Annoncé à peine quelques jours avant, les Hives donnaient un concert promo à la Gaîté Lyrique à l’occasion de la sortie de “Lex Hives” leur nouvel opus à paraitre le 4 juin prochain. Quelques places étaient disponibles à la vente et les billets sont partis en une heure, ce qu’on pourrait traduire par un engouement certain mais pas non plus l’hystérie. Or ils avaient raison ceux qui avaient un ticket, parce qu’un show des Hives c’est une occasion à ne pas louper.
La file qui s’est accumulée rue Papin pénètre dans l’ancien théâtre XIXe siècle dédié désormais aux arts numériques et à la musique. Un petit stand de T-shirts colorés trône près de l’entrée de la boite argentée appelée “Grande Salle”, et à l’intérieur plusieurs caméras sont déjà prêtes car le show de ce soir sera retransmis en streaming sur plusieurs sites. Sur le fond de la scène, une immense photo en noire et blanc d’un visage aussi menaçant qu’expressionniste dans une position typique de Bela Lugosi. De ses dix doigts partent d’épais fils comme s’il lançait un sort à la scène. Deux étranges roadies s’affairent : ils sont entièrement habillés de noir et masqués comme des ninjas. Comme les White Stripes (ou Jack White en solo), aucun détail visuel n’est laissé au hasard; on évite les techniciens en dreadlocks et bermuda, là ils seront costumés.
Pas de première partie; à 21h les cinq suédois coiffés de hauts de formes, en complets vestons et queues de pie débarquent un à un sous les acclamations du public. D’abord c’est Chris Dangerous (batterie) qui s’installe, fait tourner une baquette entre ses doigts et lance un rythme du haut de son kit. Il tape, pendant que les autres se mettent tranquillement à leur place, jusqu’à ce que Nicholaus Arson (guitare/claviers) fasse sonner par dessus une note de sa Telecaster avant d’enchainer : “ONE ! TWO ! ONE ! TWO ! ONE TWO THREE !” : là-dessus apparaît son frère Howlin’ Pelle Almqvist (chant) qui se met au micro et lui répond “COME ON COME ON”. L’action a duré seulement trois secondes, mais c’est parfaitement orchestré. Et c’est parti pour une heure de pur rock n’roll qui démarre donc avec “Come On!” enchainé avec “Try It Again” comme c’est le cas sur toutes les dates cette année. Les hauts de formes n’ont pas fait long feu sur les têtes alors qu’ls secouent énergiquement leurs mèches. Il ont l’air de fantômes sous les lumières blanches et crues; la même esthétique que sur la pochette “expressionnisme allemand” de “Lex Hives” qui circule déjà un peu partout. Le groupe envoie un punk rock particulièrement énergique, bien plus brut de décoffrage que la plupart des groupes de punk rock patentés, mais ils le font toujours soignés et sapés. Loin de brouiller le message, la musique est enrobée d’une patine esthétique qui sert les morceaux. Le show est vif mais maitrisé. Howlin’ Pelle Almqvist harangue son public, annonce les nouveaux morceaux, saute ou arpente la scène d’attitudes souples et outrées comme le ferait Mick Jagger. Mais Nicholaus Arson à droite n’est pas en reste question spectacle. Il prend des pauses faussement décontractées accoudé à ses amplis, souffle sur ses doigts avant d’envoyer un accord bien senti, ou écarquille ses grands yeux bleus en fixant le premier rang. Avec cette touche d’humour qui lui est propre, les Hives enchainent les hymnes punchy à un train d’enfer. Ils sortent de scène après “Patrolling Days” extrait de l’album à paraître non sans avoir encore une fois complimenté le public sur…sa beauté.
Après une courte attente, les revoilà pour “Go Right Ahead” le nouveau single qu’on peut déjà entendre en radio. Et ils ne laissent surtout pas retomber l’énergie : ce sera “Tick Tick Boom” pour finir. Le public fait vibrer le plancher et il est effectivement difficile de résister aux déhanchements ! Durant ce titre, ils réalisent la performance de rester tous parfaitement immobiles pendant près d’une minute montre en main ! Puis Pelle réclame qu’on lui ouvre un passage au milieu du public, entre la “rive gauche” et la “rive droite” (en français !). Et il traverse ainsi la salle sous les claps et les encouragements jusqu’à ce qu’il lance : “Now you come crying to me, but it’s too late!” et c’est dare-dare le retour au morceau ! C’est déjà la fin, ils remercient, saluent ensemble; Nicholaus fera encore un peu le clown avant de sortir, se collant un médiator sur la langue en imitant un chien avant de le souffler sur les premiers rangs.
Quatorze morceaux dont cinq extraits du nouveau disque qui s’insèrent sans problème dans la continuité de la setlist (“Come On!”, “Take Back The Toys”, “My Time Is Coming”, “Patroling Days”, et “Go Right Ahead”) le tout contenu dans un peu plus d’une heure de show. Certes un peu court mais qu’est ce que c’était bon ! Et de toute façon, ils reviennent le 29 novembre au Zenith de Paris, sûr que nous y serons.
Setlist :
Come On!
Try It Again
Take Back The Toys
You Got It All Wrong
Walk Idiot Walk
Main Offender
My Time Is Coming
No Pun Intended
Wait A Minute
Won’t Be Long
Hate To Say I Told You So
Patrolling Days
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Go Right Ahead
Tick Tick Boom