Fraîchement armée d’un nouvel album “Ocean By Ocean”, successeur du très acclamé “Promises” (2013), la formation anglaise The Boxer Rebellion était de retour à Paris pour son premier concert français en trois ans. La dernière fois, c’était à La Flèche d’Or qui a eu l’honneur de contenir l’indie rock du groupe, plaisir qui est aujourd’hui offert à la salle du 200 Quai de Valmy, en clôture d’une belle journée de mai où soleil et chaleur sont de sortie.
En retard sur le planning, ce n’est qu’à 20h30 que JOSEPH LOFTHOUSE finit par apparaître sur scène. Avec en guise d’introduction un timide “Bonjour, ça va ?” dans un français approximatif, c’est d’une simplicité exemplaire que débute le set acoustique de l’Anglais, seul face au public. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la présentation du musicien ne va pas de pair avec sa performance. Car même si Joseph n’est pas le personnage le plus expressif qui existe sur Terre, sa musique, elle, dégage un élan de bonté et de sincérité, à lier avec un technicité impressionnante et une oreille de connaisseur. Arpèges complexes de rigueur, il est fortement difficile de ne pas être ébahi face aux interprétations sans fausse note de “Kerosene” ou “Icarus”, sans prendre en compte un petit souci technique involontaire. Au final, Joseph Lofthouse nous aura prouvé, encore une fois sans prétention, qu’il est possible de faire voyager les gens avec une simple guitare et les pieds sur terre.
Dans la même veine que la première partie, c’est loin des projecteurs et de l’ego trip de certains groupes actuels que THE BOXER REBELLION s’installe sur l’estrade. Quatuor britannique visiblement connu et soutenu par ses fans français, la formation n’est donc ici pas en terre inconnue mais bien en territoire conquis, ce qui favorise sans nul doute possible une ambiance détendue de part et d’autre de la salle. Dans un premier temps cachés par d’imposantes lights, les musiciens s’adonnent d’entrée de jeu à présenter leur nouvel album “Ocean By Ocean” avec un “Keep Me Close” mettant en avant le talent et l’ambition du combo indie rock. Bénéficiant d’un élan, celui-ci continuera sa route au rythme de “The Runner”, sans que cette précipitation ne choque personne. Car en réalité, The Boxer Rebellion n’est pas le genre de groupe à faire les choses à moitié. Quitte à faire les choses bien, ce dernier souhaite favoriser une qualité sonore certaine et une performance au poil niveau mélodie au détriment de discussions – souvent à sens unique – que d’autres combo préfèrent valoriser. Ainsi, il n’est donc pas étonnant de voir Nathan Nicholson (chant/guitare/clavier) et Andrew Smith (guitare/clavier) changer d’instrument à quasiment chaque titre sans dire un mot, pour une harmonie musicale intéressante et largement soignée.
Même si la formation est aujourd’hui à Paris pour défendre physiquement son cinquième disque studio, celle-ci n’oublie en aucun cas de faire plaisir aux “anciens” avec des chansons plus traditionnelles (“Semi-Automatic”, “Evacuate”, “Caught By The Light”) dans un mélange qui se veut équitable, quitte à confondre les époques et les ambiances. Mais ce que fait le mieux The Boxer Rebellion – et ce même si certaines de ses mélodies fricotent avec les facilités de la pop -, c’est s’exprimer à travers un rock réfléchi, aux guitares planantes, au chant songeur – voire sentimental – et au duo basse/batteur directeur. Une recette qu’il est notamment possible de discerner sur le reconnu “Always” mais aussi sur le nouveau venu “Big Ideas”, preuve que les musiciens ne perdent pas de vue leur ligne de conduite irréprochable. Et afin de prouver que le succès n’est pas toujours synonyme de grosse tête, c’est dans la fosse que le chanteur viendra chanter “No Harm”, pour le plus grand plaisir des premiers rangs et des smartphones. Finalement, après avoir affirmer que la “dernière” chanson n’était pas une reprise d’une “célèbre chanson de Disney “, la répétitive “Let It Go” ouvre la voie pour le duo final “Promises” / “The Gospel Of Goro Adachi”, applaudi et chanté de tous les côtés.
Sans tomber dans les pièges du business, The Boxer Rebellion ne fait que s’envoler depuis des années avec des disques de plus en plus félicités. Mais parallèlement, en live, le quatuor anglais n’en n’oublie pas ses principes et délivre des concerts dignes de ce nom, aux fausses notes assumées et à la délicatesse désirée. Et même si la communication trop limitée reste à revoir, on ne peut reprocher au groupe son professionnalisme et sa volonté de toujours vouloir faire plus. Plus pour la musique.