Se couronnant de succès avec une salle comble pour la deuxième fois après un passage remarqué au Trabendo en octobre 2015, The Fratellis décide de passer une seconde couche pour promouvoir son dernier opus dans cette même salle.
Date unique sur le sol français durant la tournée “In Your Own Sweet Time” qui affiche complet sur beaucoup de territoires avant d’enchaîner avec une tournée mondiale avec Madness, ce n’est pas les températures presque hivernales qui vont décourager le public pour cette soirée qui s’annonce festive. La foule arrive en avance pour soutenir MONA, le groupe de première partie qui présente également son petit dernier. Bar pris d’assaut comme à l’accoutumée, espace fumeur à l’extérieur vite rempli par les plus intrépides, la petite fosse ne met pas longtemps pour être pleine à craquer tandis que les plus tardifs s’installent confortablement pour avoir une visibilité sur les deux formations.
Mona démarre les hostilités sous de sincères applaudissements avec “Lean Into The Fall”, exemple probant que la pop britannique peut encore avoir de beaux jours devant elle. Sous le signe des mélodies et des envolées lyriques, l’évolution d’un genre qui donnait encore à sourire par son galvaudage au début des années 2000 est entre de bonnes mains quand on entend ces derniers nous présenter un extrait du second opus “Soldier On”. La sécurité reste de mise en jouant principalement les titres du premier effort studio, une prise de température dans l’ensemble plus que convenable.
Après une courte pause le temps des derniers réglages, le quatuor écossais THE FRATELLIS investit la scène en fanfare. Salut de public, et c’est parti pour un concert qui constitue un retour à l’adolescence pour la plupart d’entre nous. Les cuivres enregistrés constituent l’arrivée en fanfare des faux frères qui entament sans fioritures “Stand Up Tragedy”, le premier morceau de ce nouvel album. Ce dernier a le droit à une belle représentation ce soir, et le plus important, à un accueil chaleureux. Force est de constater que les nouveaux morceaux trouvent une dynamique et une dimension émouvante en live, comme l’interprétation de “Sugar Town” le prouve. Les refrains sont repris timidement par les auditeurs les plus assidus dans l’assistance, peut-être gardent-ils des forces pour ce qui amène une majorité d’entre nous ici.
Dans les exceptions des premiers albums réussis, “Costello Music” (2006) fait mouche et parvient toujours à déchaîner les passions. Le groupe est passé maître pour organiser une setlist avec un rythme variant entre énergie grisante et ballades apaisantes. Les chansons nous enivrent avec des variations qui sont l’essence même d’un bon concert, le fait de ne pas avoir une copie conforme sous les yeux pour apporter encore plus d’émotions en personne. Le point d’orgue sentimental étant “Ole Black ‘n’ Blue Eyes”, lorsque John Lawler chante avec cette pointe de mélancolie qui n’est pas aussi distincte sur ses autres compositions. Dans les yeux de ceux qui sont venus l’écouter, une émotion toute particulière apparaît. La chanson n’a rien à envier aux succès des frères Gallagher, l’authenticité fait le reste.
De “Henrietta” à “Flathead”, les tubes pleuvent. Seul légère déception, l’album “We Need Medicine” (2013), qui est pourtant d’excellente facture, est représenté uniquement par sa piste éponyme. Après un furieux “Baby Fratelli”, un premier tour pour revenir en rappel alors que la foule scande “Chelsea Dagger”. John revient sur scène, pour exprimer sa joie d’être ici parmi nous. Il tient avant tout à nous jouer quelque chose de plus tranquille, en plaisantant à moitié sur le fait que la formation a pris des années, et ne possède plus cette fougue des débuts. Des paroles sages avant d’envoyer l’hymne des stades que tout le monde attend comme un “Seven Nation Army” à la sauce écossaise.
Une recette inépuisable pour un groupe qu’on espère revoir de si tôt, l’heure n’est pas à la critique car nul besoin de chercher la petite bête dans la prestation des Fratellis. Tout en étant à l’image des antagonistes des Goonies, un bon esprit non dénué d’imperfections, mais qui vole tout de même la vedette. Chapeau bas messieurs !
Setlist :
Stand Up Tragedy
Baby Don’t You Lie To Me!
Starcrossed Losers
Impostors (Little By Little)
Henrietta
Whistle For The Choir
Sugartown
Flathead
I Am That
Everybody Knows You Cried Last Night
I’ve Been Blind
Creepin Up The Backstairs
Babydoll
Ole Black ‘n’ Blue Eyes
We Need Medicine
Dogtown
Baby Fratelli
Laughing Gas
A Heady Tale
Chelsea Dagger
Runaround Sue