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TEN TONNES @ 1999 (30/09/19)

Près d’un an après son premier passage à Paris sous l’égide de son frère George Ezra, Ten Tonnes revient pour y donner son premier concert comme tête d’affiche dans le minuscule 1999.

21h approche, “Sweet Caroline” de Neil Diamond résonne dans la pénombre du 1999. Les premiers rangs de connaisseurs se rapprochent de la scène tandis qu’à l’arrière, les curieux lèvent le nez de leur bière. L’exiguë salle du XIe n’est pas pleine, mais la cinquantaine de personnes présentes la remplisse honorablement. Au fond de l’estrade, un énorme drapeau noir estampillé Ten Tonnes a été accroché, un peu à l’arrache.

En décalage avec cette atmosphère concert-intimiste-d’artiste-au-succès-encore-confidentiel, Ten Tonnes s’offre une entrée sur scène digne d’un grand. D’abord, ses trois musiciens, qui s’installent à leur poste – batterie, guitare, basse – pour teaser le premier morceau. Puis lui, Ethan Barnett, qui les rejoint au centre de la scène pour lancer “Lay It On Me”.

D’emblée, c’est ce professionnalisme qui saute aux yeux. La voix du chanteur est posée pile comme il faut; celles de ses trois acolytes l’enrichissent si nécessaire; chaque accord est joué impeccablement. C’est net, précis, en place. Seules les balances, plus foutraques, avec une batterie un poil assourdissante, rappellent que le concert a lieu dans un tout petit club.

“Born To Lose”, “Too Late”, “Cracks Between”, les morceaux issus du sobrement nommé “Ten Tonnes“, premier album sorti en mai, s’enchaînent comme une avalanche de tubes. La pop à guitare d’Ethan Barnett est pleine de mélodies accrocheuses. Des airs simples qui se plantent dans votre tête et s’y creusent une place pour ne plus la quitter. Mais pas à la manière d’un “It’s A Small World” de l’attraction Disney qui rend fou. Un peu comme une paire de chaussons ultra-confortables qu’on retrouve et qui nous va encore comme un gant, elles font l’effet de quelque chose de chaleureux, d’immédiatement familier.

Bien que l’ensemble des morceaux soit plutôt homogène, il se décline en plusieurs teintes. Sa pop s’énerve, sur “Silver Heat” en prenant des accents plus rock, puis se détend sur “G.I.V.E.”, tube indé en puissance. “Missing You”, unique ballade du set – et de sa discographie – troque l’optimisme lumineux des autres morceaux pour une douce nostalgie.

Plus à l’aise au chant qu’à la parlotte d’entre deux chansons – de son propre aveu- l’Anglais de vingt-deux ans se contente de remercier son public et de sobrement présenter le prochain titre. Légèrement à l’étroit, le groupe bouge peu et communique encore moins en son sein. Mais comme le rappelle Ethan Barnett, il ne s’agit que du premier concert en tête d’affiche de la troupe à Paris, et du deuxième concert de cette tournée. De quoi être un peu tendu. Et l’important est là : ça joue bien, et les morceaux parlent d’eux-mêmes.

Retour en territoire rock avec “Nights In, Nights Out”, “Look What You Started” et “Counting Down”, toutes trois redoutablement efficaces. L’auditoire, semblant conquis mais jusque là peu démonstratif, commence à se détendre. Difficile de résister à cette force tranquille qui, l’air de rien, envoie riffs accrocheurs, choeurs contagieux et voix puissante. Le tout sans tomber dans la facilité. Le quatuor projette ses derniers rayons de soleil dans la brume automnale sous la forme des deux singles “Better Than Me”, puis “Lucy”. À renforts de chœurs offerts par les premiers rangs, les deux morceaux finissent de débrider, et le groupe, et l’assemblée.

Mais, alors qu’on aurait encore bien profité un peu de cette chaleur et de cette illusion d’été avant de ressortir dans le froid Paris, le groupe s’éclipse après un dernier merci. Certes, l’intégralité des morceaux du premier album a été jouée. Mais moins d’une heure de concert reste un peu léger. Dommage. On a tout de même très envie de qualifier Ten Tonnes de probable prochain poids lourd de la pop indé anglaise, mais ça serait trop facile.

Ten Tonnes Setlist 1999, Paris, France 2019