Huit ans. Cela faisait huit ans que Taking Back Sunday n’était pas repassé en France après un court concert au Bataclan en pctobre 2006 dans le cadre du festival Taste Of Chaos. Depuis, deux albums ont vu le jour, “New Again” (2009) et l’éponyme “Taking Back Sunday” (2011). Un troisième ne va pas tarder à faire son apparition via Hopeless Records. Et bien que la date n’aie pas du tout été annoncée sold out, le passage à Paris de TBS a suscité beaucoup de plaisir et de brouahaha, catégorisant même le groupe dans la nouvelle et étrange vague dite “emo revival” aux côtés de Saosin ou encore Saves The Day.
Arrivé à La Flèche d’Or, on se rappelle avoir vu plus de monde attendant devant la gare la veille au soir pour le passage de Chunk! et Merge. Mais qu’à cela ne tienne, ceci n’entache pas notre bonne humeur et notre impatience de voir ce fameux groupe. Pour ouvrir les hostilités ce soir, les français de STEREOTYPICAL WORKING CLASS, actifs depuis déjà quinze ans à travers la scène française. Invité par Live Nation, ce quatuor ne se fait pas timide face au public, qui ne se compose que de peu de fans. Il divertit donc avec son rock alternatif assez mélodique grâce à son excellent guitariste Christophe qui sait allier dextérité et aisance scénique. Comparé à d’autres premières parties réalisées par de jeunes formations, la maturité et la longévité de celle-ci confirme une prestance positive et une qualité musicale certaine. Toujours adolescent dans le fond et avec plus de quarante minutes de set, Martin (chant) finit par trouver habillement comment occuper toute la place et prendre du plaisir avec un chant, il faut le dire, assez juste et puissant. La peur de découvrir un mauvais groupe disparait grâce aux titres “Sans Repères” ou bien le dernier “Dead Man Walking”, plein d’entrain.
Par la suite, tout se précipite. La peur d’une salle complètement vide et d’un bide se dissipe avec l’arrivée par paquet de nombreux fans, les étoiles plein les yeux. Les techniciens installent sobrement tout le matériel afin de laisser place aux TAKING BACK SUNDAY, toujours aussi souriants après une journée marathon (set acoustique à l’Enorme TV, conférence de presse et interviews). Quelques acclamations s’envolent et l’intriguant show “emo revival” débute. “A Decade Under The Influence” résonne en ouvrant le bal et en remuant déjà des souvenirs. La voix d’Adam Lazzara a bien changé depuis l’album “Tell All Your Friends” (2002), bien plus mature et essoufflée qu’à ses débuts, mais quelques mimiques sont quand même présentes, autant dans son grain que dans son attitude à se secouer les cheveux dans tous les sens. Malgré tout, le charme opère et la cohésion est totale. “Timberwolves At New Jersey” déchaine l’audience et de timides circle pits se forment sans trop de gravitude, l’assemblée chantant chaque refrain en se laissant submerger par l’ambiance. Du nouveau fait vite son apparition avec le dernier single “Flicker, Fade” et plus tard “Beat Up Car”, pas encore disponible en version studio. En suivant la cadence, TBS finit même par s’amuser avec les fans en répondant aux nombreuses demandes “un peu de patience, nous la jouerons plus tard” tout en rigolant. N’étant pas venu depuis pas mal de temps, il a fallu combler ce vide en jouant des morceaux de différents albums. Ce sera l’occasion d’entendre “Error: Operator”, “One-Eighty By Summer” ou encore “You’re So Last Summer”, ramenant des années en arrière. Le concert se rythme de petites phases humoristiques dirigées par le chanteur d’humeur taquine, fixant un peu tout le monde d’une façon déterminée. La fin approche (vite) et le morceau le plus attendu par tous arrive enfin et poussent la fosse au bord de l’explosion de joie. “Cute Without The ‘E’ (Cut From The Team)” se retrouve être facilement l’apogée de la soirée. Chaque mot se voit correctement crié entre des headbangings intenses. Même si le groupe a perdu quelques bonnes attitudes, les musiciens n’étant plus si présents que cela mis à part le guitariste et choriste John Nolan dont la performance est à saluer, presque tout est rassemblé pour se resituer au début des années 2000. Heureusement que le court rappel “Call Me In The Morning”/”MakeDamnSure” est là pour nous faire gentiment redescendre de cette euphorie générale et nous remettre les pieds sur Terre.
Après un évènement pareil, comment ne pas être impatient de la sortie du prochain album “Happiness Is…” ? Taking Back Sunday reconfirme une nouvelle fois sa présence dans le marché de la musique en démontrant que, même si ses beaux jours sont derrière lui, il existe toujours un avenir relativement positif. Le groupe devrait être de retour en Europe et en France aux alentours du Groezrock auquel il est programmé. Cette soirée aura fait remonter quelques souvenirs adolescents à beaucoup de fans et donner l’envie de rentrer vite chez soi afin d’écouter d’anciens groupes de la même époque. L'”emo revival” est lancé et ce, depuis bien longtemps.
Setlist :
A Decade Under The Influence
Liar (It Takes One To Know One)
Faith (When I Let You Down)
Timberwolves At New Jersey
Flicker, Fade
Bonus Mosh Pt. II
What’s It Feel Like To Be A Ghost?
Number Five With A Bullet
Error: Operator
My Blue Heaven
You’re So Last Summer
Best Places To Be A Mom
One-Eighty By Summer
Beat Up Car
Cute Without The ‘E’ (Cut From The Team)
—-
Call Me In The Morning
MakeDamnSure