À la vue du public qui s’approche de La Villette, on pourrait penser que Le Mondial Du Tatouage est en avance cette année. Que nenni, la foule ignore La Grande Halle sous la pluie. Direction le Trabendo pour une soirée forte en émotions divisée en quatre temps. Les maîtres de cérémonie ? Stick To Your Guns revient cette année encore, avec du nouveau son dans la musette. En effet, Keep Planting Flowers n’allait pas se promouvoir uniquement avec l’actualité récente. Il faut se déplacer pour le prendre de plein fouet dans les esgourdes !
No nuque
Le bar pris d’assaut, la fosse se remplit relativement vite pour un début de soirée. Elle est remplie à plus de la moitié pour accueillir NO CURE. Les Américains sont là pour tout donner avec un metalcore des familles. Et c’est le déluge avec un nouveau morceau venu se faire les dents en live. “Forced Coagulation” du nouvel album I Hope I Die Here (2024) entame les festivités à base de headbang et de pogos endiablés.
La moitié du set est composée de nouveaux titres déjà entonnée par une fanbase plus que fervente. Quant au reste de la discographie, tout est bien représenté durant un court set ne laissant pourtant aucun répit. Le son est lourd, mais bien mixé. Un petit “No Cure Straight Edge Die Slow Fuck You” pour la route, et on sort prendre l’air avant le prochain groupe. Juste le temps de prendre un rendez-vous avec un ostéopathe sur Doctolib, et probablement repasser par la buvette.
Hit it, Elwood!
Après la puissance de feu américaine, c’est au tour du savoir faire allemand de rentrer dans la danse. Car si ELWOOD STRAY évolue dans un style plus proche du punk que du metal, il n’en est pas plus doux pour autant. La salle est désormais à trois quart pleine quand le quintette entre en scène. Au fur et à mesure des morceaux, les circle pit sont de plus en plus grands. Pour la beauté de la coïncidence, le titre “No Cure” est joué ce soir. L’enthousiasme que génère le groupe n’a d’égal que la timidité du public à faire des stage dive. Pour l’instant ! En tout cas, ce deuxième set procure une énergie si communicative qu’elle met la barre haute pour le reste du concert.
Invasion of the bodysnatcher
Et c’est reparti pour un tour avec le deathcore du quatuor de Floride BODYSNATCHER. Kyle Medina arpente la scène en secouant la tête dans tous les sens. La part belle est faite à l’EP Vile Conduct (2024) qui fait son baptême du feu. Ce troisième acte fonctionne à merveille malgré une audience un peu plus sage, sauf quand il s’agit de maltraiter les muscles du cou. Le ton est monté en intensité, mais une partie de l’auditoire se réserve pour la tête d’affiche. Le groupe se donne tout de même à fond pour honorer les plus braves donnant également de leur personne dans la fosse.
Stick it to the man!
Une fois n’est pas coutume, l’obscurité se fait tandis que “Take On Me” de a-ha passe dans les enceintes. Le hit norvégien fait ensuite place aux accords de “Against Them All”, titre qui a pour l’habitude de clôturer les concerts des Californiens. Ce sera donc sur un contrepied bien senti que démarre le set principal. STICK TO YOUR GUNS donne tout pour un public gonflé à bloc. Là, c’est stage dive et crowd surfing à gogo. La salle quasi pleine est survoltée, ne ratant pas une seule occasion de chanter à pleins poumons.
À l’instar de groupes comme les Dropkick Murphys, la relation qu’entretient la formation avec la France est au beau fixe. Un concert par an, une communication de plus en plus fluide, de quoi filer le parfait amour. Jesse Barnett connaît son assistance, et n’hésite pas à évoquer des sujets comme le sort de la Palestine, ainsi que celui des États-Unis durant le mandat de la Haine. Plus des deux tiers de Keep Planting Flowers sont interprétés, et force est de reconnaître que l’album gagne ses galons en live.
Gun control
Si on devait retenir un bémol de cette dernière prestation, ce serait quelque chose de récurrent. Le réglage micro de Jesse Barnett est parfois aux fraises comparé aux autres musiciens. Si cela pose moins problème sur certaines chansons scandées par la foule, c’est bien entendu plus compliqué sur d’autres. Mais là, on cherche un peu la petite bête.
Après un couvre-feu arrivé sans crier gare, le Trabendo se vide. La pluie a cessé pour le bonheur des personnes sortant en T-shirt. À l’année prochaine, et surtout la santé ? C’est tout le bien qu’on puisse souhaiter. En tout cas, merci pour une soirée sous le signe de la diversité.
