcerté (voire même apeuré) par la frénésie sans limite du frontman, n’hésitant pas à bousculer certains innocents de la fosse, à se servir du câble de son micro pour en étrangler d’autres ou encore à se demander s’il serait raisonnable de faire joujou avec le ventilateur accroché au plafond, avant de se dire que les hélices qui tournent à tout va, c’est peut-être un peu dangereux. Dommage pour la prudence écrasante prise par le public, car Mr Spielman réclamait le bordel et assurait qu’il paierait même les frais médicaux engendrés par les blessures à venir. Qu’importe, Trash Talk n’aura pas déçu les adeptes et repartira avec une bonne poignée de fans en plus, largement méritée. Au fait, vous avez déjà poussé des dizaines de personnes dans les toilettes du Glazart pour que ces derniers se slamment les uns sur les autres ? Parce que Trash Talk, si. Et aussi fétichiste que ça puisse paraître, on en redemande.
Un entracte pour reprendre de ses émotions et la soirée s’enchaîne avec les très attendus DEEZ NUTS (port d’un nombre incalculable de T-shirts du groupe pour preuve). Si l’homogénéité de leur musique en version studio divise, elle a néanmoins le mérite d’enflammer une salle entière en live. “Stay True”, “Your Mother Should Have Swallowed You”, “Tonight We’re Gonna Party”, “I Hustle Everyday” etc, tout est prétexte à reprendre en chœur les paroles et se déchaîner dans la fosse, pourtant bien compacte. La fête se fait aussi bien dans la foule que sur scène : le quartette australien prend du plaisir à jouer et fait de son mieux pour maintenir l’ambiance à son zénith, pendant que les plus enjoués se laisseront aller à quelques stagedives. “Band Of Brothers” fera office de dernière chanson, scandée par les die hard fans du premier rang jusqu’au zouzou attendant sa bière au bar au fond de la salle. Du vu et du revu, pourtant toujours aussi efficace.
Si la soirée touche bientôt à sa fin, la dernière formation rentrant en lice figure comme l’ultime pièce à conviction quant à la diversité de l’affiche regroupant quatre groupes représentatifs des multiples facettes et usages de ce genre musical. STICK TO YOUR GUNS et son hardcore consciencieux prend alors place sur scène et démarre en force avec un “Nobody” agitant la foule en masse, ravie de retrouver une bande aux passages en France loin d’être très fréquents (quelqu’un a dit Emmure ?). Les classiques de la formation (“Amber”, “Bringing You Down”, “What Goes Around” etc) rassemblent autant que les nouveaux bébés (“What Choice Did You Give Us ?”, “Nothing You Can Do To Me” etc) et le frontman, comme à son habitude, profite des courts instants de pause entre deux chansons pour discourir sur des sujets d’actualité ou des thèmes universels, abordant notamment la question du développement personnel et de sa nécessité absolue. Seul bémol : si l’on parvient à l’entendre parler (pour peu que Josh en ait fini d’accorder les cordes de sa guitare), la voix de Jesse devient presque inaudible au chant, micro trop faible ou instruments trop forts pour cause. Malgré tout, la réceptivité de l’auditoire ne faillit pas et atteindra son paroxysme à “We Still Believe” ou même “Against Them All”, tâchant de conclure un set persuasif et saisissant passé bien trop rapidement.
Une très belle affiche sur papier, qui, sur le plan pratique, aura concrètement honoré la majeure partie des attentes. A quelques soucis techniques et retards près, la soirée se sera déroulée sans problème dans une bonne ambiance générale, favorisée par les bonnes performances de chacun des groupes (bonus accordé à Trash Talk pour son impétuosité). Il y aura bien une poignée de déçus, ce qui, en prenant compte de la sensibilité et des goûts de chacun, est compréhensible, mais l’impression post-concert générale restera néanmoins ancrée dans le positif. On réclame plus de dates comme celle-ci !