Quelques semaines après un passage remarqué au Trabendo en première partie de Foxygen, le quatuor rock The Big Moon traverse une nouvelle fois les frontières de la France pour une date en headline, dans la salle intimiste du Pop Up du Label. Par chance, début avril est sorti le premier long-format “Love In The 4th Dimension”, reprenant quelques titres du premier EP “The Road”, faisant l’unanimité dans la plupart des médias mondiaux. Des nouveautés indie rock qui n’annoncent que du bon pour cette belle soirée de mai synonyme de girl power.
21h, alors que la demi-finale retour de la Ligue Europa opposant l’OL à l’Ajax démarre à peine, l’ambiance est tout autre au sein du 14 Rue Abel, qui accueille au même moment le premier groupe du plateau. Quatuor originaire de Wirral et signé chez Skeleton Key Records, SHE DREW THE GUN s’introduit officiellement au public avec un texte récité par la frontwoman Louisa Roach, au ton parfaitement maîtrisé. Une attitude nette, professionnelle et intrigante que l’on retrouve également dans le jeu de la formation : avec un indie rock parfois minimaliste, très lyrique et porté par les voix de la chanteuse et la guitariste/clavieriste Jenni Kickhefer, She Drew The Gun produit un set dans le thème et atypique, ne laissant pas la place au silence, tel une pièce de théâtre. Il faut dire que les morceaux de l’album “Memories Of Another Future”, notamment “Since You Were Not Mine” et “Pit Pony”, rencontrent un franc succès en live, malgré la fosse clairsemé de ce soir, loin d’être le plus expressif. Pour une première française, c’est réussi.
Cinquante minutes à peine après le début de la soirée, les rockeuses féminines de THE BIG MOON font leur apparition dans l’enceinte du Pop Up. Acclamées bien avant leur arrivée définitive sur scène, Juliette Jackson, Soph Nathann, Celia Archer et Fern Ford s’empressent de récupérer leur instrument et la frontwoman, à la prestance évidente, remercie chaleureusement les personnes présentes tout d’abord avec des mots, puis avec de la musique avec “Silent Movie Susie”, huitième piste du plutôt positif “Love In The 4th Dimension“. L’assemblée se rapproche d’une traite vers la petite scène du Pop Up, dans ce lieu où là chaleur monte d’un cran en un clin d’oeil. L’air n’est pas la seule chose à être chaud ce soir, s’en amusent (non sans ironie) les musiciennes, et elles sont loin d’avoir tord : leur univers est lui-aussi très chaud, rugissant, à la limite entre le punk et l’indie rock accessible. Les riffs de guitare s’expriment et grondent sans contrainte et le quatuor transmet une énergie absorbante, notamment lors de “The Road”, “Zeds” ou encore “Cupid”, durant laquelle les premiers rangs changent de tête à la demande du groupe, laissant plus de place aux petites personnes. Malin !
Si l’attitude punk mesurée fait son effet durant la majeure partie du set, à coups de guitares sur le plafond, de coups de poing dans l’instrument dans le but de créer un bruit de fond colérique, les nuances, elles, ne sont pas de sortie, telles que présentes dans la version studio du disque : l’expérience globale est trop linéaire de la part de The Big Moon, dont le son produit tel quel ne permet pas aux refrains de ressortir du lot, ni d’apercevoir quelques climax. Un léger bémol technique qui, si résolu, aurait simplement ôté à cette performance cette homogénéité parfois simpliste. Au delà de cela, le quatuor, au catalogue encore limité, réserve malgré tout quelques surprises de taille : de la cover de Madonna (“Beautiful Stranger”) à la réalisation du titre “Bonfire” dans la fosse (introduit par un très drôle “That’s the one”) en passant par des interludes parlés et spontanés, l’univers scénique du girl band séduit plus qu’il n’impressionne, particulièrement lors des quelques envolées lyriques frissonnantes de la piste de clôture “Sucker”. Une heure d’une performance suffisante et rythmée, juste ce qu’il faut pour découvrir pleinement l’ampleur de The Big Moon sans avoir le temps de faire plusieurs fois le tour.
Le girl power était de rigueur ce jeudi soir au Pop Up du Label. She Drew The Gun et The Big Moon ont, toutes les deux, une nouvelle fois prouvé que les formations féminines ont largement leur place dans l’univers du rock, encore trop masculin de nos jours. Mesdames, branchez vos guitares, volume à dix : nous n’attendons plus que vous !
Setlist :
Silent Movie Susie
Nothing Without You
Happy New Year
The Road
Cupid
Love In The 4th Dimension
Beautiful Stranger
Zeds
The End
Pull The Other One
Something Beautiful
Formidable
Bonfire
Sucker