S’il y a un endroit où il fallait être mercredi soir dernier, c’est bien au Trabendo. La (pas si petite) salle, voisine du Zénith, accueillait le groupe de Southen-on-Sea The Horrors, venu nous faire danser sur leur illustre dernier album, “V”, sorti en septembre de cette année.
Après avoir slalomé entre les fêtards de mi-semaine, appréciant bière à la main l’extrême fraîcheur de ce début novembre sur la terrasse du bar du Trabendo (et ce n’est pas peu dire), c’est dans une salle plutôt dépourvue de population qu’il faut avancer. La noirceur de la soirée se présume par un manque d’éclairage certainement choisi, qui laisse se répandre une atmosphère d’une exquise lourdeur.
Entrent en scène les Argentins Carmen Burguess et Tomás Nochteff, autrement connus sous le nom MUERAN HUMANOS. Le duo, qui a sorti son deuxième essai “Miseress” en 2015, se lance dans un électronique lourd, tranchant et un peu glauque. Si les sonorités très urbaines des compositions post-punk/indus et les lyrics exclusivement en espagnol ne semblent pas réellement être ce pour quoi le public s’est pointé, il faut avouer que l’ensemble est plutôt planant, bien que parfois un peu trop obstiné et monotone. L’opposition entre l’éclairage très intimiste de la scène et le noir complet de la salle, crée une sorte de halo lumineux très flatteur au dessus de Carmen, de son synthé et de son acolyte à la basse.
C’est peu avant 21h que les cinq all-black-everything de THE HORRORS prennent place sur scène. Entrée immédiate dans le vif du sujet, c’est après un bref salut à l’assemblée que le rythme du très cinglant “Hologram” retentit. Le titre, choisi pour introduire le show comme il le fait avec l’album, est une réelle promesse sur ce qui va suivre : puissance, énergie et sons bien lourds qui mettent en joie une foule plus que prête à se bouger. Le pop rock indus tranchant à la Depeche Mode des 80’s de “Machine” ne tarde pas à emboîter le pas, consécration. Le maigrelet Faris Badwan, en constante mouvance, semble prendre son pied avec son micro, et laisse même tomber le perfecto pour dévoiler un T-shirt pailleté des plus scintillants. Si le dernier opus est une vraie réussite, les British ne se privent pas pour autant d’un exubérant “Who Can Say”, d’un “Mirror’s Image” bien monté ou d’un particulièrement explosif “See Within A Sea”, les trois sortis du disque à succès “Primary Colors” (2009). Retour à “V” plus calme avec la (l’a)pesanteur de “Weighted Down” et le très aérien “Press Enter To Exit” : pas peu fier, The Horrors interprète les meilleurs pépites du derniers effort, le compte y est !
C’est après “Still Life” (“Skying”, 2011) que les Anglais détalent des planches, pour mieux revenir un court instant après sous les applaudissements univoques de leurs spectateurs pour un verdoyant “Ghost”. “Something To Remember Me By” vient clore le chapitre Trabendo pour les Horrors qui semblent rassembler tout ce qui leur reste d’énergie (Badwan et Hayward, à la guitare, sont vraiment des piles électriques) dans ces dernières minutes.
Malgré un set plutôt court d’une heure, le grand retour des English fut un réel succès. Si leur superbe avait été quelque peu abîmée par le moyen “Luminous” (2014), “V” redore le blason de nos Horreurs avec une tournée qui sera sans aucun doute Something To Remember Them By, bye.
Setlist :
Hologram
Machine
Who Can Say
In Out Of Sight
Mirror’s Image
Sea Within A Sea
Weighed Down
Press Enter To Exit
Endless Blue
Still Life
—-
Ghost
Something To Remember Me By