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THE HIVES @ Olympia (26/09/23)

Au moment de lister les valeurs sûres de la performance live, le nom de The Hives vient très vite en tête pour quiconque a assisté à un festival français au cours de la dernière décennie. À l’occasion de la livraison du dernier album, The Death Of Randy Fitzsimmons, les Suédois reviennent à l’Olympia après leur show de 2021. Pour un nouveau triomphe ?

Bratakus

Alors que la lumière inonde encore la salle et que les discussions continuent, deux jeunes femmes s’affairent pour les derniers réglages. Lorsqu’elles enfilent leurs instruments, la salle réalise que ce ne sont pas des roadies, mais bien les membres de BRATAKUS. “Nous venons d’Écosse“, présente avec douceur la chanteuse… avant de démarrer un chant rugueux dans la pure tradition d’un punk proche du shoegaze !

Breagha Cuinn n’hésite pas à dénoncer, prenant la parole entre chaque chanson pour en présenter le thème, souvent ironique (mention spéciale à “Real Men Eat Red Meat”). Elle forme avec sa sœur Onnagh un duo guitare/basse atypique. Cette dernière assume les chœurs avec une voix juvénile, renforçant le contraste d’une prestation qui n’en manque pas. Malgré toute leur bonne volonté, l’absence d’une vraie batterie se fait ressentir tout au long de la prestation. Ce manque de punch s’accompagne de compositions trop homogènes et basiques. Tant et si bien que lorsque vient l’heure d’annoncer la dernière chanson, les plus taquins se diront qu’il n’y en avait qu’une depuis le début. Néanmoins, la générosité et l’extrême jeunesse du duo poussent le public à être indulgent et à applaudir poliment à défaut de bouger. Une chose est sûre, chacun a pu garder ses forces pour ce qui arrive.

The Hives

Sans surprise, la salle affiche complet pour le grand retour de THE HIVES. Cette fois, ce sont des ninjas cagoulés qui préparent la scène, devant un backdrop symbolisant la nouvelle ère. Le marionnettiste des années 2010 a en effet laissé place à des vagues blanches sur fond noir, affichant une ressemblance troublante avec la pochette du mythique AM d’Arctic Monkeys. Il est 21h lorsque les lumières s’éteignent, laissant place à d’inquiétantes notes de piano. Alors que tout le monde anticipe le traditionnel “Come On!”, les habitués sont surpris de reconnaître les premières notes du récent “Bogus Operandi”. En revanche, les musiciens confirment que si “les modes passent, le style reste“, arrivant sur scène avec leurs inamovibles costumes. Rassemblés autour de leur batteur, Chris Dangerous, ce dernier chauffe l’assemblée en arborant le sourire de celui ayant connaissance de la tornade à venir. Ce qu’il avait peut-être moins anticipé, c’est qu’une grosse partie de la salle se met aussitôt en mouvement. L’auditoire s’est déjà approprié ce nouveau single, martelant les “like I said, like I said” comme s’il s’agissait d’un classique. Et autant dire que ce n’est qu’un début, tant l’ambiance monte crescendo.

Des années après leur sortie, personne n’a oublié “Main Offender” ou “Walk Idiot Walk”. Les baguettes volent, le bassiste prend la pose et le guitariste révulse ses yeux : ouf, nous restons en terrain connu ! Et que dire du showman Pelle Almqvist ? Micro virevoltant tel un lasso, “Madame, Monsieur” pour chauffer l’audience, tout y passe. Le leader de quarante-cinq ans n’a pas perdu un gramme de charisme ni d’humour. “Vous écoutez bien le dernier album ? Tous les jours et toutes les heures ?“. Il se fait également émouvant au moment de rappeler que le dernier concert à l’Olympia post-pandémie l’avait fait se sentir vivant à nouveau. “Je fuckin’ t’aime Paris“, résume-t-il. C’est peu dire que c’est réciproque.

Le public répond en effet présent de bout en bout, multipliant les sauts, pogos et autres circle pits dans la bonne humeur. Un moment mémorable sera notamment le pont de “Hate To Say I Told You So”, où le chant de Pelle sera uniquement accompagné par une salle scandant le riff à l’unisson. Magnifique !

Veni Vidi Vici

Non content d’imprimer un rythme extrêmement soutenu, le groupe a concocté des enchaînements faisant des ravages. À peine le temps de savourer le parfait “Hate To Say I Told You So” que l’épileptique “Trapdoor Solution” prend déjà le relai. Les spectateurs fêtent comme il se doit le retour dans la setlist de la bombe “Two Timing Touch And Broken Bones” ? Il se prend en pleine face le récent “Countdown To Shutdown”, bien parti pour endosser, lui aussi, le statut de valeur sûre.

Pourtant, The Hives ne se contente pas de jouer ses classiques en pilote automatique. Les livraisons récentes permettent en effet d’apporter une belle variété (“Rigor Mortis Radio”, “Smoke And Mirrors”), ainsi qu’une dose de noirceur théâtrale (“Stick Up”, “I’m Alive”). Ces titres renouvellent réellement le show, qui intègre même le morceau bonus “Good Samaritan”, dévoilé il y a quatre ans mais finalement écartée de l’album.

Le concert passe à toute vitesse, au point que le quintette quitte la scène après une heure de prestation, pour un rappel salvateur pour les organismes. Et comment mieux repartir qu’avec le cultissime “Come On!”, repris par toute la salle avant même le retour du chanteur. “Vous acceptez que je sois votre roi ? Vous n’allez pas me couper la tête ?”, plaisante-t-il, avant de déclencher un Tsunami humain lors d’un “Tick Tick Boom” d’anthologie.

1h10, cela paraîtrait court pour n’importe quelle prestation. Pas celle de ce soir. La débauche d’énergie et de générosité était telle que tout le monde repart avec des courbatures, un grand sourire (et la certitude que travailler son cardio après l’été n’est peut-être pas une mauvaise idée). Comme souvent, la meilleure conclusion appartient à Pelle Almqvist : “The Hives loves Paris and Paris loves The Hives“.

The Hives Setlist L'Olympia Bruno Coquatrix, Paris, France 2023, The Death of Randy Fitzsimmons